Le cavalier de Saumur

Un héritage historique qui se veut un hommage littéraire. Un récit parfois confus
De
Florian Préclaire
Actes Sud
Parution le 1er mars 2023
165 pages
19 €
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Thème

C’est l’histoire d’un vieux soldat mutilé, René-Frantz Préclaire, revisitée par Florian son petit-fils, enfant adoptif et fervent de la littérature. Passé de la cavalerie à cheval aux premiers blindés de l’artillerie d’assaut de la 1ère puis de la 2ème Guerre Mondiale, amoureux d’une comtesse, son aïeul entraîne le jeune héritier  dans la boue sanglante des combats, à dos de Centaure et des rêves de l’enfant qui s’enfonce dans la fièvre des mots comme dans une forêt profonde. Un héritage historique qui se veut un hommage littéraire.

Points forts

L’intention est belle. Le style, en quatrième de couverture, promet. Le livre, premier roman chez Actes Sud sur fond « vieux rose », se tient droit. Le titre sonne la tradition et l’élégance, quitte à surprendre à l’intérieur. Quelle figure, quelle vérité, quel message se cachent derrière cet appel à monter à cheval et à descendre le cours d’une vie trépidante résumée dans le bel insigne au petit cheval noir cabré de la 5e DB ? 

En 70 courts chapitres et 165 pages, cette histoire vraie délivre des moments choisis de cette commémoration onirique et familiale.

Quelques réserves

Cependant, malgré une lecture bienveillante, une gène plane : ces combats, ces guerres, ces tranches de vie, certains mots tirés du vocabulaire militaire et équestre, quelques invraisemblances semblent trop désaccorder la réalité et ne pas trouver le ton juste. 

A trop vouloir embrasser les détails trouvés en sources ouvertes, à extraire des données des états de service de son aïeul pour reconstruire une vérité disparue, la confusion s’installe. Celle des genres, mêlant un lyrisme débridé en phrases longues avec des sobres retranscriptions à caractère militaire et technique. Conjuguée à tous les temps et tous les modes pour varier les portes d'entrée de son récit, la narration déconcerte.

Encore un mot...

Éloigné du classicisme en vogue à Saumur, chargé d’effets spéciaux, quelques belles trouvailles, un élan littéraire généreux et parfois abscons, une fièvre poétique, font de ce  roman un souvenir hybride et désordonné ; comme une fuite éperdue sur le dos d’un coursier qui mourra foudroyé.

Une phrase

  • “Des bombes neuves avaient éclaté là-haut comme des soleils qui auraient explosé.” (p. 17).
  • “(...) les volutes de poussière dorée qui s’élèvent et floutent les silhouettes chevalines dans l’été indien qui s’étire.” (p. 33).
  • “(...) dans le temps infime où le voile de chair dissimule à son iris les traits lumineux du monde et y substitue le rouge de son propre sang, elle se voit étreinte.” (p. 60).
  • “Tous ses âges se mêlent, la porte du temps s’ouvre.” (p. 138).
  • “C’était la forêt des contes quand l’enfance y découvre le lieu où se perdre, tressaillir et disparaître.” (p. 153).

L'auteur

Florian Préclaire est professeur agrégé de lettres modernes et chercheur à l’université Paris 3-Sorbonne-Nouvelle. Sa thèse de doctorat porte sur La création du monde dans la littérature d’aujourd’hui. Le cavalier de Saumur est son premier roman.

Ajouter un commentaire

Plain text

  • Aucune balise HTML autorisée.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.

Ils viennent de sortir