Bash

De
Neil LaBute
Adaptation de Pierre Laville
Mise en scène
Gilbert Pascal
Avec
Sarah Biasini et Benoît Solès
Recommandation

Sautez le pas, acceptez de vous laisser surprendre, voire bousculer. Il y a de bonnes chances que vous ne le regrettiez pas...

Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier
75014
Paris
0145454977
Jusqu'au 26 avril

Thème

Voici une pièce qui arrive en France après une solide carrière internationale : à travers trois histoires, à peine hors du commun, comment des gens comme les autres, j'allais dire comme vous et moi, sont non seulement amenés à tuer mais sans en éprouver, semble-t-il, par la suite, aucun remords.

Points forts


1 Le texte initial et l'adaptation :
    - trois récits très simples, très concrets, avec des mots qui collent à la réalité et qui nous font pénétrer dans la vie des gens, intimement.
    - la description de ces moments de bascule, où s'accomplissent ces gestes fous mais qui, en même temps, correspondent parfois à la logique souterraine d'une vie.
    - derrière tout cela, en filigrane, la remise en cause d'une société fâchée avec les valeurs, avec les repères, étourdie d'immédiateté.
Comme si la violence d'un mode global de fonctionnement social débouchait tout naturellement sur l'exaspération des violences individuelles et amenait des gens ordinaires à déjanter, presque sans s'en rendre compte ou, en tous cas, sans en éprouver de culpabilité profonde. Ils ont suivi leur instinct du moment, basta! Pourquoi ? "Il n'y a jamais de réponse", dit la jeune mère infanticide. Ou alors, on met cela sur le dos du destin...

2 La mise en scène :
    - Gilbert Pascal a réalisé une mise en scène toute en retenue, pleine de sobriété, de tact. Ce qui rend encore plus flagrant le côté ahurissant de ces gestes meurtriers.
    - les jeux de lumière, conçus par Laurent Béal, sont superbes.
    -  La musique, avec les voix de Billie Holiday et Dionne Warwick, est, c'est le cas de le dire, à damner...

3 L'interprétation. 
Les deux acteurs sont remarquables :
    - Bruno Solès ne force jamais, sachant exprimer chaque chose à son vrai niveau d'intensité.
    - Sarah Biasini est d'un naturel confondant, générant une émotion intense avec des riens. Et avec ce merveilleux sourire traversé par toute la grâce du monde et qui rend plus énigmatique encore son comportement. 
 

Quelques réserves


1 La charge anti-religieuse, à travers une référence furtive à l'eau bénite, ne s'imposait vraiment pas.

2 En deux ou trois moments on peut trouver cela un peu long. Mais ça ne dure pas longtemps.

3 Le grand hic, c'est l'affiche, qui présente un couple amoché après bagarre, en contradiction totale avec la subtilité du texte et le déroulement de l'action. A faire fuir bien injustement les spectateurs potentiels.
 

Encore un mot...


1 Pour se laisser emporter, voire emballer par l'originalité de la démarche et la maîtrise exceptionnelle du récit, il faut évidemment accepter de voir remettre en cause certains  piliers de notre civilisation : distinction entre le bien et le mal, capacité personnelle au discernement etc...

2 En voyant un tel spectacle, on en vient à se demander si nous ne risquons pas de rentrer dans un monde où seuls les saints auraient mauvaise conscience...

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