Les Parisiens

La quintessence brillante, provocante, et agaçante du boboïsme
De
Olivier Py
Editions Actes Sud
Notre recommandation
3/5

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Lu / Vu par

Thème

La course à la gloire du jeune Aurélien qui regarde Paris comme une lanterne magique. Tous les coups lui sont permis pour décrocher la martingale gagnante : pouvoir, argent et renom immédiat. Des politicards pourris aux putes des deux sexes, la ronde des assoiffés d’honneurs bat son plein entre nausées et coups fourrés. Sur le manège d’Olivier Py, jeunes gens aux dents longues et aux pieds fourchus, transgenres, travestis et conseilleurs culturels sur le retour ne rechignent pas à la besogne. Dans le secret des antichambres ministérielles, les carrières s’effondrent allègrement, laissant le champ libre aux jeunes loups qui piaffent dans les chambres de bonnes. Vu par Aurélien, l’homo politicus, gangréné jusqu’au trognon, est un produit hautement périssable qui pourrit sur place dès sa nomination. Une anticipation de la prochaine élection présidentielle ou un cliché pris sur le vif et couvrant plusieurs quinquennats ?

Créatures délicates, s’abstenir.

Points forts

Une ode à un Paris particulier, unique, éternel et fugace comme seul un homme éperdument amoureux peut l’écrire. Voilà la ville monde, l’épicentre du rien et du tout, celle des guerres pour un mot ou une idée. En elle, germent la déraison, les mouvements de rues, les combats d’idées inutiles, le cul et les déclarations d’amour. Le tout, pêle-mêle avec des présidents de la république que personne n’écoute, une religion dont on ne se souvient que parce qu’une autre voudrait la supplanter. Dans ce Paris nocturne, tout et tous se culbutent et se confondent. Seule, la ville demeure, témoin indifférent et magnifique de cette chute des corps et des âmes. Ici et là, la candeur, puis le sublime, une tristesse insondable, l’épuisement du désir et l’exaspération de l’attente insupportable qu’est une vie.

Quelques réserves

Le lyrisme sur 544 pages était un défi. Alors, n’est-il pas humain que de temps à autre – au milieu d’une longue page broyant paradoxes sur paradoxes ou récitatifs sur l’art, ses beautés et/ou son inutilité -, le lecteur se laisse aller à un irrépressible bâillement ? Le côté Huysmans-Rimbaud à la sauce sado-maso du narrateur peut lasser : cierges et masturbation ne suffisent pas toujours à bâtir une intrigue haletante sur une si longue durée.

Encore un mot...

Si l'on veut sortir résolument des sentiers battus...

Une phrase

"Les Parisiens vont vers leurs travaux et leurs amours, leurs combats et leurs trahisons, la moindre de leurs brûlures est une œuvre d’art puisqu’ils l’ont connue à Paris…c’est le temps de se laisser flotter dans la loterie des destins….Paris traverse le temps et broie les âmes, la ville se nourrit de l’extravagance de ses peuples. Ce n’est plus une ville, c’est une expérience spirituelle, mais comme elle n’est pas sans danger, une armée de médiocres amers vivent dans l’ombre de sa splendeur. Les rois d’un jour font mille jaloux, les œuvres portées au sommet de l’art auront la postérité d’une publicité en page 12 d’un quotidien. Certains, la dent plus dure que d’autres, ont compris qu’il n’y avait pas de hiérarchie dans la tempête des vanités… et le discours d’un nouveau directeur de l’Opéra de Paris est attendu comme un cinquième évangile…de toutes les philosophies, la vie parisienne est la plus extraordinaire."

L'auteur

Pas de demi-mesure avec Olivier Py qui compte autant de gens qui encensent le directeur du festival d’Avignon que d’ennemis irréductibles. Metteur en scène à succès, dramaturge, comédien, ce quinquagénaire tonique est un homme engagé sur de multiples fronts : sociaux, politiques, ethniques, religieux, le tout alternant avec des mises en scène triomphales de plus d’une trentaine d’opéras. Le lyrisme, la foi, la dérision, la poésie imprègnent l’œuvre de cet inclassable écrivain dont Actes-Sud a publié tous les textes. Parmi ceux-ci, des essais, des récits, des réflexions sur le théâtre, une traduction du « Roméo et Juliette » de Shakespeare et des romans dont « Paradis de tristesse »(2002) et « Le Cahier Noir » (2014). Lauréat de la Fondation Beaumarchais, Olivier Py a reçu le prix Nouveau Talent Théâtre SACD, le prix Jeune Théâtre de l’Académie Française, le prix Georges-Lerminier du syndicat de la Critique pour « Le Soulier de Satin » et en 2005 le Grand Prix de la Critique pour « Tristan et Isolde » et « Tannhaüser ». Son dernier roman vient de recevoir le PrixTransfuge du meilleur roman 2016.

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