L’événement

Une réussite totale, un récit dont on ressort profondément bouleversé
De
Annie Ernaux
Durée : 1h15
Mise en scène
Marianne Basler
Avec
Marianne Basler
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dulin
75018
Paris
01 4 06 49 24
Du 13 février au 27 mars, les mardis et mercredis à 19h

Thème

  • L’événement, c’est le titre du livre, publié en 2000, à l’âge de 60 ans par Annie Ernaux, qui raconte trois mois de sa vie, en 1963, dans une résidence étudiante à Caen.
  • Après une visite médicale où elle apprend qu’elle est enceinte, elle décide d’avorter, ce qui est encore interdit en France à cette époque. 
  • Aucun médecin, aucune structure médicale ne pouvant mettre fin à sa grossesse, elle va donc devoir faire appel à une “faiseuse d’ange“ ...

Points forts

  • C’est un récit clinique (sans mauvais jeu de mot) que nous livre Marianne Basler : celui de la rencontre de la jeune femme avec une “faiseuse d’ange“, de l’intervention et de ses conséquences, de son hospitalisation et de sa solitude dans cette épreuve …
  • Ce récit fait de mots simples est d’une incroyable violence, d’une cruauté inouïe pour celle qui a choisi de se faire avorter. Le récit était bouleversant, la pièce l’est peut-être un peu plus encore, incarnée par l’interprétation poignante et organique de Marianne Basler.
  • Rien de racoleur (on frémit à l’idée de ce qu’aurait pu en faire un épisode de téléréalité) ni même de romanesque dans le récit d’Annie Ernaux ni dans la mise en scène et l’interprétation de Marianne Basler, qui épouse parfaitement le texte, et de la force qu’elle en tire, elle parvient à restituer puissamment le récit, simple et cruel.
  • Un texte “à l’os“, une mise en scène épurée, une interprétation tout en retenue, pudique et intériorisée … L’ensemble, d’une extraordinaire cohérence touche et émeut, sans artifice ni effet. Et c’est probablement de ce dénuement, auquel nous ne sommes plus habitués, que nous vient l’intensité dramatique que le lecteur a du ressentir.

Quelques réserves

Aucune réserve.

Encore un mot...

  • Annie Ernaux déclarait le soir de la “première“ : « J’ai redécouvert mon texte. »
  • Les deux femmes avaient déjà vécu une précédente expérience théâtrale en 2018 aux Déchargeurs, lorsque Marianne Basler avait interprété L’autre fille, ce roman d’Annie Ernaux dans lequel elle raconte l’histoire de sa sœur disparue deux ans avant sa naissance, emportée à 6 ans par la diphtérie… Une sœur dont elle avait découvert par hasard l’existence lors d’une conversation entre sa mère et 

    et une cliente. A cette occasion, la jeune Annie avait entendu sa mère dire de la soeur défunte qu’ « elle était plus gentille que celle-là…»

Une phrase

  • « Que la forme sous laquelle j’ai vécu cette expérience de l’avortement – la clandestinité – relève d’une histoire, révolue, ne me semble pas un motif valable pour la laisser enfouie,  même si le paradoxe d’une loi juste, est presque toujours d’obliger les anciennes victimes à se taire, au nom de “c’est fini tout ça“, si bien que le même silence qu’avant recouvre ce qui a eu lieu. C’est justement parce que aucune interdiction ne pèse plus sur l’avortement que je peux affrontement, dans sa réalité, cet événement, inoubliable. (…) D’avoir vécu une chose, quelle qu’elle soit, donne le droit imprescriptible de l’écrire. » [Annie Ernaux]
  • « Alors que dans de nombreux pays, le droit à l’avortement est remis en question, que les droits des femmes sont bafoués, et qu’il y a moins d’un an en France, une proposition de loi constitutionnelle visant à garantir le droit fondamental à l’interruption volontaire de grossesse a été rejetée, je trouve essentiel de prolonger l’écriture d’Annie Ernaux, en transmettant au théâtre ce récit d’un avortement clandestin dans toutes sa violence et sa crudité. » [Marianne Basler]

L'auteur

  • Annie Ernaux est une autrice à part (elle tient à ce féminin). Autrice, donc, d’une quinzaine de livres en un peu plus de trente ans, elle livre au compte-goutte les épisodes marquants de son existence sous une forme romanesque, se servant d’un matériau autobiographique comme terrain de questionnement social.
  • Son oeuvre, qualifiée “d’auto-socio-biographique“, se caractérise par un style épuré où chaque mot est choisi, pesé, au service de récits courts, compacts, qui ne s’éloignent jamais de leurs sujets mais le creusent, le tordent, l’auscultent jusqu’à en extirper la complexité, sans retenue ni pudeur.
  • Annie Ernaux a reçu le Prix Nobel de littérature en 2022 pour « « le courage et l’acuité clinique avec laquelle elle découvre les racines, les éloignements et les contraintes collectives de la mémoire personnelle. »

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