La vie meilleure

Émile Coué : l’homme derrière la méthode
De
Étienne Kern
Gallimard
Publication du livre le 22/08/2024
188 pages
19,50 euros
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Né en 1857, Émile Coué est le fils unique d’un employé des chemins de fer issu de la petite noblesse bretonne. Diplômé de pharmacie, il s’installe à Troyes et ouvre un atelier de guérisseur derrière son officine. Émile est un adepte de l’effet placebo et s’intéresse à l’hypnose et l’autosuggestion, alors à la mode. “ La suggestion, l’imagination, on peut soigner par là. Pas les fractures, pas les cancers. Mais ces troubles qui ont quelque chose à voir avec notre esprit ” professe-t-il. La guérison de la jeune Annette, victime d’une hémorragie cérébrale, le convainc du bien-fondé de son approche. La méthode Coué est née : conduire l’imagination avec l’autosuggestion, se parler à soi-même, répéter les mots, sans cesse. “ J’imagine le bonheur et je serai heureux”. La méthode gagne en popularité avec la guerre. Son livre La maîtrise de soi-même par l’autosuggestion consciente qui paraît en 1921 est un immense succès. Coué enchaîne les tournées en Europe et aux États-Unis où il est reçu par la First Lady. Des instituts Coué voient le jour, les disciples se recrutent par milliers. 

Coué est un scientifique de son temps, ouvert à la modernité. Il est toléré par les médecins qui le trouvent “homme sympathique, aux intentions excellentes et expérimentations intéressantes”. Il est désintéressé. Il a l’ambition de changer le monde et de redresser la Nation. Il est modeste (“ je ne guéris pas”), enthousiaste, attentif (à son épouse, à ses patients) et sensible. Sur les photos d’époque, on aperçoit un petit bonhomme affable et espiègle. Son sens du marketing est inégalé. Kern montre comment Coué était en phase avec les attentes de cette époque si troublée. Si sa méthode et ses instituts sont tombés dans l’oubli, la méthode Coué a survécu avec ses dérivés (les médecines douces, le développement et la recherche personnelle du bonheur). En définitive, le ‘yes we can’ de Barack Obama n’est-il pas le tribut le plus éloquent à la méthode Coué ?

Points forts

Tout le monde connaît la méthode Coué. Mais qui connaît Émile ? Dans ce court roman biographique,  Etienne Kern ressuscite pour notre plaisir ce “professeur d'optimisme” et dresse un portrait attachant de cette gloire nationale oubliée.  Le sérieux de sa recherche a même mené l’auteur à participer à un stage “sur les traces de Coué”  à Nancy. L’occasion aussi de se persuader que “ chaque jour j’avance dans mon roman”, comme il le dit avec humour.

Quelques réserves

La qualité du livre est peut-être un peu altérée par le contraste entre l’optimisme qui émane de la personnalité et de l’action de Coué et le ton du récit, qui mêle biographie et expérience personnelle de l’auteur. La langue est parfois hachée, les phrases sèches. On pense aux tics du journaliste de télévision qui joue la dramatisation du récit que son objet prête à sourire ou à pleurer. Certes la fin de la vie de Coué a été marquée par la guerre et des déconvenues personnelles. Mais on regrette que l’optimisme, qu’on qualifierait de béat si Coué n’avait pas été de culture scientifique et reconnu par ses pairs dans son domaine, n’ait pas teinté davantage le ton du récit. 

Encore un mot...

Un hommage littéraire sincère à un optimiste qui pensait qu’imaginer le bonheur pouvait rendre heureux.

Une phrase

- « Car il parle Émile. Il a compris qu’un mot de plus n’est jamais vain. Que l’effet d’une poudre ou d’une potion est plus puissant quand on l’a présenté comme tel. Il aime rassurer. Il aime expliquer » (p.35)

- « Une leçon qu’Émile méditera jusqu’à sa mort. Effet placebo oui. Il a compris ça. Qu’avant le remède, il y a le désir de remède et le besoin de croire » (p.41)

L'auteur

Ancien élève de l’École normale supérieure et agrégé de lettres classiques, Étienne Kern est professeur de lettres en classes préparatoires au lycée Édouard-Herriot à Lyon.

À partir de 2009, il publie avec son épouse Anne Boquel plusieurs essais littéraires, dont Une histoire des haines d’écrivains (Flammarion, 2009). Les Envolés (Gallimard), a obtenu le prix Goncourt du premier roman en 2022.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Ils viennent de sortir

Romans
Conque
De
Perrine Tripier