L’atelier d’écriture

Au lieu de me critiquer, lisez-moi et aimez-moi intelligemment. Une ode aux apprentis écrivains.
De
Natalie David-Weill
Stock
Parution le 10 mai 2023
264 pages
20,50 €
Notre recommandation
4/5

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Lu
par

Thème

Le terme « d’atelier d’écriture » sonne étrangement comme si les écrivains n’étaient rien d'autres que des ouvriers devant faire leurs preuves dans des domaines tels que l’imagination, l’audace, le savoir et les convictions. D’ouvriers, deviendront-ils des spécialistes, barrant la route aux adverbes inutiles comme aux adjectifs et aux verbes inappropriés ? Entre les mains et l’esprit de Natalie David-Weill, l’écriture construit ainsi page après page son vocabulaire, son histoire, ses plaisirs et ses effrois. Sous la plume de l’auteure, une femme nommée Esther suit une de ses meilleurs amies, Niki, « mi-française, mi-iranienne » et un de ses compagnons,

Stéphane remarquable animateur de cet extraordinaire atelier voulant séduire la brillante Esther. « Ce qu’il y a de passionnant dans cet atelier, dira Niki, c’est que l’on connaît très bien ceux qui y participent, leurs obsessions, leurs névroses, leur passé, l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes et leurs aspirations. Quand on se rencontre à l’extérieur, il y a une complicité, comme si l’on faisait partie de la même secte. » (p. 26-27). 

Qu’adviendra-t-il de cet atelier ? Deux cent soixante pages vous le diront.

Points forts

Singulièrement, ils viendront aussi bien des réticences d’Esther que des convictions de Stéphane et de celles de Niki. Ces personnages majeurs allient l’humour aux délices de voir peu à peu chacun s’affirmer, leur amour de la littérature les guidant dans ce roman inachevé qu’est toute une vie. 

Quelques réserves

La détermination de l’auteure peut agacer ceux qui ne sont pas accoutumés aux questionnements successifs. Ils ont tort car sa justesse de ton l’emporte largement.

Encore un mot...

Qu’ont de particulier les écrivains et comment se mettent-ils à écrire ? Cette question, subtilement posée par Natalie David-Weill, donne à ce livre plusieurs vies successives qui, telle la houle en pleine mer, crée leur inquiétude et, en même temps, leur donne l’espoir d’achever leur traversée.

Une phrase

  • « Je regardai autour de moi ; Georges, les manches de son pull relevées écrivait déjà dans son carnet rouge, hésita, ouvrit le bleu, celui de son journal et traça à nouveau quelques lignes. J’étais fascinée par sa concentration. Leo, les yeux dans le vague, mordillait son Bic en quête d’inspiration sans doute. Il jetait de temps en temps un coup d’œil à Justine, qui avait de toute évidence oublié ses doutes tant elle tapait vite sur son clavier. » (p. 134)
  • « Tout le monde parlait en même temps. Elle dut s’expliquer. Ecrire médiocrement ne lui suffisait plus. Elle y travaillait le matin avant d’aller au boulot, parfois en chemin prenait-elle des notes pour ne pas oublier ses idées. Elle avait retrouvé des carnets entiers de descriptions de ses clients ainsi que des pages de détail de la vie quotidienne mais elle avait finalement compris en se relisant qu’elle n’était pas douée, même si elle était assidue aux séances de l’atelier….pourquoi l’écriture suscitait-elle une volonté de perfection ? Pourquoi fallait-il absolument publier ? Écrire était suffisant. Il s’agissait de mots, d'émotions, de travail aussi, mais le talent était un sujet tabou dans cet atelier. » (p. 214-215)
  • « Même dans son cabinet d’avocats où elle avait toujours excellé, elle n’avait plus l’énergie de travailler autant et ses résultats s’en ressentaient. Tout l’ennuyait, elle se sentait lasse. Tandis qu’elle me décrivait ses états d’âme, je tâchais de trouver des mots encourageants mais le simple fait que je l’écoute sembla l’apaiser. » (p. 253)

L'auteur

Natalie David-Weill, fille d’Hélène et Michel David-Weill, brillante journaliste, romancière, scénariste, écrivaine, est titulaire d’un doctorat de littérature française de l’université de New York. Avant ce roman, Natalie David-Weill avait écrit  Rêve de pierre : la quête de la femme chez Théophile Gautier, publié par Droz, 1989, puis Les mères juives ne meurent jamais, publié par Robert Laffont en 2011, Points en 2013, et en 2018 Bon à rien, chez Robert-Laffont en 2018, puis en Poche en 2019.

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