Lettres à Anne. Correspondance de François Mitterrand à Anne Pingeot

Lettres et le géant
De
François Mitterrand
Adaptation : Patrick Mille et Benjamin Guillard
Durée : 1h30
Mise en scène
Benjamin Guillard
Avec
Patrick Mille, et la voix d’Irène Jacob
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre du Rond-Point
2bis, avenue Franklin Roosevelt
75008
Paris
01 44 95 98 21
Du 1er au 19 décembre à 18h30, du 21 au 31 décembre à 20h30

Thème

Il a quarante-six ans, Anne Pingeot dix-neuf lorsqu’il la rencontre.
Entre 1962 (la première est lettre est datée du 19 octobre) et 1995 (la dernière est écrite le 22 septembre à Belle-Ile), soit pendant 33 ans, François Mitterrand écrit 1 200 lettres à Anne.

Tout d’abord simple homme politique puis Président de la République, il oublie la posture de l’homme de pouvoir pour investir la sphère de sa vie privée. Il se révèle amant passionné, poète, moraliste et fin connaisseur de l’âme humaine.

Cette relation longtemps secrète a été mise en lumière avec la parution du très beau livre Lettres à Anne, paru en 2015 aux éditions Gallimard.

Points forts

  • C’est une déferlante : des centaines de lettres, parfois plusieurs le même jour, pour conquérir, séduire puis tenter de garder Anne Pingeot. Le choix a dû être cornélien tant elles en disent long sur l’homme que fut François Mitterrand, à travers ses écrits. Il y exprime son amour mais il décrit également son quotidien de député et d’homme politique.
  • De ce journal, le spectacle retient principalement ces « fragments d’un discours amoureux ». L’auteur utilise un langage parfois simple, parfois fleuri, pour témoigner ses sentiments à l’être aimé. Il y révèle une intimité troublante et des aspects totalement inconnus de sa personnalité. Cet amour secret et indéfectible magnifiquement exprimé nous permet de découvrir une nouvelle facette de cet homme protéiforme.
  • Le spectacle trouve instantanément son propre rythme, grâce au choix très judicieux de Patrick Mille et soon metteur en scène Benjamin Guillard qui sont aux manettes de ce spectacle très réussi. Le comédien incarne François Mitterrand sans chercher à le copier. Il se glisse subrepticement dans ses affaires pour composer un homme amoureux qui a choisi l’écriture comme « passeur » de son amour pour Anne. Patrick Mille prend là une épaisseur que ses rôles au cinéma ou à la télévision ne laissaient pas soupçonner.

Quelques réserves

Aucune réserve.

Encore un mot...

A la mort de sa mère en 2020, Patrick Mille a découvert les dizaines de lettres que ses parents échangeaient lorsque la famille rentrait l’été au Portugal et que le père restait travailler à Paris. « Je ne connaissais pas du tout l’existence de ces courriers, ça m’a bouleversé. Je me suis dit que ça pourrait faire un beau spectacle et j’ai repensé aux lettres de François Mitterrand » Il a alors écrit à Anne Pingeot pour lui faire part de son désir de mettre en scène cet « hymne à l’amour ».

Une phrase

Extrait de la lettre du 24 mars 1964, la nuit. C’est la troisième lettre qu’il écrit dans la journée.

« Vous m’avez dit que mes lettres vous donnaient souvent l’impression de s’adresser à moi-même. Non. Ce n’est peut-être pas toujours à vous que je parle (si, pourtant, je le crois) mais c’est à cause de vous que j’ai envie de parler, que j’en ai le goût et la force. Je n’ai rien dit et à personne pendant des années ».

L'auteur

On pourra être surpris de retrouver l’ancien Président de la République (1981 – 1995) au rayon des auteurs dramatiques. On a beaucoup glosé sur ses goûts pour les écrivains de droite – Barrès Chardonne, Drieu la Rochelle -  sa complicité avec Sagan et Duras et ses frustrations inassouvies d’écrivain.
Il avait des gouts très éclectiques et une vraie passion pour les librairies qu’il fréquentait assidument.

Ainsi n’est-il pas finalement pas surprenant de le voir prendre la plume aussi fréquemment, même si cette correspondance privée n’était pas destinée à être rendue publique (mais qui peut affirmer qu’il n’y ait pas pensé). Un grand merci à Anne Pingeot pour le plaisir qu’elle nous procure, une première fois en autorisant la publication de ces lettres, une seconde en acceptant qu’elles soient reprises sur scène

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