Les griffes de la forêt
Traduit de l'espagnol en français par Guillaume Contré
Parution le 3 septembre 2025
272 pages
22 €
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Thème
Ce livre est inspiré de la vie de Catalina de Erauso. Aristocrate basque, elle est élevée par sa tante dans un couvent en Espagne au XVIIᵉ siècle et prend la fuite la veille de ses vœux pour mener dès lors une vie très aventureuse.
Déguisée en homme, elle devient Antonio, quitte l’Espagne, rejoint l'armée en Amérique du Sud et participe à la colonisation.
Confronté à la violence de la colonisation, Antonio s’échappe lors d'une révolte, sauve deux jeunes Indiennes et se réfugie avec celles-ci dans la forêt amazonienne.
Caché dans la jungle, Antonio écrit à sa tante pour lui relater ses péripéties, ses changements de vie, d’identité et de genre, son évolution sociale, ses questionnements sur la colonisation et sur la religion, et son ralliement en faveur des Indiens.
Catalina /Antonio de Erauso, connue sous le nom de « la nonne-soldat » est une figure de l’histoire hispanique. Ce roman explore la complexité de ce personnage.
Points forts
- L’écriture riche, imagée et poétique.
- La diversité des thèmes liés à la singularité de la vie de Catalina / Antonio de Erauso.
- La complexité du personnage, son caractère audacieux et sa capacité à s‘extraire de situations hasardeuses pour s’inventer une nouvelle vie.
- Au-delà d’un récit d’aventures, une réflexion sur la religion, l’identité de genre, la colonisation, l’exercice de la violence, la destruction de la jungle et de ses occupants.
- Le regard sans concession sur les ravages de la colonisation espagnole.
Quelques réserves
De prime abord intéressée par la vie si singulière de Catalina / Antonio, j’ai finalement eu du mal à accrocher en raison de la composition multiforme de ce roman.
Les enchevêtrements incessants entre les échanges épistolaires, les descriptions de la survie dans la jungle, le récit des aventures au service de l’armée espagnole, et les brefs dialogues avec les deux jeunes Indiennes, m’ont déroutée.
Ce très (trop ?) riche panachage me laisse une impression de lecture décousue et de thématiques diluées.
Les passages - sans traduction en bas de page - en langues basque, guarani, espagnole ou latin ajoutent à la confusion pour les non-initiés.
Encore un mot...
Les griffes de la forêt a remporté le prix Sor Juana Inés de la Cruz en 2024.
Ce prix met à l’honneur le travail littéraire de femmes en langue espagnole en l'Amérique Latine et dans les Caraïbes.
Une phrase
“ Il coupe et taille une branche. Lentement. En pointe. Antonio ôte un copeau après l’autre tandis qu’une lumière ondulante et douce commence à s’infiltrer entre le feuillage et la brume. La pointe est de plus en plus affûtée. Il la veut capable de transpercer un gros poisson d’un coup. Il tranche une fougère d’un frôlement. Ça y est. Quelle épée merveilleuse : il l’a à peine aiguisée. Et lui a concocté une lance aussi pointue et forte qu’elle. Il a vu des Indiens pêcher à coups de lance. Le chemin qu’il s’est frayé vers le fleuve - comment est-ce possible - s’est rebouché une fois de plus. Il le défriche. Il est fatigué. Il veut manger. Et dormir. Il ne doit pas dormir. Il se lève, enfoncé dans la rive du fleuve qui l’avale, comme il est dégoûtant ; comme il est brutal ce Nouveau Monde avec ses lèvres de boue.” Page 61
L'auteur
Gabriela Cabezón Cámara est une écrivaine argentine née en 1968. Avant de se consacrer à l’écriture, elle a exercé différents métiers dont le journalisme culturel.
Son premier roman Pleines de grâce (La Virgen Cabeza, 2009), traduit en français par Guillaume Contré, paraît en 2020 aux Editions de l’Ogre.
Son ouvrage, Les Aventures de China Iron publié dans sa version espagnole en 2017, est finaliste du prix International Booker 2020 et publié en français en 2021 par le même éditeur.
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