Les aventure d’Auge March

De
Saul Bellow
Editions Quarto Gallimard
Recommandation

A lire ou à relire, en se donnant le temps de le faire.

Notre recommandation
4/5

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Lu / Vu par

Thème

Dans ce roman, publié en 1953, écrit à Paris à la fin des années quarante, l’auteur se plait à habiller de mots une galerie de personnages du Chicago de la guerre des gangs et de la crise qui, rapportées par les journaux, font partie du quotidien du quartier polonais où vit le narrateur.

Deux sources ont inspirés cette biographie fictive d’un jeune juif ambitieux qui, voulant devenir américain, accepte difficilement ‘’que les autres s’efforcent toujours de le faire entrer dans leurs plans’’. La première est un ami d’enfance de l’auteur, vivant sa misère entre une mère malade, une "grand-mère" placée par l’aide sociale et deux frères, l’un costaud et beau gosse, l’autre handicapé. La seconde est la reprise romancée de quelques événements de l’adolescence et de la jeunesse de l’auteur, à l’exemple de son voyage au Mexique, du dressage de l’aigle ou de ses aventures amoureuses.

L’originalité et la richesse de cette biographie n’est pas dans ses sources mais dans le constant fourmillement de détails qui font que les pages ne se lisent pas mais se regardent, comme un film, à l’exemple de la phrase citée plus bas, description de l’ascenseur de l’hôtel de ville.

Points forts

Plus qu'une biographie fictive ce roman se révèle être une fresque de l'aspiration à la liberté et à l'indépendance des jeunes américains nés dans les familles d'émigrants trouvant refuge en Amérique.

Quelques réserves

L'abus d'images et de descriptions, qui font la force du roman, impose une lecture très attentive, sous peine d'en perdre la richesse.

Encore un mot...

J'ai été captivé par l'arrogance verbale de ce roman, à l'image de celle de la presse américaine de l'entre deux guerres.

Une phrase

« Dans la cabine, nous montions et descendions, nous frottant aux huiles et aux spéculateurs, aux commissionnaires, aux rapaces, aux voyous, aux tuyauteurs, aux gangsters, aux requins, aux trafiquants, aux plaignants, aux flics, aux hommes en chapeau de cowboy et aux femmes aux chaussures de lézard et manteaux de fourrures, mélange d’atmosphère de serre et de froid arctique, choses brutes et odeurs de sexe, manifestation de nourritures lourdes et de rasage systématique, de calculs, de chagrin, d’indifférence et d’espoir de millions et de millions de tonnes de béton à couler ou de Mississippi entier de whisky et de bière de contrebande. » (Page 99)

L'auteur

Né en 1919 au Québec, dans famille juive émigrée, venue de Saint-Pétersbourg en 1913, Samuel Bellow connait l’école de la rue à Montréal, puis à Chicago où il arrive à l’âge de 9 ans. Universitaire, à l’issu d’études plusieurs fois interrompues par les aléas de sa vie, lauréat du Nobel de littérature en 1976, le romancier, qui joue à loisir de la langue et de la métaphysique juive, est, à mon sens, le meilleur écrivain de sa génération.

Commentaires

michel Lederer
jeu 05/03/2015 - 10:10

Merci pour votre intéressante analyse. Je ne peux que regretter que, une fois de plus, le nom du traducteur soit ignoré, d'autant qu'il s'agit ici, de même que dans le premier Quarto paru en 2012, d'une nouvelle traduction qui, je l'espère, permet de porter un nouveau regard sur l'œuvre de Saul Bellow.
Bien à vous,
Michel Lederer

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