L’Échappée

Rencontre d’un professeur meurtrier et d’une violoncelliste fugueuse dans une France en proie à une guerre civile. Une échappée rocambolesque et attachante
De
Jean-François Dupont
Asphalte éditions
Parution le 1er mars 2024
204 pages
20 euros
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Universitaire spécialiste de cinéma, François, veuf inconsolable et dépressif, est emprisonné à la suite de l’assassinat de son voisin et se voit proposer de quitter sa geôle par la volonté du directeur de l’établissement, fonctionnaire véreux et machiavélique.

Le pacte qui les lie a un prix : permettre au premier de gagner la Suisse pour suivre une procédure d’euthanasie, et au second de récupérer dans une banque le magot d’un malfrat dont il s’est débarrassé sans scrupule.

Constance est une jeune fille dont le passé est marqué par une fuite du domicile familial, le passage en maison de rééducation et l’usage de stupéfiants, illuminé par l’apprentissage du violoncelle, véritable thérapie musicale. 

Son parcours oscillant s’interrompt pour faire place à un désir sincère de retisser le lien avec ses parents et son frère qui l’attendent en Suisse.

Commence alors pour les trois protagonistes un cheminement à haut risque dans cette région du Jura soumise aux affres d’une guerre civile.

La rencontre improbable de François et de Constance, dans un espace dévasté et laissé au contrôle de diverses factions armées et sanguinaires, kidnappés par l’une d’entre elles, dirigée par une bande de post-adolescents décérébrés, leur permettra néanmoins de redécouvrir la beauté d’une humanité affectueuse... 

Points forts

Si la plénitude d’un roman nécessite l’usage d’ingrédients aussi divers que l’évocation de l’enfance, la profondeur du sentiment amoureux, la fragilité du rapport social, familial ou professionnel, la stupidité et la crédulité d’une jeunesse sous-éduquée, le choix de sa mort, l’absurdité d’une guerre, Jean-François Dupont nous offre dans cette Échappée un texte répondant à tous ces critères.

L’écriture est vive, enlevée, palpitante, mêlant le drame et le burlesque, la douceur et la violence, l’humour et la gravité.

Conteur émérite, convoquant tour à tour une coloration sémantique façon David Foenkinos ou Régis Jauffret, l’auteur nous emmène dans cette fuite rocambolesque et attachante avec allégresse et trépidation...

Quelques réserves

L’incongruité de l’histoire peut parfois se teinter d’un sentiment de « trop » même si les divers personnages, au-delà de leur radicalité, nous laissent flotter entre le rire et l’effroi.

Encore un mot...

Un certain trouble peut émerger en refermant le livre.

Parce qu’au-delà de la narration, imaginer aujourd’hui le passage de cette fiction à une réalité tangible n’est peut-être pas utopique.

Le délitement du lien social, la désagrégation éducative, l’emprise communautariste, autant de faits - et leur liste pourrait malheureusement s’étirer - qui doivent conduire à une réflexion raisonnée et sereine.

En espérant que... 

Une phrase

  • « Le pire, dans les dernières années, c’était d’avoir perdu peu à peu l’instinct de survie. » Page 62

  • « J’avais oublié à quel point il était doux de s’abandonner à l’autre...L’enfance. Une caresse dans les cheveux et le reste du monde n’existait plus. » Page 185

L'auteur

Jean-François Dupont est né en 1956 à Ambérieu-en-Bugey dans l’Ain.

Il a enseigné la littérature et le cinéma avant de se consacrer à l’écriture.

L’échappée est le dernier ouvrage d’une quinzaine de romans et possède toute la substance d’un scénario de film !  

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