Mac et son contretemps

Le cheminement loufoque et chaotique d'un apprenti-écrivain
De
Enrique Vila-Matas
Editions Christian Bourgois - 343 pages
Notre recommandation
3/5

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Thème

Un homme tente d’écrire un livre. Il s’efforce de trouver une voix qui puisse être la sienne. Cette dernière, cependant, ne peut que se détacher de lui, pareille à celle d’un ventriloque, toujours décalée, comme un contretemps. Et ce contretemps est celui de Mac, un personnage dont le narrateur a emprunté le nom à celui d’un film de John Ford parce qu’il a aimé l’une de ses répliques.  À la question : « Tu n’as jamais été amoureux » ? Mac répond : « Non, j’ai été serveur toute ma vie ». De ce point de départ improbable se décline le cheminement loufoque et chaotique d’un apprenti-écrivain.

Points forts

- Certains passages du livre sont irrésistibles, tant les tentatives longuement décrites du narrateur pour se fondre dans un personnage d’auteur maudit  s’avèrent caricaturales et pathétiques. L’autodérision permanente, l’ironie et le goût de l’absurde évoquant plus d’une fois un humour à la Gotlib font de ce texte un recueil de phrases drolatiques  propre à faire rire à gorge déployée les lecteurs les plus désabusés.

- Les nombreuses références littéraires et cinématographiques sont réjouissantes, si bien que le texte est un trésor de bons mots et d’intertextualité qui permet la redécouverte d’œuvres parfois oubliées ou inconnues jusqu’alors.

Quelques réserves

La mise en abyme de l’entreprise littéraire, l’histoire de l’écrivain qui écrit à la recherche de lui-même seront susceptibles de lasser certains lecteurs attendant une histoire plus objective ou avec davantage de souffle. Dans « Mac et son contretemps », l’incapacité d’écrire donne évidemment lieu à un livre, l’auteur est son propre personnage, il met en scène sa démarche littéraire et son rapport au lecteur, un peu à la manière d’un Kundera ou d’un Calvino. Ce schéma pourra sembler trop classique aux amateurs de ces auteurs ou au contraire étrange à ceux qui ne les connaissent pas ou ne les aiment que très modérément.

Encore un mot...

Une autodérision efficace.

Une phrase

« Par chance, j’ai compris à temps que dire toutes ces choses à Julia uniquement pour donner un caractère littéraire à ma visite était aussi fou que confus et, en plus, révélait clairement autant mon manque d’équilibre suite à la faillite de mon entreprise que ma tendance chaque jour plus excessive à boire quand je suis chez elle, sans parler de mon inclination pour les phrases longues et embrouillées que, depuis quelques jours, j’ai l’impression de dire uniquement pour les graver dans ma mémoire et les reporter ensuite dans mon journal, ce que, par bonheur, je finis en général par ne jamais faire ». p 77

L'auteur

Enrique Vila Matas est un écrivain espagnol né en 1948. Il écrit et fait publier plusieurs dizaines d’ouvrages, notamment des romans, parmi lesquels « Le Voyage vertical » (2001), « Paris ne finit jamais » (2004) et Docteur Pasavento (2006). Il est également l’auteur de nombreuses chroniques littéraires, traduites en français et publiées en un recueil paru en 2004, « Pour en finir avec les chiffres ronds ». Il a obtenu le prix international Elsa Morante en 2007 pour son roman « Le Voyageur le plus lent » et, en France, le prix Médicis étranger en 2003 pour « Le Mal de Montano ».

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