Ne t’arrête pas de courir
Publication en août 2021
422 pages
19 €
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Thème
Alors qu’il mène une enquête journalistique dans un service de protection judiciaire de la jeunesse, Mathieu Palain commence à s’intéresser au « cas Toumany Coulibaly , Champion de France du 400 mètres… et détenteur d’un score de treize condamnations. Ils ont le même âge, ils sont nés presque au même endroit, connaissent le même milieu et adorent tous les deux le sport – mais l’un s’en sort dans la vie tandis que l’autre est en prison. Mathieu veut le rencontrer, lui écrit. Toumany prendra une année entière de réflexion avant de lui répondre. C’est le début d’une amitié singulière nouée dans un parloir entre le journaliste qui avait rêvé d’une carrière de footballeur et le sprinteur hors-normes privé de liberté.
Points forts
Ils sont nombreux.
-D’abord bien sûr, l’énigme Toumany. Interviewé récemment par Elisabeth Quin sur Arte, au côté de Mathieu Palain, pour la sortie du livre, il est solaire, lucide sur lui-même et sincère. Oui, en dépit du beau parcours d’athlète auquel il était promis, lui, le diamant brut du 400 mètres, n’a jamais su dire non à ses copains quand ils lui proposaient de se joindre à eux pour dévaliser une pharmacie ou une boutique de téléphones. De menus larcins répétés qui, reconnaît-il sans fausse honte ni fierté, lui fournissaient l’adrénaline de courir à fond avec les flics aux trousses mais l’ont aussi mené à la case prison.
Pourquoi devient-on voleur multirécidiviste quand on a l’avenir et les jambes d’un champion olympique? Tous les coachs de Toumany s’y sont cassé les dents. En toute humilité, Mathieu Paulain essaie de comprendre.
-Contrairement à certains journalistes qui se nourrissent de la vie d’un autre, Mathieu Palain a la grande loyauté de laisser la parole à cet étrange garçon. Ce croisement de destins chaque mercredi au parloir, qui se prolonge par téléphone, entre le reporter et le détenu qui ne lâche pas le sport, est passionnant et émouvant. La relation évolue et s’approfondit au fil des visites. Devenu confident plus que journaliste, Mathieu Palain devient aussi le compagnon de stade de Toumany qui l’oblige à se dépasser sur la piste et, indirectement, à s’interroger sur l’origine de son intérêt de longue date pour l’univers carcéral. Un univers dont on découvre, si besoin était, la dureté.
- Nul besoin d’être féru d’athlétisme pour suivre Toumany et Mathieu sur la piste. L’auteur a l’art de nous faire partager sa passion. Qu’il s’agisse de saluer le dévouement et la fermeté des coachs des « petits » clubs, qui apprennent la rigueur à leurs ouailles, les mènent à décrocher leurs premières victoires, et repèrent les talents ; ou bien de rendre un hommage ému aux grands héros des stades : les Leslie Djhone, les Marie-Jo Pérec, Christine Arron, Patricia Girard… Si vous n’aimez pas la course, vous allez changer d’avis en lisant ce livre. Le sport comme ultime refuge du lyrisme et de l’épopée.
Quelques réserves
On se perd un peu dans la chronologie.
Encore un mot...
Je n’avais pas été emballée par le premier roman de Mathieu Palain, Sale Gosse, dont je trouvais le sujet un peu rebattu et la forme inaboutie. Au contraire, Ne t’arrête pas de courir franchit brillamment la ligne d’arrivée. L’efficacité de l’écriture journalistique est mise au service d’un récit passionnant, qui ne reste jamais à la surface des choses et des êtres. On dévore ce livre, aussi fasciné que le reporter-narrateur par Toumany Coulibaly, le garçon aux talons ailés et à « la main qui vole » qui nous ouvre d’un même mouvement le monde sélectif de la course, où il excelle, et l’univers carcéral où il est enfermé. Aujourd’hui, Toumany est à quelques foulées de la liberté. On ne peut que lui souhaiter de choisir le couloir gagnant pour poursuivre sa course. On en souhaite autant à Mathieu Palain dans son parcours d’écrivain.
Une phrase
"Je suis tombé sur cette info que j’ai eu beaucoup de mal à croire : le 22 février 2015, quelques heures après avoir remporté le titre de champion de France du 400 mètres, Toumany Coulibaly ne sabre pas le champagne. Il ne fête pas l’événement avec sa femme et ses enfants au restaurant. Non, il pose sa médaille sur la table de la cuisine, attrape une cagoule et rejoint quatre complices pour cambrioler une boutique de téléphones portables". (p13)
L'auteur
Mathieu Palain est né en 1988 à Ris Orangis. A 23 ans, il se lance dans le journalisme et remporte le Prix Françoise Giroud pour son portrait de Mahiedine Mekhissi dans Libération. Il écrit ensuite dans les revues Six Mois et XXI, notamment sur son univers de prédilection : la prison. Il est l’auteur d’un premier roman intitulé Sale Gosse (L’Iconoclaste, 2019)
Commentaires
C'est un travail original et intéressant.
C'est un peu lassant à certains moments: Le récit des vols et cambriolages constamment renouvelés est monotone...
Un peu monotone aussi le ton de la voix,le style banlieue, qui ne varie pas,d'un locuteur à l'autre.
Ce livre,avec son univers particulier,est enrichissant.
j'ai adoré l'émotion dans une mise en perspective de l'humain dans son altérité d'autant plus riche qu'il demeure des traits insaisissables.
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