La Nuit sur commande

Une nuit au musée … pour parler de tout, sauf du musée
De
Christine Angot
Stock
Publication le 12 mars 2025
170 pages
19 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

  • Les éditions Stock ont lancé en 2018 une collection intitulée « Ma nuit au musée ». Le principe est simple : un écrivain, un musée. Il passe la nuit, seul, dans le musée de son choix et écrit un petit livre. C’est ce qu’ont fait avant Christine Angot Leila Slimani, Aurélien Bellanger, Yannick Haenel, Guillaume Gallienne, entre autres …
  • Christine Angot a choisi la Bourse de Commerce Pinault collection pour terrain de jeu nocturne. Elle propose à sa fille Léonore, qui fait des études d’histoire de l’art à Montpellier, de l’accompagner pour la nuit …

Points forts

  • Le dispositif est plutôt contraignant et on imagine bien que l’écrivaine ne livrera pas le livre attendu. D’abord parce qu’elle s’affranchit des contraintes avec aisance et redéfinit les contours du livre qu’elle a décidé d’écrire, ou plutôt qu’elle va découvrir au fur et à mesure qu’elle l’écrit. En effet, même si le récit est extrêmement fluide, il me semble peu probable qu’Angot l’ait construit comme elle construit ses romans.
  • La nuit au musée occupe donc uniquement les ultimes pages du récit : on y apprend avec stupeur qu’elle a passé le début de la nuit sur son ordinateur (tout en le déplorant), puis qu’elle a vu un film, couché par terre avec Léonore et qu’enfin à 1h30 elles sont rentrées chez elle, au grand dam du gardien. Du musée, des œuvres d’art, des artistes, on ne saura rien (tout juste qu’il n’est pas anodin que le musée appartienne à un milliardaire). On peut le regretter. Ou pas. Une autrice est bien libre de traiter son sujet comme il lui plaît, sinon à quoi bon être artiste. Et là on se rapproche déjà du sujet du livre.
  • L’intérêt, bien réel, du livre n’est donc pas La nuit au musée (titre de la collection). Il est indéniablement dans le rapport que Christine Angot entretient avec l’art, les artistes, la création littéraire et, bien évidemment, l’inceste qu’elle a subi et qui ne saurait être oublié, même si ce n’est pas le sujet (pour elle, c’est et ce sera toujours le sujet central de son œuvre, comment lui en vouloir !). 
  • On la suit donc au gré de ses relations affectives avec Sophie Calle, Catherine Millet, Jean-Michel Othoniel tout au long d’un chemin initiatique qui la voit côtoyer des artistes, des œuvres (elle nous décrit ses trois préférées), des dîners, des expositions, des rencontres … le fonctionnement de ce milieu de courtisans dans lequel on ne l’imagine pas un instant se fondre. Mais elle aime l’art, elle le comprend (même si elle ne se sent pas légitime), le respecte, en parle bien et nous emporte dans son récit.
  • L’écriture transcende tout chez Christine Angot. Elle a passé la moitié de sa moitié de nuit penchée sur sa machine à écrire, comme si cette injonction la renvoyait à la nécessité de se raconter plus que de décrire. Sa nuit au musée est un prétexte à réfléchir sur le monde de l’art, à sa façon, selon ses codes.

Quelques réserves

D’accord, on aurait quand même bien aimé quelques pages sur le musée la nuit…

Encore un mot...

Ceux qui aiment Christine Angot adoreront, forcément. Ceux qui la détestent (tous les autres tant elle ne suscite pas de sentiment tiède) feraient bien de lire ce livre. Il se pourrait bien qu’ils changent d’avis.

Une phrase

« Je me revois dans les rues de Châteauroux, à quatre ans, cinq ans, six ans, sept ans… En train d’aller à l’école. Je passais par une petite ruelle pavée, qui longeait le musée. Je me revois avancer entre les murs, en chantonnant les dernières chansons de Sheila, et en contemplant à mes pieds du haut de ma taille les chaussures vernies noires que ma mère venait de m’acheter. Je ne savais rien de ce qu’allait être ma vie. L’avenir ne m’inquiétait absolument pas. Au contraire. »

L'auteur

Christine Angot est née le 7 février 1959 à Châteauroux. Romancière et dramaturge, elle a conçu une œuvre littéraire dans laquelle elle se raconte à la première personne. Même si elle rejette ce terme d’autofiction, ses récits sont avant tout ceux d’une auteure dont la voix, sans concession, est unique dans le paysage littéraire actuel.

Retenons son ambition littéraire, cet art du souvenir capable de transformer un vécu qui lui est propre en expérience universelle. 

En 2021, elle reçoit le Prix Médicis pour Le Voyage dans l’Est.

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