
Une histoire d’ours
Traduit de l’américain par Jacques Mailhos
Publication en juin 2025
471 pages
24,90 Euros
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Thème
Aux confins de l’Alaska, dans une nature éblouissante, Birdie élève seule Emaleen, sa petite fille de 6 ans. Birdie, serveuse au Wolverine Lodge, le petit bar routier de sa tante, traîne son ennui, accumule les aventures sans lendemain et touche à la drogue.
Lorsque Emaleen se perd dans les bois, elle est ramenée par Arthur, homme des forêts et des montagnes… Birdie, à la recherche d’un renouveau, en tombe amoureuse et décide de tout quitter afin de le rejoindre dans sa cabane isolée malgré les avertissements de ceux qui l’entourent.
Liberté grisante, nature idyllique. Mais Arthur disparaît souvent, devient inquiétant. Quel est son secret ?
Points forts
- La nature omniprésente et fantastique ; avec l’auteure, nous écoutons le chant des oiseaux, le bruit des feuilles, nous sentons dans l’air glacé l’odeur des pins sauvages, des épicéas, des jacinthes, nous ressentons les eaux froides de la North Folk, nous appréhendons la venue des grizzlis….
- Les personnages fascinants :
- Birdie, devenue mère encore une enfant ou presque, mère fantasque mais pleine d’amour. Eprise de liberté, elle quitte tout dans un grand saut dans l’inconnu
- Emaleen tient une place très importante. Avec Arthur, elle apprend à sentir la nature, à l’apprivoiser. S’extasiant pour tout, elle s’accommode du moindre changement avec l’installation dans cette cabane isolée. Mais ce sera elle qui sentira que quelque chose ne tourne pas rond.
- Arthur, personnage irréel, puissant et inquiétant. Véritable homme des bois, taiseux, mystérieux, il porte un secret qui nous tient en haleine. A propos d’Arthur, il faut citer 2 personnages secondaires mais qui sont importants : ses parents, Warren et Carol, qui aimaient rencontrer des ours et qui avaient ramené chez eux un “enfant” ours. Ils sont en quelque sorte la clé de l’histoire de leur fils !
Quelques réserves
Je n’en ai pas. Si ce n’est que l’histoire -tel un conte- peut paraître invraisemblable ! Mais la beauté de la nature le fait oublier.
Encore un mot...
Dans cette nature omniprésente, et la rencontre de deux solitudes, Birdie et Arthur, nous sommes dans un huis-clos angoissant.
Entre conte et récit d’aventures, j’ai vibré dans ces parties de chasse au milieu des grizzlis, dans ces pêches à la truite dans les torrents frais. J’ai vibré avec ces personnages. Quelle mère déciderait d’aller ainsi vivre dans une cabane isolée entraînant sa fille loin de la civilisation ? Qui est cet homme mystérieux, qui ne parle qu’au présent, qui disparaît sans cesse ? Et puis il y a Emaleen, petite fille merveilleuse, courageuse et sensible avec ses réparties drôles. A la fin, quelques années après le drame, Emaleen revient sur les lieux de cette enfance particulière : c’est poignant.
Un roman magistral, sensuel qui m’a poursuivie (j’aurais aimé des explications sur la fin !!). Un grand livre de cette maison d'édition dans la lignée des romans de Tiffany Mcdaniel.
Une phrase
- « De son débit hésitant, presque guindé, il lui parla de quand les myrtilles et les baies de shépherdie mûrissent dans la vallée lointaine, et du goût de la neige fondue qui dévale entre les rochers. Il lui dit que quand le vent souffle dans la bonne direction, il peut sentir l’air salé en provenance du bras de mer qui s’enfonce à des centaines de kilomètres de là, et peut même sentir quand les saumons se rapprochent. Il parlait comme si, en ce moment précis, elle et lui étaient ensemble sur cette crête, et que le monde s’ouvrait devant eux. Les marmottes qui prennent le soleil sur les affleurements rocheux, les écureuils arctiques qui pépient du fond de leurs terriers, des petits groupes de caribous trottant sur l’horizon – sa voix était grave et rauque. » p.63
- « C’était bien la cabane d’Arthur. Évidemment qu’il ne cuisinait pas, ne faisait pas le ménage, ne lavait pas ses draps, n’époussetait pas ses meubles. Il vivait à l’os. Elle pouvait le faire aussi. Elle se demanda ce que ça voulait dire. Comment survivraient-ils ? En se nourrissant de baies, de champignons et de poissons de la rivière ? Ce n’était pas si inimaginable. » p.161
L'auteur
Eowyn Ivey est née en 1973 et a grandi en Alaska où elle vit toujours avec son mari et ses deux filles. Elle a été libraire indépendante à Palmer, en Alaska. Une histoire d’ours est son second roman. Son premier roman, L’Enfant de neige, (2012), inspiré d’un conte russe et de son expérience personnelle du Grand Nord, est un best-seller mondial.
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