L'adieu aux armes

Un chef d'œuvre de la littérature américaine remis en actualité par sa nouvelle traduction. A lire ou relire
De
Ernest Hemingway
Gallimard, Collection NrF
Nouvelle traduction de l’anglais (Etats-Unis) par Philippe Jaworski
Parution le 5 décembre 2024
405 pages
24 €
Notre recommandation
5/5

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Thème

Un jeune américain s’est engagé dans l’armée italienne sur le front contre l’Autriche de 1915 à 1917. Il y vit à la fois l'absurdité de la guerre (on pense parfois au Désert des tartares de Buzzati) et sa cruauté, avec le bonheur d'une passion naissante pour une infirmière anglaise rencontrée sur le front et retrouvée à l'hôpital à Milan, après avoir été blessé.
Au fil de circonstances qui défilent parfois comme dans un tourbillon, il est, tour à tour, confronté à ces deux extrêmes, l'amour et la guerre.

Points forts

Il est impossible de dire pourquoi le lecteur s'attache petit à petit aux personnages de ce roman, mais il s'y attache tellement qu'il finit par vivre leur vie éprouvante comme si c'était la sienne.

Le narrateur, dont on ne retient le nom qu'à la fin du livre et encore moins le prénom, vit ces terribles évènements comme s'ils lui étaient extérieurs.
En dehors de certaines amitiés fortes, comme celle avec l'aumônier, il semble presque indifférent à ce qui se passe, y compris lors du bombardement qui tue l'un de ses camarades et lui inflige une lourde blessure à la jambe dont il décrit avec un réalisme presque insupportable les sensations.

Même son histoire d'amour avec la jeune infirmière miss Barkley qui deviendra vite Catherine, ne paraît pas se passer au plus profond de lui.
En réalité, et c'est tout l'art d'Hemingway, le narrateur se contente de nous rapporter des faits, jamais ses états d'âme.

C'est le lecteur qui interprète ces faits et leur confère ses propres émotions. 
Dès lors le livre nous apporte progressivement une charge émotionnelle tout à la fois négative, et c'est l'absurdité et la cruauté de la guerre, et positive avec l'amour intense qui saisit les amants ; sans que, dans l'une ou l'autre de ces situations, ne se développe le moindre pathos.
C'est pourquoi ce roman est le contraire d'un mélodrame alors que, pourtant, il est profondément tragique.

Enfin la nouvelle traduction qui fait revivre ce monument de la littérature américaine, lui confère une intemporalité qui nous échapperait avec l'ancienne dont les tournures et les expressions pourraient être perçues comme datées.
Le nouveau traducteur s'en explique parfaitement dans l'Avant-propos qu'il signe en début de livre, comme d'ailleurs l'auteur lui-même qui a rédigé une préface vingt ans après la première édition.

Quelques réserves

Une nouvelle fois, pourquoi traduire le “is'nt” anglais par un “pas vrai ?” qui résonne aujourd'hui de toute la vulgarité des séries américaines et émaille les dialogues de sa répétition grossière et vaine ?

Encore un mot...

Puisant dans ses souvenirs autobiographiques, Hemingway nous livre un très beau roman où s'opposent constamment la guerre absurde et l'amour enthousiasmant, les deux également tragiques.

Une phrase

" Je ramais dans la nuit, veillant à rester le visage au vent. La pluie avait cessé et ne tombait plus que par courtes averses. Il faisait très noir, le vent était froid. J'apercevais Catherine à l'arrière, mais ne pouvais voir l'eau où plongeaient les pelles des avirons. Les avirons étaient longs et n'avaient pas d'anneaux de cuir pour les empêcher de glisser. Je tirais, redressais, me penchais en avant, cherchais l'eau, plongeais les pelles et tirais, ramant aussi souplement que possible.” page 333.

L'auteur

Né en 1899 dans l'Illinois, journaliste et correspondant de guerre, Ernest Hemingway est devenu au fil de grands romans retentissants l'un des écrivains majeurs du 20ème siècle, couronné par le prix Nobel en 1954.

Pour qui sonne le glasLe vieil homme et la mer sont des titres qu'il est difficile de ne pas avoir lus...On peut sans risque les relire et L'adieu aux armes, aussi connu mais peut être un peu moins lu, offre, avec sa nouvelle traduction, une occasion rêvée de lecture ou de relecture.

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