Poussière dans le vent

All we are is dust in the wind …la trajectoire de huit amis à Cuba des années 90 à nos jours. Un très grand roman
De
Leonardo Padura
Editions Métailié
Paru le 29 août 2021
Traduit par René Solis
632 pages
24,20 euros
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Thème

La trajectoire de huit amis à Cuba depuis les années 90 à nos jours : leurs destins croisés profondément marqués par l’histoire de leur île même si beaucoup choisirent l’exil …

Une photo postée sur Facebook va faire ressurgir chez chacun des protagonistes leur histoire commune, empreinte d’amour, haine, tromperie, fraternité, non-dits …

Cette histoire est à la fois celle du Cuba de la fin du rêve socialiste auquel mis fin la chute du communisme et l’abandon du grand frère soviétique. Mais c’est avant tout celle des hommes et des femmes qui crurent en ce rêve et en furent les premières victimes. Comment ils firent front ensemble en soudant leur « Clan » - ainsi qu’ils l’appelaient – pour  survivre dignement et comment ils continuèrent fièrement à poursuivre leurs chimères, en Espagne, aux Etats-Unis, en France. Partout où ils vécurent, ils restèrent Cubains avant tout et profondément marqués par leurs aventures communes.

Points forts

  • Tous les personnages sont superbement incarnés : magnifiques, subtils, attachants. Chacun d’eux est sculpté avec soin pour en faire ressurgir la profondeur et l’humanité. 
  • Un élément déclencheur – une photo sortie de nulle part et publiée sur les réseaux sociaux – va faire remonter à la surface toute l’histoire de ces huit personnages et la nécessité d’un questionnement sur leurs origines. Le sens de l’intrigue de Leonardo Padura nous tient en haleine alors que parallèlement chacun poursuit sa vie et essaye de trouver sa voie.
  • C’est un très grand roman sur l’exil et la perte, mais aussi sur la permanence de l’amitié et des sentiments, sur la quête de l’identité, perdue et retrouvée, sur l'attachement à ses racines, dont on ne s'affranchit jamais totalement.
  • Poussière dans le vent est un roman choral fait de chassés croisés, d’aller-retours entre les époques et les lieux.
  • Il est l’autopsie d’un pays, sans concession sur la crise économique qui le secoua, par un écrivain qui n’a jamais quitté son île, malgré le succès international.

Quelques réserves

Aucune.

Encore un mot...

« Putain, mais qu’est-ce qui nous est arrivé ? »

Rarement pareille question aura été aussi centrale dans un roman. Tous les personnages questionnent sans cesse leur identité et leur destin. Asphyxiés par le présent, incertains quant à leur avenir (partir, fuir ?), tous sont en quête d’un avenir meilleur.

Lorsqu’on demande à l’auteur pourquoi il a fait, lui, le choix de rester tout en étant aussi critique avec le régime en place, il répond : « j’ai besoin de Cuba pour écrire : ma littérature est complètement cubaine. J’ai la nationalité espagnole depuis dix ans, et je pourrais donc vivre en Espagne. Quand on me dit que j’ai une double nationalité, je dis non : j’ai deux citoyennetés, mais ma seule nationalité, c’est Cuba ».

Une phrase

« Il voyait dans ce pays qui semblait de plus en plus idyllique, et même irréel, des êtres si dévoués et si vivants qu’ils lui semblaient aujourd’hui extraordinaires d’innocence, de pureté et de confiance. Toutes les erreurs ou les excès d’alors lui semblaient secondaires, jalousies, peurs, infidélités, ambitions, même les secrets et les mensonges (ceux d’Elisa, et jusqu’à ceux de Walter, l’indic présumé). Il voyait à distance des êtres qui semblaient heureux, qui étaient heureux, réunis sur cette même terrasse, des jeunes gens dont même le plus caustique, le plus critique, le plus visionnaire d’entre eux n’aurait pu imaginer à quel point ils se désintégreraient pour sombrer dans le désespoir, l’inertie paralysante, la dispersion en cours. » (page 299)

L'auteur

Leonardo Padura est né le 9 octobre 1955 à La Havane. Il est tout à la fois journaliste, essayiste, nouvelliste, scénariste et écrivain. Il a écrit depuis 1998 une dizaine de romans.

Il a cosigné avec Laurent Cantet le scénario du film Retour à Ithaque.

Il a obtenu le prestigieux prix espagnol Princesse des Asturies en 2015.

En 2020, il a obtenu la plus haute distinction littéraire cubaine.

Poussière dans le vent est finaliste des prix Femina et Médicis 2021.

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