Vivre et Mourir avec Georges Bernanos

Une invitation à revenir à Bernanos par la grande porte d’une œuvre aussi inclassable qu’inoubliable
De
Sébastien Lapaque
Éditions de l’Escargot
Parution le 15 septembre 2022
196 pages
18 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Sur la couverture aux couleurs « vintage » sur fond de forêt brésilienne où il s’était réfugié pendant la Seconde Guerre mondiale, le titre Vivre et Mourir avec Georges Bernanos donne le ton que Sébastien Lapaque insuffle à son talentueux compagnonnage avec son héros. Le romancier en quête d’illumination et l’essayiste de la révolte n’aura jamais écrit qu’une seule œuvre. L’éclairage aux sources du génie prophétique de l’auteur du Journal d’un curé de campagne et des Grands cimetières sous la lune  rappelle combien Bernanos avait senti dans ses écrits de combat, avec un demi-siècle d’avance, ce qui allait advenir de notre civilisation vidée de sa substance. Vivre ne fut pour lui qu’un chemin d’épreuves pour mourir épuisé à soixante ans au sommet de sa faiblesse humaine et de sa force spirituelle.

Points forts

Même pour l’admirateur assidu de l’œuvre de Bernanos, ce livre convainc, avec brio et densité, que les deux facettes de romancier et d’éclaireur des consciences de son personnage se complètent, dialoguent et se rejoignent au sommet d’une course vers l’altitude que le blessé de toutes les guerres de son époque avait rendu infirme et fait tant souffrir. A la différence d’un Saint Exupéry aérien qui ne sacrifie rien, la geste bernanosienne trempée auprès de maîtres controversés « renvoyés à la douce pitié de Dieu », puisée dans une foi sombre et exigeante mais portée par l’Espérance, durcie par « une vie de chien » précaire et itinérante, a suivi « le chemin de la croix des âmes » dans son combat frontal enraciné, sa vision fulgurante et son exaltation permanente contre la technique qui anéantit la liberté de l’homme, otage du néant, et sa vie intérieure. 

Relire Bernanos sous la plume de Sébastien Lapaque, c’est s’offrir à chaque page une moisson de mots inspirés, une leçon de transcendance, c’est suivre un guide éclairé qui mène à la source d’un torrent qui puise profond l’esprit de son temps, entre prière et colère, pour le jeter avec force dans un large fleuve sauvage comme l’Amazone, à l’approche du puissant delta qui annonce l’éternité dans le bruit assourdissant de sa fureur.

Quelques réserves

Lu et aimé sans réserve.

Encore un mot...

Bernanos, dans sa verve généreuse, a élevé la voix jusqu’au Ciel. S’il a totalement rendu son âme à Dieu, il a laissé ici-bas une trace fraîche et profonde de son exil terrestre, des pentes fiévreuses du Boulonnais, le long des rivages ensoleillés de la Méditerranée jusqu’aux extrémités cachées des haciendas d’Amérique du Sud. Sébastien Lapaque nous invite à revenir à Bernanos en vérité, par la grande porte d’une œuvre aussi inclassable qu’inoubliable.

Une phrase

[ on n’a que l’embarras du choix… ] :

« On ne peut pas croître indéfiniment dans un monde fini ».

Il ne devine pas l’avenir, il dit la vérité .

Le prophète, c’est celui qui parle quand les autres se taisent.

La peur est au chevet de chaque agonie, elle intercède pour l’homme.

Homme d’avant-hier, il écrivait pour après-demain.

« L’homme menacé de faillite ».

« Ralliez-vous à l’Histoire de France ».

« Le rêve, toujours le rêve, voilà bien chez l’homme le défaut de la cuirasse ».

L'auteur

Sébastien Lapaque, né en 1971, journaliste au Figaro littéraire et écrivain, a publié des romans, des essais, des récits, des pièces de théâtre et des pamphlets. Récompensé par plusieurs prix (Prix François Mauriac de l’Académie française pour Les idées heureuses (Actes Sud, 1999), Prix Goncourt de la nouvelle en 2002 pour son recueil Mythologie française, Prix Jean Freustié pour Ce monde est tellement beau, Actes Sud, 2021), il avait déjà consacré un ouvrage à son maître : Georges Bernanos, encore une fois, en 1998.

Ci-dessous le lien de la chronique de Katherine Werchowski à propos du Journal d’un curé de campagne de Bernanos.

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