Les Certitudes

Une histoire d’amour et d’identité pour traverser avec le cœur le conflit géopolitique traumatisant Israël - Palestine…

Marie Semelin

JC Lattès
Publication le 20 août 2025
335 pages
20,90 €

Notre recommandation

3/5

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Thème

« Loue chambre, prix modeste contre menus services ». Anna, jeune journaliste-pigiste trop pauvre pour vivre seule, devient la colocataire de Madame Simone, septuagénaire. Elles apprennent à se connaître et un lien très fort se tisse entre les deux femmes.

Quatre ans plus tard, Anna est toujours heureuse locataire au 37, rue Linné Paris Vème. Alors en fin de vie, Madame Simone lui demande d’être enterrée à Jérusalem ; elle ne respecte pas ce souhait, préférant la garder près d’elle.

Mais la jeune fille sera « rattrapée » par le Consistoire israélite, et Madame Simone inhumée à Jérusalem.

Quelque temps plus tard, Anna apprenant qu’elle a hérité d’un appartement à Tel Aviv, décide de partir en Israël sur les traces de sa vieille amie ; un voyage après les massacres du 7 octobre 2023.

Points forts

L’auteure, qui a été journaliste au Moyen-Orient, nous emmène sans chronologie dans l’Histoire croisée d’Israël et de la Palestine de 1955 à nos jours ; elle place l’humain et les émotions au cœur de sa fiction, pour raconter autrement ce conflit très complexe.
La vie de Madame Simone nous en dit plus sur l’histoire méconnue des « Juifs orientaux », arrivés dans les années 1950 et discriminés par les Ashkénazes venant d’Europe de l’Est qui leur laissent emplois subalternes et logements dans les maisons abandonnées par les palestiniens chassés.
Les différents personnages satellites illustrent avec une force poignante combien tous, qu’ils soient Juifs ou Palestiniens, semblent écrasés par l’Histoire.
A travers le personnage d’Anna, l’univers impitoyable du journalisme est décrit avec acuité.

Quelques réserves

En périphérie des histoires bien romancées d’Anna et de Madame Simone à Paris, le livre tourne un peu au roman/documentaire sur cette contrée « fracassée ».

L’écriture est ample mais la lecture parfois un peu ardue au milieu des allers et retours de la narration.

Les descriptions de Jérusalem, Tel Aviv, Ramallah sont longues et difficiles à suivre. Un plan de Jérusalem avec ses quartiers découpés entre communautés, aurait été bienvenu

Encore un mot...

La tragique histoire d’amour entre la jeune Simone et le palestinien Nassal, le destin brisé des anciens soldats, donne chair au blessures et traumatismes de l’Histoire.

Le regard et le chemin « initiatique » d’Anna nous montrent l’illusion des certitudes.

Une phrase

« Être dehors n’aide pas. Je mets un pied devant l’autre et je vois ces gens qui marchent aussi et je me dis c’est dingue, qu’ils ne se roulent pas par terre, secoués par une douleur insupportable, pourquoi tout est si normal, par quelle force peuvent-ils être, là, debout sans hurler le plus fort possible, sans s’effondrer à genoux ? Pourquoi les bus roulent les cafés sont ouverts les gens vont au travail, alors que c’est la guerre ? » p. 100