Les pêchers

Variations brillantes sur l'amour amer
De
Claire Castillon
Editions de L’Olivier - 210 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Trois personnages féminins pour un roman en trois temps, trois mouvements. Trois voix- celles de Tamara, d’Aimée, d’Esther. Accessoirement, on entendra des hommes : Claude le médecin, Quick et ses tatouages… mais ils sont à la marge du roman.

         Les héroïnes, ce sont donc Tamara, Aimée et Esther. Deux femmes, une enfant. Tamara ouvre Les pêchers, vit avec Claude- médecin, et Esther, sa fille à lui. Tamara est la prisonnière de l’homme qui souhaite la façonner en épouse idéale. Dans le même temps, elle rêve encore à son amour perdu avec qui, pourquoi pas, elle referait bien un bout de chemin. Tamara, femme piégée.

         Autre voix de femme : celle d’Aimée. L’ex-épouse de Claude. Du monde tel qu’il est, elle s’accommode. « Material girl » en apparence, femme fragile en vérité. Les hommes, elle les regarde aussi tendrement que sévèrement. Le lien entre ces deux femmes : Aimée vit aujourd’hui avec l’ex-compagnon de Tamara, l’une a éclaté le crâne de l’autre et Esther est la fille de Claude et d’Aimée, l’adolescence en découverte. Elle est « espionne, poète, raisonneuse, innocente, amoureuse ». Les adultes, son père, sa mère, sa belle-mère, elle leur accorderait presque de la tendresse tellement elle les trouve émouvants avec leur refus de lucidité. Au fil de la lecture, elle apparait comme la véritable héroïne, jouant parfaitement la parfaite jeune fille un peu perverse, beaucoup manipulatrice.

Points forts

Un texte aussi impeccable que brillant. Avec des thèmes que Claire Castillon a plaisir à ausculter, décrypter, sonder : la famille (surtout quand elle est décomposée ou recomposée), l’enfermement, la guerre des sexes… 

Voix unique dans le monde des lettres francophones, Claire Castillon continue à avancer dans son œuvre où elle sait faire cohabiter douceur et vengeance. Il y a toujours cette musique qui, l’air de ne pas y toucher, agrippe le lecteur, le bouscule jusqu’à parfois le faire trébucher. Le faire tomber. Ce n’est jamais agressif- bien au contraire. Juste une sensation d’oppression avec une écriture dense, intense, rageuse ou apaisée, souvent innovante (ah ! les « minusseries » de ces personnages…). Il y a encore et toujours des « rêves torves » et des « pensées adjacentes » ; de belles pensées, aussi…

Quelques réserves

Le défaut des qualités de Claire Castillon. A trop ausculter et (tenter de) décrypter la mélancolie, l’ennui, le mépris, la détresse ou la folie légère, elle peut donner l’impression au lecteur d’être obsédée depuis toujours par ces thématiques…

Encore un mot...

En fonds : la guerre des sexes et l’enfermement. Au grand jour : le fruit amer de l’amour.

Une phrase

Qui seront deux:

- « J’ai pas de limite de vitesse quand je pars chercher sa fille à la gare. C’est comme si j’étais la voiture, avec le cœur qui frotte le goudron, tellement fort qu’il le décolle. Après, il se fixe dans mes poumons, faut voir tout ce que je fume pour l’intoxiquer ».

- « C’est la courtoisie du début. Un jour, elle se transforme en masque et on se rend compte qu'on n'a pas épousé un ange qui manque de courtoisie mais un courtois qui n'a rien d'un ange ».

L'auteur

Née le 25 mai 1975 à Boulogne-Billancourt, Claire Castillon vit entre Paris et un lieu secret où elle écrit et qu’elle appelle « la campagne ». Son premier roman, Le Grenier, est paru en 2000. Elle confie être aussi à l’aise dans l’écriture du roman que de nouvelles.

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