Un personnage de roman

Un éclairage furieusement subjectif mais distancié et intelligent
De
Philippe Besson
Editiond Julliard - 216 pages
Notre recommandation
4/5

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Lu / Vu par Culture-Tops

Thème

Un récit furieusement subjectif, écrit dans les pas d’un jeune homme lancé dans la campagne de l’élection présidentielle française. Le romancier Philippe Besson connait Emmanuel Macron depuis trois ans, et lui propose, avant même que l’ancien ministre n’annonce sa candidature à la présidentielle, de le suivre afin d’en écrire le livre de la conquête. Précision de Besson à Macron : « Le livre ne sera publié que si tu gagnes l’élection ». 

L’alors candidat donne son accord, l’écrivain sera au plus près de l’histoire en marche. Les deux s’apprécient, même s’ils ne sont pas intimes, ni même amis. Au fil des mois, l’écrivain observe, note, noircit des carnets sur ce jeune homme (pas encore 40 ans) inconnu du grand public trois ans auparavant et qui brigue la présidence de la République. 

Grand amateur de l’œuvre de Marguerite Duras, Philippe Besson nomme son sujet Emmanuel M., fait intervenir régulièrement son épouse- la très charismatique et transgressive Brigitte. Au fil des pages, le lecteur est « embedded » dans la caravane Macron. Besson note, pointe, relève, commente, indique parfois son désaccord avec celui qui, en mai 2017, est devenu le plus jeune président de la Vème République française.

Points forts

- Le lecteur se trouve idéalement placé au cœur d’un événement en cours, ce que, lors des présidentielles de 2007 et 2012, avaient déjà tenté, avec moins de bonheur, Yasmina Reza et Laurent Binet.

- Qu’importe si les petits marquis de la chose écrite, les porteurs de micro- caméra- stylo et les professionnels de la profession politique jugent sévèrement « Un personnage de roman », Philippe Besson raconte avec joie, intelligence et la distance suffisante un personnage romanesque qui sortirait des textes de Stendhal, Gide, Eluard ou encore Fitzgerald.

- A aucun moment, le romancier ne se prend pour un journaliste ou un feuilletoniste. Mieux, il revendique haut et fort « une obligation de subjectivité ». Et confie : « Je voulais pouvoir être dans l’empathie ou la colère, l’étonnement ou la lassitude, et faire partager mes sentiments. Et je souhaitais, comme dans chacun de mes livres, approcher la vérité intime d’un homme, la réalité derrière les apparences ».

- La preuve avec Philippe Besson et son « personnage de roman » que la réalité peut être encore plus belle, plus grande que la fiction.

Quelques réserves

Dans quelques séquences, l’auteur dépasse son rôle d’écrivain et laisse transpirer la sensation qu’il est devenu « groupie » du candidat à l’élection présidentielle.

Encore un mot...

C’est passionnant avec des choses vues et entendues, la mise en perspective d’« un personnage de roman » ou encore la plongée dans le monde de la politique. Romancier confirmé, Besson est sorti de sa zone de confort. Il a vraiment eu une bonne idée !

Une phrase

- « Si on considère que toute campagne politique consiste à faire apparaître une image séduisante de soi-même en accumulant des mensonges ou, au mieux, des vérités tronquées et en dénaturant systématiquement les idées et le travail de ses adversaires, jusqu’où... est-il prêt à aller ? Est-il capable d’être injustement impitoyable ? »

 - « Je me souviens qu'il a appelé son mouvement : En marche! Et que cette injonction est tirée de « Vol de nuit », le roman de Saint-Exupery : " Dans la vie, il n'y a pas de solutions. Il y a des forces en marche : il faut les créer et les solutions suivent" ».

L'auteur

Né le 29 janvier 1967 à Barbezieux (Charente) où il a grandi, Philippe Besson a effectué des études supérieures au lycée Michel de Montaigne à Bordeaux. Puis, il est venu à Paris en 1989, où il sera juriste puis directeur des ressources humaines, entre autres auprès de Laurence Parisot, alors patronne de l’IFOP.

En 1999, une rupture amoureuse le pousse à l’écriture; ça donnera « En l’absence des hommes », son premier roman publié en 2001. La même année, il publie « Son Frère » (adapté en 2003 au cinéma par Patrice Chéreau). Depuis, il publie un roman par an (sauf en 2010) et a été récompensé à deux reprises avec le prix Emmanuel-Roblès en 2001 pour « En l’absence des hommes » et le grand prix RTL- « Lire » en 2003 pour « L’Arrière-saison ». 

En janvier 2017, il a publié son dix-huitième roman : « Arrête avec tes mensonges ». 

Auteur de la délicatesse et de la sensibilité, il a été surnommé par un critique parisien « peintre en sentiments » et ne cesse de répéter son admiration pour Marcel Proust et surtout pour Marguerite Duras.

Par ailleurs, Philippe Besson est dramaturge, scénariste et animateur pour la télévision.

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