La voyageuse de nuit

On ne s'habitue jamais à l'âge que l'on a ! Une enquête magistrale où se côtoient révolte et tendresse
De
Laure Adler
Grasset -
224 p. - 19 €
Notre recommandation
4/5

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Thème

La vieillesse et surtout le vieillissement ; l'apprivoiser pour soi-même et les autres, se battre contre la société, sa vision étriquée et liberticide des séniors ; s'apaiser avec l'aide des grands penseurs, se sentir vivre et vouloir vieillir dans la continuité de soi.

Points forts

Il s'agit surtout d'un récit plus que d'un essai qui offre au lecteur la capacité de se reconnaître à chaque page dans cette enquête. Menée sur plusieurs années, elle offre un rythme de lecture qui accompagne cette évolution inéluctable dans le cheminement vers la vieillesse.

Les références aux grands auteurs qui, de Sénèque à Jankélévitch en passant par Montaigne sans oublier Simone de Beauvoir, ont interrogé l'avancée en âge ; les anecdotes personnelles qui illustrent le propos de l'auteure, l'accent mis sur la vieillesse au féminin, escortent notre propre cheminement.

La construction de l'ouvrage comme "un carnet de voyage" qui nous offre un vagabondage optimiste sur un sujet qui fait peur à beaucoup d'entre nous et qui rétablit la confiance dans l'envie et la vie quel que soit le chemin déjà parcouru.

Quelques réserves

Je n'en vois pas sauf à dire que le sujet a été traité maintes fois et parfois magistralement.

Encore un mot...

A la fois livre de révolte face à la place que tente d'assigner notre société aux seniors et livre de tendresse à l'encontre de la classe d'âge concernée , Laure Adler réhabilite la richesse que les vieilles et les vieux apportent dans toute civilisation. On peut avoir un âge social, un âge physiologique, vivre différemment le temps qui passe, rester dans des sensations différentes d'être encore jeune, de devenir vieux, il n'y a pas de recettes. L'auteure nous le prouve par maints exemples évoqués et  ouvre tous les champs des possibles que la vie offre à chacun de nous dans un achèvement que nous devons nous réapproprier. La vieillesse comme une grande bouffée d'espérance.

Une phrase

"C'est seulement en vieillissant que l'on s'aperçoit que la beauté est rare, que l'on comprend le miracle que constitue l'épanouissement d'une fleur au milieu des ruines et des canons, la survie des oeuvres littéraires au milieu des journaux et des cotes boursières ; (Hermann Hesse, éloge de la vieillesse).

Se mettre en veilleuse de soi, n'est-ce pas cela commencer à accepter de vieillir ? Acérer l'investigation personnelle, exciter la curiosité, se donner plus aux autres que s'adonner à soi. Trouver de nouveaux rythmes, ouvrir de nouvelles cases, s'étonner soi-même, se moquer des injonctions puisqu'on a plus grand-chose à perdre, connaître sa chance de conserver ses possibles, juste là en ce moment, au lieu de se cantonner à la déploration de ce qui a été."

L'auteur

Laure Adler (70 ans) est  journaliste, essayiste, éditrice, productrice de radio et télévision. Elle a également écrit  plusieurs biographies en particulier sur des figures féminines majeures du vingtième siècle: Marguerite Duras, Hannah Arendt, Simone Weil, Françoise Giroud, Charlotte Perriand. Elle anime actuellement l'émission "L'heure bleue" sur France Inter. 

Le clin d'œil d'un libraire

Jacques et Nathalie Renard, L’encre marine, 5 rue la Mairie, 35800 Saint Briac- sur- mer jrenard.stbriac@gmail.com

Plus proche de ses amis lecteurs et amateurs de (très) bonne littérature que Jacques  Renard à Saint Briac (Ille et Vilaine), ça n’existe pas. Chaque jour, il leur apporte  des nouvelles ! Il est en effet, outre un fameux (au sens littéral) libraire, un marchand de journaux convivial et enthousiaste. Jacques, avec son épouse Nathalie, est très impliqué dans la promotion de la culture et de la littérature. Par exemple il anime « l’Algue d’Or » une association locale (dont le maire de Saint Briac est président) visant à l’attribution d’un prix chaque année récompensant les meilleurs écrivains étrangers francophones (40 ouvrages sélectionnés cette année). L’association a été créée en 2008 par quelques Briacois passionnés. Et Saint Briac, c’est la France, quasiment. Jugez-en : cette année l’auteur lauréat du prix de « l’Algue d’Or » s’est vu décerner  ensuite et tout récemment le prix (national) des libraires ! (C’est un scoop). Jacques a  donc lu pour nous, avec une grande émotion qu’il nous a fait partager de vive voix, le pitch du livre du japonais Akira Mizubayashi , « Ame brisée », publié chez Gallimard. Un petit garçon pendant la guerre sino-japonaise qui voit détruire son cher violon qu’il va s’efforcer de reconstituer.

Jacques Renard ne s’arrête pas là : il met en avant à l’entrée de son magasin une « table d’appel » avec les livres qu’il recommande, dont les « priorités » signalées par… Culture -Tops. Sacré clin d’œil.

Comment voyez-vous l’avenir ? demandons-nous à ce passionné qui ne connaît pas les affres du confinement : « L’avenir est tout en rose » et pourtant L’encre marine a failli partir à la dérive ! Magnifique. Tous solidaires, à St Briac !

Commentaires

christian pelletier
ven 11/12/2020 - 09:36

Une très bonne chronique qui donne vraiment envie de lire ce livre traitant d'un sujet pourtant peu réjouissant à première vue.

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