Pierre

Un hommage au peintre Pierre Soulages, 100 ans le 24 décembre 2019.
De
Christian Bobin
Gallimard
104 p.
Notre recommandation
4/5

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Lu
par Culture-Tops

Thème

Présentant Pierre,- le nouveau texte de Christian Bobin, l’éditeur prend soin de préciser : « Ce livre n'est ni un essai, ni une biographie de Pierre Soulages, c'est un exercice d'admiration doublé d'une réflexion sur la « présence » du peintre et sur « l'énigme du surgissement de toute présence sur terre », qu'il s'agisse du père de l'auteur, d'un chauffeur de taxi ou de l'inconnu rencontré dans le train de Sète ». Dès les premiers mots, dès les premières lignes, on est prévenu : « Je me moque de la peinture. Je me moque de la musique. Je me moque de la poésie. Je me moque de tout ce qui appartient à un genre et lentement s’étiole dans cette apparence ». Suit un aveu, une confidence : « Il m’aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais en écrivant, en lisant, en tombant amoureux, en m’arrêtant net devant un liseron, un silex ou un soleil couchant ». Ainsi, l’auteur emmène le lecteur, lui fait entendre la voix du peintre, visiter sa maison à Paris, son atelier- garage et rencontrer ses amis, lui montre ses tableaux. Soulages par Bobin, c’est aussi le songe d’une nuit d’hiver, le voyage en train de l’écrivain la nuit de Noël 2018, direction Sète pour fêter le 99ème anniversaire du peintre…

Points forts

 -En une petite centaine de pages, après  La Nuit du cœur  (2018) et l’évocation de l’abbatiale de Sainte-Foy de Conques, Christian Bobin nous offre un hommage au peintre Pierre Soulages, 100 ans le 24 décembre 2019, figure majeure de l’abstraction, près de 1550 tableaux peints à ce jour, grand maître de l’outrenoir et peintre vivant le plus cher du monde. Il précise : « Soulages est plus que peintre », ajoutant que Bach était plus qu’un musicien et que Rimbaud « n’est poète que secondairement ». 

 -Avec Christian Bobin, on découvre la cartographie de la vraie vie. Dans chacun de ses livres- et une fois encore dans Pierre,- il pointe justement et efficacement la vie qui va avec ses enfants rieurs, ses défunts, les herbes folles et une lumière qui passe à travers des feuilles d’arbre ou de haie.

-Chez Bobin, la technique et la force ne dirigent pas le monde. Dans tous ces textes, il y ajoute un souffle spirituel. Des textes dans lesquels l’inutile n’a pas place. Seul, l’essentiel a droit de cité chez cet auteur qui aime tant le bruit de la balançoire…       

-Dans Pierre, et toutes ses pages, Soulages est là sans être là. C’est tout l’art de Christian Bobin, écrire un portrait intime, y développer sa « thèse de philosophie » et, mieux encore, plus fort encore, mettre de la couleur dans le monde du maître de l’outrenoir !

Quelques réserves

-Quel outrecuidant osera relever un point faible dans  Pierre,? Parce que, chez Christian Bobin, tout est bon, il n’y a rien à jeter !

Encore un mot...

Romancier et poète indispensable, Christian Bobin admire Pierre Soulages, le peintre de l’outrenoir. Avec Pierre, , il signe un de ces petits livres dont il a le secret. Un livre de l’intime- et de l’universel. Du noir et de la lumière. A toutes les pages, c’est un éblouissement. D’écriture. De pensée. De réflexions…

Une phrase

« Alors nous respirerons, nous reprendrons une rasade d'air frais, comme nous n'osions plus le faire depuis des siècles. Un enfant affamé de deuil nous aura sauvés de nos fêtes mortifères. À cette superbe raison de vivre- se taire et s'appliquer à une tâche matérielle, humble- j'ajoute la lecture de poèmes. Ce n'est pas une spécialité d'écrivain, c'est une affaire commune: les rayonnants d'amour savent que ceux qu'ils aiment sont des poèmes de chair et d'âme ».

L'auteur

Né au Creusot (Saône-et-Loire) le 24 avril 1951, Christian Bobin est un écrivain et poète français. Après avoir étudié la philosophie et avoir été élève-infirmier en psychiatrie, il débute dans la vie active en travaillant pour la bibliothèque municipale d’Autun (Saône-et-Loire) et pour l’Ecomusée du Creusot puis il devient, quelques temps, rédacteur à la revue Milieux. Son premier texte, Lettre pourpre, paraît en 1977. 

Depuis la fin des années 1980, l’essentiel de sa production littéraire est publié chez Gallimard. Ce qu’on peut appeler « la marque de fabrique » de Christian Bobin est le fragment- une écriture resserrée, suite de petits tableaux évoquant un moment. Ses livres tiennent, à la fois, du roman, du journal et de la poésie en prose. En 2016, il a reçu le Prix de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre. A ce jour, il a publié une soixantaine de livres dont Pierre, , le dernier en date, est un portrait intime du peintre Pierre Soulages.

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