
Le pays dont tu as marché la terre
Publication le 28 aout 2025
128 pages
15 €
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Thème
L'auteur ne dira pas son nom. Il ne dira pas l'endroit. Mais cet ami auquel il s'adresse a marqué son enfance, de sa présence énigmatique, de son amitié distante, de ses absences, de son choix du maintien dans sa terre natale. En Lorraine, ou dans l'est de la France, très probablement. Le narrateur se souvient, recompose ses souvenirs sur les chemins de l'enfance à l'âge adulte, des bancs de l'école à l'école buissonnière, des mots échangés avec parcimonie, un soir de bal. Cet ami est mort et ce récit se déploie comme un remède contre l'oubli, oubli d'une époque, oubli des émotions de l'enfance, oubli d'un homme qui, à défaut de ces mots, disparaitrait sans laisser la moindre trace.
Points forts
Le pays dont tu as marché la terre est d'abord un hommage. A un ami disparu, à une époque évanouie.
Il est aussi une révolte, celle de ne pas accepter qu'une personne disparaisse sans rien laisser d'elle même.
Il est un témoignage, celui des divergences, celles des vies subies ou choisies, celle des lieux de naissance et des lieux de vie, celles de la France "profonde" et de la France "moderne".
Ce roman est enfin trempé dans une encre qui donne au récit un ton très original, une voix qui mélange ce qui est décrit et ce qui est suggéré, aux allusions et aux oublis chargés de sens, "hypnotique" diront certains, et ils n'auront pas tord !
Quelques réserves
Le titre peut surprendre par sa syntaxe énigmatique, à ceci près, aucune réserve !
Encore un mot...
Le pays dont tu as marché la terre "parle d'un ami mort mais retrouvé". Avec ses mots, Daniel Bourrion a su donner à ce récit "sans balise" une âme très belle. L'écriture en est originale, qui provoque l'effort de l'interprétation, de la recherche du sens qui se révèle au seuil des paragraphes et des chapitres. Ce roman est d'une poésie à la fois triste et belle, celle d'une nostalgie sans plainte, celle des constats qui s'imposent pour peu que l'on prenne le temps de se pencher en arrière pour raviver des images évanescentes. Court, il est incontestablement singulier, poétique par son style, son thème et son rythme, qui suit les méandres de la recomposition des souvenirs. Il a été retenu courant juillet 2025 dans la première sélection du prix littéraire du journal Le Monde.
Une phrase
"A brasser ce brouet, je ne retrouve toujours pas trace de toi après ces écoles communales.
Tu es pourtant au collège minuscule. Forcément.
Les choses sont ainsi faites que nos vies sont tuyaux, on nous y emprisonne à nos corps défendant.
De celui-là, on ne sort pas avant d'atteindre ses seize ans révolus, on ne prend pas facilement la fuite malgré les allées buissonnières toutes proches — on devinait leurs débouchés derrière les bâtiments entre lesquels nous tournions tous, petites bêtes en cage, un zoo enclos par ces constructions à la peau pelant grise pareille à celle de vieux éléphants qui nous auraient avalés chaque matin, recrachés à peine changés le soir." P 45
L'auteur
Daniel Bourrion est Lorrain, conservateur en chef des bibliothèques, actuellement engagé dans des projets numériques à l’Université d’Angers. Passionné par les écritures numériques. il mêle dans son travail d'écriture l'évocation de la mémoire de ce qui s'oublie, la poésie et des fragments autobiographiques. Si Le pays dont tu as marché la terre est son premier roman "papier", il a publié en ligne depuis de nombreuses années des poésies et des récits.
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