Plus grands que le monde

Dans un roman choral à trois voix, une famille américaine dans une ferme du Maine : le bonheur, le drame, la reconstruction. Un récit poétique mais un peu lancinant
De
Meredith Hall
Philippe Rey
Traduit par Laurence Richard
Parution le 1er février 2024
365 pages
24 €
Notre recommandation
3/5

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Thème

Dans les années 1930, Doris et Tup se rencontrent. Doris qui s’est rêvée enseignante, et Tup ingénieur, s’aiment et choisissent une vie d’amour et de labeur. Ils reprennent la ferme familiale des Senter, ils sont la quatrième génération. Trois enfants viendront : Sonny un peu rêveur, Dodie la fille généreuse et Betson calme et silencieux. C’est un quotidien fait de joies simples, dans une nature omniprésente, rythmé par la vie des animaux et des travaux de la ferme. C’est “l'Avant".

Une vie de partage et d’amour jusqu’au jour où survient une terrible tragédie ébranlant les certitudes de ce bonheur familial

Points forts

  • La description pleine de poésie du quotidien de la famille, de tous ces petits bonheurs au rythme des saisons (une sortie en patins sur la rivière gelée en hiver, un pique-nique au bord de l’Océan l’été,) dans un cadre « paradisiaque » et bucolique, les fleurs, les légumes, le chant des oiseaux…et la ferme en tant que personnage essentiel à l’histoire.
  • Un foyer décrit avec tendresse avec Doris, mère poule qui voudrait garder ses enfants loin du monde extérieur afin de mieux les protéger.
  • Cette sorte d’autarcie rassurante mais c’était “l’Avant”
  • Le basculement dans “le Pendant” : le drame avec la mort brutale de Sonny le fils aîné. Cette ferme n’est plus alors ce monde de douceur et de vie.
  • La troisième partie “l’Après” sur l’impossibilité de cette famille à communiquer. Ces trois voix qui racontent leur peine, leur culpabilité, leur impuissance à garder cette famille soudée. Doris enfermée dans son silence, Tup qui ne sait comment faire face à son effroi, Dodie courageuse.

Quelques réserves

L’histoire m’a semblé longue bien souvent ! Trop de descriptions répétitives sur les tâches ménagères, les tâches de la ferme. Trop de détails sur la nature, les fleurs, les animaux… Doris, la mère dans son repli, son enfermement m’a un peu agacée. Par moments, ce récit m’est apparu lancinant.

Encore un mot...

 À travers les regards et les voix de Doris, Tup et Dodie sur vingt ans, l’auteure nous amène à nous poser des questions :

  • Comment réagir face à la douleur ? Comment vivre son deuil, continuer en surpassant sa culpabilité ?

  • La perte d’un enfant entraîne cette culpabilité chez les parents (ce n’est pas dans l’ordre des choses), et dans la fratrie qui ne sait où trouver sa place. Est-il vraiment impossible de consoler l’autre ? 

Doris sait qu’elle doit réagir mais admettre que la vie doit suivre son cours lui est difficile à accepter. Tup à sa manière essaie de continuer mais il fuira en cherchant soutien et écoute ailleurs. Dodie est la plus lumineuse, la plus courageuse. Avec Betson, ils essaient d’évoluer pour structurer leurs vies d’adultes.

Pour tous, la reconstruction sera longue. Personnellement, j’ai été interpellée par la Présence et la Force de la Foi qui doit mener sur le chemin de l’acceptation.

Une phrase

  • « Mais j’ai appris que rien de terrible n’arrivera ici. Il suffit de se montrer prudent, de faire attention et simplement d’avoir confiance que tout ira bien. C’est le prix à payer pour la tranquillité et la beauté de cette terre. Parfois, je me dis qu’ici nous sommes une petite famille sur une île protégée de tous les problèmes du monde. » p.24

  • «  Je ne suis présente pour aucun d’entre vous comme je devrais l’être. Comme je veux l’être ». Elle a regardé dehors, l’obscurité de la cour, avant de fixer ses mains posées sur ses genoux. « C’est plus difficile que tout ce j’aurais pu imaginer, a-t-elle dit. On croit qu’on va devenir des héros. Je ne vois bien que je n’ai rien d’une héroïne. Et j’en suis navrée, d’autant que je sais à quel point chacun d’entre vous a besoin de moi alors que vous recevez si peu. » p. 123

  • « Le passé nous accompagne. Nous sommes retournés à cette vie. Mais c’est tout le passé dans son ensemble, pas seulement sa bienveillance, qui nous accompagne. » p. 332

L'auteur

Meredith Hall est née en 1949. Elle enseigne à l'Université du New Hampshire. En 2007, elle publie ses mémoires, Without a map, reconnus aux Etats-Unis comme un classique du genre. Elle collabore régulièrement avec Five PointsThe Gettysburg ReviewThe Kenyon Review, ou encore The New York Times. Plus grands que le monde est son premier roman.

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