La plus que lente
Publication le 3 avril 2025
147 pages
18 euros
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Thème
Le récit de quatre étés dans la vie de Nicolas, le fils unique d’un couple modeste, rangé dans une vie de province simple et saine, dénuée de toute fantaisie, austère jusqu’à l’ennui mais dont le déroulement métronomique confère une sécurité douceâtre.
Nicolas découvre, à 12 ans, au contact d’un voisin un peu plus âgé que lui, un émoi amoureux troublant et préfigurant un attrait évident pour les garçons.
A 24 ans, Nicolas achève son cursus universitaire en piquant sa vie de rencontres homosexuelles plus ou moins dévastatrices, heureusement conclues par l’irruption de Christian avec qui il vivra de nombreuses années.
A 38 ans, Nicolas quitte son compagnon, lassé de ses tromperies répétées.
Et enfin, à 54 ans, Nicolas se retrouve confronté à l’image du miroir de toutes ces années, marquées par le mutisme de ses parents, l’amour d’une grand-mère très présente, l’affection fantasque d’une voisine âgée…
Et la découverte d’une mèche de cheveux apportera enfin une réponse à cette vie si lente !
Points forts
Jérôme Aumont écrit comme il vit très probablement, avec sincérité et délicatesse. Et ce roman traduit ces deux états.
Les mots sont justes, sans fioritures, les chemins de traverse sont évités et la route suivie emmène le lecteur vers une forme de clairière où l’émotion et la compassion dominent.
Le choix de l’auteur de diviser temporellement la vie de Nicolas répond à un choix musical, véritable valse à quatre temps, lente peut-être mais toujours signée d’une loyauté authentique.
Quelques réserves
Je n’ai pas de réserves pour ce texte fort qui devrait s’inscrire dans la liste des romans dont on sort avec une sérénité joyeuse.
Encore un mot...
Le titre du roman de Jérôme Aumont est l’homonyme d’une valse composée pour piano seul par Claude Debussy en 1910 et ce choix illustre parfaitement la vie à la fois fade et en apparence apathique de Nicolas.
Cette relative décoloration des principaux moments de son existence est toute contenue dans l’invasion d’un double secret familial, dont il détient la clef pour le premier d’entre eux et dont il découvrira la teneur du second bien plus tard…
Dès l’âge de douze ans et au contact de ce voisin plus entreprenant, Nicolas se voit submergé par l’évidence de son homosexualité. L’impossibilité d’aborder ce sujet dans l’enceinte hermétique de son milieu familial taiseux - et on en connaîtra ensuite la raison - plonge ce jeune garçon dans un tiraillement permanent et destructeur.
Jérôme Aumont reprend ici l’écueil de l’annonce de la différence. Si la parole est sans doute plus libre aujourd’hui elle se heurte encore aux préjugés d’une société peu encline à accepter cette différence.
Notre auteur s’inscrit dans la lignée d’écrivains qui ont tout au long des décennies précédentes mis sur le papier les mots sincères et quasi-confessionnels pour dire leur attirance sexuelle.
Pour n’en citer que quelques-uns, souvenons-nous d’André Gide dans le roman Si le grain ne meurt, en 1924, marqué d’une stratégie narrative de contournement, de Raymond Aron dans Mon Sida en 1987, d’Hervé Guibert en 1990 dans A l’ami qui ne m’a pas sauvé la vie ou plus récemment, en 2017, Philippe Besson dans son livre Arrête tes mensonges.
Jérôme Aumont apporte ici sa pierre à l’édification d’un pilier sociétal qui se doit d’être scellé dans un ciment mêlant l’acceptation et le respect.
Une phrase
« Ils (ses parents) avaient compris depuis longtemps, il suffisait de les aider à mettre des mots, imaginer un décor, la vie qui allait avec. » Page 124
L'auteur
Jérôme Aumont, chef d’entreprise, est né en 1972 à Caen. La plus que lente est son second roman. Le premier, Un empêchement, a également été publié chez Christian Bourgois éditeur en 2023.
Ils viennent de sortir
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