L’Arche Titanic

Une promenade magique dans un lieu propice à l’enchantement
De
Eric Chevillard
Stock, collection Ma nuit au musée
Parution le 19 janvier 2022
176 pages
18 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Ma nuit au musée est une nouvelle collection chez Stock. Elle donne la parole à des écrivains qui tentent de répondre à la question : à quoi peut-on penser lorsque l’on passe, seul, une nuit dans un musée ?
Après Leïla Slimani, Lydie Salvayre, Kamel Daoud ou Santiago Amigorena notamment, Eric Chevillard choisit de passer sa nuit dans la Grande Galerie de l’évolution du Muséum national d’histoire naturelle.

  • Livré à lui-même une nuit entière, l’écrivain se fond dans le paysage, s’interroge sur le sort des animaux disparus et menacés, convoque des souvenirs d’enfance comme la maison de ses grands-parents, contemple, digresse, divague, déambule …

Points forts

  • Côtoyer les animaux disparus est une bonne occasion pour Eric Chevillard de laisser libre cours à un sens de la dérision qui imprègne chacune de ses œuvres. Le parallèle entre la disparition de certaines espèces et de nombreux mots de la langue française le ramène à son amour de ces mots rarement employés qui parsèment ses romans et sont également menacés de disparaître.

    De Lewis Carroll à Lovecraft en passant par H.G. Wells, l’auteur convoque les grands écrivains qui ont émaillé leurs écrits d’animaux inventés ou bien réels : le dronte, la licorne, l’Aepyornis retrouvent ainsi une seconde vie pour l’éternité.

    Animaux célèbres comme le rhinocéros indien de Louis XV, cadeau du gouverneur de Chandernagor en 1769, ou Siam l’éléphant du film Yoyo de Pierre Etaix qui joue à la fois le rôle de révélateur et de sauveteur, Eric Chevillard mélange les animaux de la Grande galerie et de son propre Panthéon en un seul et même bestiaire fantasmagorique.

    Eric Chevillard nous accueille pour une nuit au musée, qui n’est pas un délire comique comme dans la série de films avec Ben Stiller, mais une déambulation physique, esthétique et allégorique, prétexte à de multiples réflexions comme savent si bien le faire Patrick Deville ou Pascal Quignard.

    Et si la disparition des animaux était le prélude à la disparition de la littérature puis celle des hommes ?

Quelques réserves

La pratique de la digression est piégeuse car elle doit tenir en haleine son lecteur de bout en bout. On pardonnera bien volontiers à l’auteur quelques – rares – moments où la digression l’emporte au-delà des territoires où se limite notre entendement.

Encore un mot...

La Grande galerie de l’évolution du Muséum national d’histoire naturelle est un lieu mythique. Elle réunit 7 000 espèces pour conter la grande aventure de la biodiversité.

Située dans la partie sud-ouest du Jardin des Plantes, la Grande Galerie de l’évolution est un espace d'exposition rénové en 1994 qui porte sur l'évolution des espèces et la diversité du monde vivant. Elle s'appuie sur une scénographie contemporaine des collections d'histoire naturelle du MNHN. Dans un espace réservé et une ambiance crépusculaire sont présentées les espèces disparues ou très menacées. Un autre espace, plus coloré et ludique, est spécialement conçu pour les jeunes enfants : c'est la « galerie des enfants ». Enfin le sous-sol est dédié aux expositions temporaires.

Une phrase

“ Si la salle des espèces disparues baigne dans l’obscurité la plus élémentaire – la nuit originelle retrouvée – quelques lumières tamisées – ou serait-ce de lointains feux de brousse ? – prolongent le crépuscule dans la Grande Galerie de l’évolution. Quatre niveaux, dont deux étages en coursives et un en sous-sol consacré au milieu marin et même à l’insondable plaine abyssale, je pourrais me croire à bord d’un paquebot. Un paquebot en détresse, encalminé dans le creux de la vague, une seconde avant le naufrage. Seul sur le Titanic. Tout au fond, à l’horizon, un morse et deux ours blancs dérivent sur un morceau de banquise “. (page 20)

L'auteur

Eric Chevillard poursuit – mot choisi à dessein tellement son œuvre se présente comme une quête, de lui-même, de la langue et plus généralement de tout ce qui l’entoure – sous le prisme de la dérision qui l’accompagne, une certaine forme de détachement.

Tout juste sait-on qu’il est né en 1964, a fait des études de journalisme avant de rejoindre dès son premier roman Mourir m’enrhume  en 1987 « l’écurie » de Jérôme Lindon aux Éditions de Minuit et qu’il a tenu, de 2011 à 2017, un feuilleton dans les pages du Monde des livres.

Pour ceux qui voudraient en savoir plus - comme on les comprend - je peux les renvoyer vers son - bien nommé -  avant-dernier livre, Monotobio.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Ils viennent de sortir