L’Amour La Mer

Vivre n’est rien si l’amour en est absent. Une odyssée allant de l’Antiquité gréco-romaine au dix-septième siècle européen
De
Pascal Quignard
Gallimard
Parution le 6 janvier 2022
380 pages
22 euros
Notre recommandation
4/5

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Thème

L’amour, la sexualité, la mer, la séduction y sont contées avec une musique propre à l’auteur, mêlant siècles et rencontres. Ayant opté pour le dix-septième siècle européen, Pascal Guignard y promène ses envies, ses souvenirs, ses favoris qu’ils soient peintres, musiciens ou dieux vivants. Le culte de la beauté y est célébré tout au long du roman, aussi bien dans les corps aimés que dans la sensualité de la nature les entourant. Un livre qui se dit roman mais est plutôt un conte suivi comme on le ferait d’un chemin à nul autre pareil.

Points forts

Tant d’écrivains et de philosophes se sont penchés sur l’amour au cours des siècles que l’on pourrait craindre le déjà lu. Ce n’est pas le cas et les livres de Pascal Quignard ne donnent jamais le sentiment d’une répétition. Dans L’amour la Mer, aux Chapitres VII et VIII, la splendeur du récit est là, constante, magnifique et inoubliable.   

Quelques réserves

Pascal Quignard est un proustien accompli, fasciné pour les phrases les plus longues, la recherche du mot juste et celle du verbe le moins courant étant ce qu’il préfère. Aux pages fascinantes peuvent parfois succéder quelques longueurs qu’on lui pardonne. Pourquoi ? Parce que son style est immédiatement identifiable et superbe. Pour éviter l’ouverture du dictionnaire, voici le sens de quelques mots peu familiers: s'esbigner signifie s’enfuir ; Les cartiers de Paris ? désignent les vendeurs de cartes à jouer (au XVIe siècle) ; un éteuf ? Une petite balle pour jouer à la longue paume (au Xe siècle).

Encore un mot...

Ce livre n’est ni banal ni facile et se révèle page après page. Comment n’aimerait-on pas ces images, ces sentiments si parfaitement exprimés dans cette langue si belle traversant, sans encombre, siècles et pays ? L’Amour la Mer appartient à un genre qui tient autant de l’essai que d’une odyssée allant de l’Antiquité gréco-romaine au dix-septième siècle européen.

Une phrase

Trois extraits plutôt qu’un, au fil de la lecture : 

- « La nuit ? La nuit inarrêtable. Cette force intraitable, effarante qui, au terme de chaque journée, nous renverse. La nuit qui couche les corps sur la terre comme une vague immense. » (p. 75)

- « Il passa sa vie à guetter un évènement qu’il ne pouvait pas prévoir mais qui bouleverserait tout, qui irradierait les heures, qui confirmerait tous les désirs qui l’obsédaient, lesquels aboutissaient si rarement à quoi que ce soit dans le réel des jours. » (p. 157)

« Peut-on aimer trop ? Elle s’adressait des blâmes que rien ne fondait. Elle avait trop celé peut-être son amour, trop tenu secret son amour au fond d’elle-même. Elle n’avait pas assez témoigné son désir pour son corps tout entier. Il n’avait peut-être pas imaginé que c’était lui qu’elle aimait, et non son œuvre, combien son corps, son beau corps particulier, son odeur, la douceur de sa peau, lui étaient précieux. » (p. 315)

L'auteur

Pascal Quignard, lauréat du Prix de la langue française en 1991, est l’auteur d’une soixantaine d'œuvres : contes, essais, romans, fragments, traités dont Tous les matins du monde, Gallimard, 1991(adapté au cinéma par Alain Corneau) ; Terrasse à Rome, Gallimard, Grand prix du roman de l’Académie française 2000 ;  Les Ombres errantes, Grasset, prix Goncourt 2002. Par ailleurs violoncelliste, il a fondé le Festival d’opéra et de théâtre baroques de Versailles.

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