La Souris. Les zombies qui ont mangé Poutine

Une fiction délirante pour dénoncer le régime de Poutine. Ce roman, trop maladroit pour être efficace, est interdit en Russie
De
Ivan Philippov
Editions Blueman
Traducteur Philippe Frison
Publication le 23 janvier 2025
320 pages
20.00 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Après qu’une expérience de laboratoire visant à rendre Poutine immortel ait mal tourné, un virus se répand dans Moscou et ses douze millions d’habitants, tuant les autochtones ou les transformant en zombies.

Dans la ville en plein chaos, six survivants tentent d’échapper à l’apocalypse :  Seva et Kostia, deux jeunes frères ; Lavrenti, biologiste accusé de trahison, et Tonia sa convoyeuse, Assia, une étudiante en théâtre habillée d’un costume de souris rose (qui la protège d’ailleurs de l’attaque des morts-vivants) et Rassul, un travailleur immigré. Plus, bon nombre de personnages - dont un cannibale et un chien - qui traversent plus ou moins rapidement le récit.

Points forts

  • Utiliser la science-fiction pour décrire la Russie d’aujourd’hui est une approche intéressante : la découverte de la ville de Moscou, omniprésente avec ses rues et ses stations de métro (concrétisées d’ailleurs par des plans de situation en tête du récit), la vie quotidienne des moscovites évoquée à chaque page, les relations entre des personnages très différents qui se découvrent à l’occasion de la catastrophe et qui  ont un statut social et une expérience de vie totalement dissemblables, sont à priori assez représentatifs de la population moscovite actuelle (histoire de Tonia racontée à Lavrenti p. 246)

  • Quelques relents de la bonne vieille URSS avec le primat du collectif sur l’individuel : les autorités envisagent de murer Moscou d’une barricade géante pour arrêter les infectés et sauver le pays quitte à faire des millions de morts.

  • La description anecdotique de la datcha de Sergueï Kourennoï, personnage pourtant haut placé, qui ne peut changer un iota d’une décoration effectuée par un proche des gens de pouvoir

Quelques réserves

  • Trop de protagonistes dont certains paraissent un peu inutiles comme le cannibale Vadik, un psychopathe de 17 ans qui n’ajoute rien à l’intrigue.

  • Une certaine naïveté dans l’épilogue après une intrigue particulièrement saignante.

Encore un mot...

Bien plus qu’une histoire de zombies, La Souris se veut une ode à la liberté et une critique sans concession d’un système encore oppressif. Mais, censé dénoncer le régime de Poutine à travers cette fiction délirante, le roman m’a paru trop maladroit pour être efficace. Pourtant, si Philippov n’est ni Gogol ni Dostoïevski, sa description de la Russie actuelle est loin d’être inintéressante.

Une phrase

(avertissement page 3)
Le procureur général de la Fédération de Russie a réclamé l’interdiction de vente de  La Souris en juillet 2024 sous le prétexte que le livre dépeint de faux actes de terrorisme et de fausses scènes de violence représentant ainsi un risque pour l’ordre et la paix sociale et qu’il pourrait « créer des interférences avec le fonctionnement des installations vitales, des transports et des infrastructures sociales, des institutions de crédit, des installations énergétiques, industrielles ou de communications ». (….) L’auteur et l’éditeur original de l’ouvrage ont été inscrits sur la liste des « agents de l’étranger ».

L'auteur

Journaliste, écrivain, critique de cinéma et scénariste russe, Ivan Philippov est né à Moscou en septembre 1982. Il est diplômé de la faculté d’histoire de l’université d’Etat de Moscou. Après avoir travaillé comme scénariste pour une société de cinéma, il émigre en 2022 en Géorgie où il anime une chaîne Telegram qui décortique la propagande russe sous le titre A l’ouezzzzzzt, rien de nouveau.

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