Le Palmier
Publication le 20 août 2025
320 pages
22 €
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Thème
Dans un jardin luxuriant, une petite fille prénommée Vive, curieuse de nouveaux mots et de nouvelles odeurs, est inconsciemment en recherche de ce qui la ronge, un traumatisme ancien qui se devine, mais se révèle très tardivement.
Vive, surnommée « Brindille » par son grand frère, assiste à l’élagage du grand palmier centenaire qui domine le parc de la propriété familiale dans le sud de la France ; l’arbre est rongé par les charançons et l’axe mort restant -le stipe- grouille de larves. Charançons et stipe, deux mots nouveaux qu’elle consigne dans un cahier, comme beaucoup d’autres, car le langage de la nature l’aide à guérir de ses peurs-paniques, de ses angoisses secrètes qui la hantent - on s’en apercevra tout au long du roman ; d’ailleurs, elle se réfugie souvent à l’abri d’autres arbres de ce jardin avec Jujube, sa chienne chérie ; elle est très proche de sa maman, du jardinier, de sa meilleure amie à l’école primaire.
Son papa est parfumeur, il fait de grands voyages et crée de nouvelles saveurs qu’il apporte à sa fille dans de petites fioles qu’elle collectionne. Il l’initie ainsi à de nouvelles odeurs issues de plantes du monde entier, il en fait un peu son « nez ». On rentre ainsi avec émerveillement dans le vocabulaire exotique des végétations tropicales, de la chimie des odeurs et de la parfumerie. Nous sommes menés tout au long du roman par la chanson de Guy Béart, Ma petite est comme l’eau. La vie qui passe peut être capturée et empoisonnée, tout comme les arbres…On ne rattrapera jamais l’enfance innocente bafouée.
Points forts
Notamment le classement des arbres, selon cette enfant : il y a les arbres à histoires, les arbres utiles, les arbres à jouer (comme l’olivier au tronc noueux sous lequel on joue à la dinette), les arbres-refuges (les lauriers-roses, sa cachette avec Jujube), les arbres à cousins, lorsqu’ils débarquent des quatre coins du monde, seul le palmier n’appartient à aucune tribu, il n’a pas d’odeur.
Quelques réserves
La fin est assez frustrante, tout à coup, Vive avance en âge, on la retrouve adulte, mais toujours à travers les odeurs, puis la raison de son traumatisme se dévoile.
Encore un mot...
Le talent de Valentine Goby nous enchante dans ce roman olfactif.
Une phrase
[son père revient de l’usine:]
« Il fait tourner entre ses doigts un flacon d’huile claire, il annonce : « d’un arbre des Comores », il dévisse le bouchon, approche le flacon des narines de Vive, sort une mouillette…une odeur se déplie, il faut du temps pour rentrer à l’intérieur…elle te remplit et ensuite seulement, elle t’enveloppe, tu entres dans l’odeur… » p. 25.
L'auteur
Valentine Goby, née à Grasse en 1974, est l’auteur de plusieurs romans pour les adultes et pour la jeunesse, la plupart d’entre eux sont publiés chez Actes Sud dont Un paquebot dans les arbres (Grand prix de la fiction de la Société des Gens de Lettres, 2017); j’ai particulièrement aimé L’ île haute (Actes Sud, 2022), dans lequel un gamin du quartier des Batignolles, asthmatique, découvre la haute montagne pendant la Seconde Guerre mondiale.
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