Cap au pire

Beckett, pour le pire ou presque, malgré Denis Lavant...
De
Samuel Beckett
Mise en scène
Jacques Osinski
Avec
Denis Lavant
Notre recommandation
2/5

Infos & réservation

Théâtre Athénée Louis Jouvet
7 rue Boudreau
01 53 05 19 19
Jusqu'au 14 janvier Mardi:19h, mercredi, vendredi, samedi: 20h, dimanche: 16h

Thème

Il est bien difficile de parler de thème dans un texte qui n’en a pas d’explicite. C’est un jeu avec et sur les mots, qu’on pourrait comparer aux "Exercices de Style" de Queneau. Mais c’est bien plus tragique et oppressant: le texte commence par « encore », et cet « encore" revient tout au long de la pièce, jusqu’à la dernière ligne. C’est l’attente angoissée, de quelque chose qui ne vient pas. A partir de cet « encore », la langue se délie, en haletant, le silence retombe, et puis la parole revient avec cet « encore ».La critique du Monde de Patrick Kéchichian, en donne une bonne idée, sous un jour favorable: « Ecoutez. Lisant, écoutez cette voix dénudée, ce chant très pur, comptine tout autant qu’épopée, ce chant qui est l’un des plus bouleversants « encore » de la littérature. »

Points forts

1)  Le grand point fort de cette représentation, c’est le jeu de l’acteur, Denis Lavant, qui accomplit une performance incroyable: tenir la salle avec un texte heurté, difficile, au sens obscur, dans un courageux monologue. Il le fait sur un rythme lent coupé par  quelques silences oppressants.

2) La mise en scène peut être placée dans les points forts ou faibles: le faible éclairage avec juste une plaque un peu lumineuse au sol, supposée représenter un puits qui va aspirer le personnage, le costume noir sur un décor noir, accentuent l’atmosphère angoissée du texte et soulignent le côté noir du personnage.

Quelques réserves

1) Le point fort n°2 peut être aussi considéré comme un point faible.

2) Le texte n’est pas une pièce de théâtre, et le fait de le jouer me parait un choix difficile et contestable. C’est intermédiaire entre la lecture et la récitation.

3) L’immobilité presque totale de l’acteur s’explique, mais elle apporte une monotonie lourde et pénible. Et quand il bouge un peu, c’est à la manière d’un automate. c’est ainsi qu’il se présente au moment des applaudissements.

4) Ce texte, ésotérique à la lecture, ne s’éclaire guère au théâtre.

Encore un mot...

C’est un message de désespoir, même si quelques rires grinçants apparaissent parfois. L’honnêteté m’oblige à dire que la salle était pleine, et que Denis Lavant a été beaucoup applaudi, pour sa performance, je suppose.

Une phrase

« Assez. Soudain assez. Soudain tout loin. Nul mouvement et soudain tout loin. Tout moindre. Trois épingles. Un trou d’épingle. Dans l’obscurissime pénombre. A des vastitudes de distances. Aux limites du vide illimité. D’où pas plus loin. Mieux plus mal pas plus loin. Plus mèche moins. Plus mèche pire. Plus mèche néant. Plus mèche encore.
Soit dit plus mèche encore. » (c’est la fin de la pièce)

L'auteur

Samuel Beckett est né en 1906 en Irlande, a fait ses études de philosophie et de langues romanes à Trinity College et fut lecteur à l’ENS Ulm en 1928. En 1939, il vient en France et s’engage dans la Résistance. Il écrit en anglais et en français. Ses pièces les plus célèbres sont « En attendant Godot », en 1948; et "Oh!les Beaux Jours", en 1961. « Cap au pire" est l’un de ses derniers textes, écrit en 1982. La mort y transparaît. Il meurt en 1989.

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