Le nageur de Bizerte

De Sébastopol à Bizerte, des Russes Blancs fuient les massacres des Bolcheviks. Un récit historique captivant mais une romance un peu simpliste.
De
Didier Decoin
Stock
Paru en janvier 2023
446 pages
22,50 €
Notre recommandation
3/5

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Thème

Un épisode méconnu de la révolution russe.

Bizerte 1921, Tarik, jeune docker, s'entraîne à la nage dans la lagune. Il est arrêté dans son élan par une muraille qui n’est autre qu’un cuirassé russe. Il aperçoit une jeune fille vêtue de blanc et sa voix suave l’enchante. Il n’aura de cesse de la retrouver. Pourtant, Tarik vit heureux près de sa mère qu’il adore, de sa sœur si belle et il est entouré d’amis. Qu’adviendra-t-il s’il retrouve la belle Yelena ? Celle-ci fait partie des quelque 3000 réfugiés russes fuyant les massacres perpétrés par les Bolcheviks. De plus, elle est la cible d’un cosaque qui a juré de l’éliminer.

Points forts

Ce récit se situe sur deux pôles très éloignés l’un de l’autre, d’un côté la relative insouciance malgré leur pauvreté de Tarik et de sa famille, leurs liens très forts, de l’autre les horreurs d’une guerre civile apportant le cauchemar dans une vie jusqu’à présent faite de beauté et de luxe. 

Les personnages sont bien analysés : la jeune Yelena toute imprégnée de « La Cerisaie » s’imagine ressentir les mêmes sentiments que l’héroïne de Tchekhov. Quant à Tarik, c’est le ver amoureux d’une étoile.

L’auteur nous fait donc vivre un fait historique, l’émigration de milliers de Russes blancs de Sébastopol jusqu’à Bizerte, alors sous protectorat français. La flotte russe était aussi sous la protection du drapeau tricolore.

L’écriture sensuelle de Didier Decoin qui nous fait apprécier toutes les odeurs.

Quelques réserves

Ce récit historiquement prouvé se double d’un romanesque un peu simpliste. Pourquoi cette idylle improbable !

Encore un mot...

Un récit plein de couleurs et d’odeurs qui nous fait voyager de la Tunisie jusqu’à l’Ukraine, de la bienveillance jusqu’à la haine la plus farouche. Un fait historique qui se double d’un conte oriental.

Une phrase

- « Je l’ai touché, je me suis écorché les mains dessus, et pourtant je ne suis pas sûr qu’il soit vrai. Les vaisseaux fantômes, ça existe, et fantômes aussi les gens qui sont dessus. »  page 85

- « Chaque tourbillon de la valse révélait à Maksim une nouvelle facette de sa fille….., puis il avait découvert, sidéré, l’odeur subtile qu’exhalait Yelena à chaque tour à droite de leur valse, une senteur de noisette fraîche, de foin chaud et de laitage, que noyaient les effluves de Bouquet de Catherine, l’eau de Cologne en vogue à la cour. » page 159

L'auteur

Didier Decoin, né en 1945 est un auteur prolifique. Il a obtenu le prix Goncourt pour John l’Enfer  en 1977. Il est aussi scénariste et préside actuellement l’Académie Goncourt. On retrouvait déjà dans son dernier roman, Le bureau des jardins et des étangs, cette sensualité à fleur de mots.

 

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