Un vivant qui passe

Il n’est de pire aveugle …
De
Claude Lanzmann
Durée : 1 heure
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Atelier 1 place Charles Dullin
Théâtre de l’Atelier 1 place Charles Dullin
75018
Paris
01 46 06 49 24
30 représentations exceptionnelles, jusqu‘au 17 octobre, du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 11h

Thème

Le texte de la pièce est la transcription mot pour mot de l’entretien qu’eût Claude Lanzmann avec Maurice Rossel en 1979, pendant le tournage de Shoah. Ce dernier, citoyen helvète fût à partir de 1940 le délégué à Berlin du comité international de la Croix-Rouge (CICR).

C’est à ce titre qu’il se rendit, avec le plein accord des autorités allemandes, dans le « ghetto modèle » de Therensienstadt en juin 44, sans avoir conscience du piège qui lui était tendu.

Il se laissa abuser complètement par la mise en scène organisée par les nazis. Il ne vit pas l’horreur au-delà de la « parodie ».

Interrogé par Lanzmann, 35 ans après, il raconte …

Points forts

·  Le texte, une conversation entre Claude Lanzmann et Maurice Rossel, est le récit hallucinant d’un homme qui raconte comment il a été dupé, aveuglé, sans rien déceler de la supercherie et du mensonge des nazis.

·  Claude Lanzmann, petit à petit, le met en face de ses contradictions, l’amène à réfléchir à ce qui s’est passé avec le recul du temps, mais Maurice Rossel persiste et signe : "si c’était à refaire, il le referait". On est la limite du négationnisme, du complotisme, de la part d’un homme respectable, sain de corps et d’esprit mais emmuré vivant dans son aveuglante vérité. Parfois, il semble légèrement déstabilisé et puis ça passe …
Claude Lanzmann garde tout au long de l’entretien un calme remarquable, concentré uniquement à faire rejaillir LA vérité.

·  Le dispositif scénique, ou plutôt l’absence de scénographie amplifie la puissance du texte. Samy Frey est assis derrière une table lorsque le rideau se lève. Durant toute la pièce, il n’aura pas un geste, pas une mimique, concentré exclusivement sur le texte, sur la parole, sur l’Histoire dont il n’est que l’interprète, le passeur. C’est l’art de l’effacement ou comment disparaître derrière la grandeur d’un texte poignant.

·  Sa voix est celle des protagonistes qui se répondent, avec une justesse de ton parfaite, sans pathos, sans artifice. Du grand art.
Et lorsqu’il a fini, il se lève simplement. Sans saluer. Et le rideau se baisse sur cette tragédie comme Maurice Rossel abaissera le rideau de l’Histoire sur l’extermination des juifs.

Quelques réserves

Pas de réserve.

Encore un mot...

La lecture au théâtre est un genre particulier et souvent un peu frustrant : il prive le comédien, et le spectateur, de la moitié du jeu de l’acteur, empêché de se mouvoir dans l’espace et de donner à sa parole l’ampleur et la force du geste.
On en ressort généralement à demi satisfait même lorsque le texte est beau et bien récité.
Il faut, comme ici, une rencontre entre un texte et un comédien qui l’incarne pour que le pari soit réussi.

Une phrase

C'est ainsi que commence la pièce :
« Je remercie Maurice Rossel de m’avoir autorisé à utiliser aujourd’hui l’interview qu’il m’avait accordé en 1979. « Maintenant octogénaire, m’a-t-il écrit, je ne me souviens plus très bien de l’homme que j’étais alors. Je me crois plus sage ou plus fou ; et c’est la même chose. Soyez charitable, ne me rendez pas trop ridicule ».
Je n’ai pas cherché à le faire.

L'auteur

·  Claude Lanzmann fût tour à tour journaliste, écrivain cinéaste et producteur de cinéma.

· Il consacra à son « grand œuvre », Shoah, 12 années de sa vie, entre les recherches documentaires, celles des survivants, des bourreaux et des survivants avant que le film ne sorte en 1985, après une dizaine de campagnes de tournage et six ans de montage. D’une durée de 9 heures, Shoah est considéré comme un monument du cinéma. Sans utiliser aucune image d’archives, il parvient à dire l’indicible sur le génocide.

·  Mais sa vie ne se résume pas à ce film. Il la raconte sa vie dans ses mémoires, le lièvre de Patagonie.

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