Céline/Proust: Une Rencontre?

De
Textes de Marcel Proust et de Louis-Ferdinand Céline
Adaptation de Emile Brami et Mikaël Hirsch
Mise en scène
Ivan Morane
Avec
Ivan Morane, Silvia Lenzi (viole de gambe, violoncelle).
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Les Déchargeurs
3 rue des Déchargeurs
75001
Paris
0142360050
Du mardi au samedi, à 19h30. Jusqu'au 28 février 2015

Thème

Une table est dressée avec deux couverts, pour une rencontre improbable entre deux des plus grands écrivains français du XXe siècle, si ce n'est les plus grands... L’idée étant de confronter les souvenirs qu’ils ont de leurs mères et grands-mères, mais aussi de les faire dialoguer sur leurs souvenirs culinaires. Ce qui donne cet échange (savoureux, parmi d’autres) :

Proust : “… Une barbue… qu’on sert non avec la colle à pâte que préparent sous le nom de sauce blanche tant de chefs de grandes maisons, mais avec de la véritable sauce blanche, faite avec du beurre à 5 francs la livre !”

 Céline : « Eh bien, chez nous on bouffait des nouilles ! Pourquoi ? Parce que la nouille, ça n’a pas d’odeur et ça ne risque pas de gâcher les dentelles de la boutique de madame mère ! » 

Points forts

• Le souffle de l’écriture de Céline, ses invectives, ses coups de gueule : « Je suis né peuple et les aisances de la vie veloutée n'entament point ma constitution décidément plébéienne !».  Même si ses « youpin » et « inverti » à l’adresse de Proust nous paraissent effroyables, pour lui, la question principale c’était « le style ! le style ! le style ! ». 

• Abonné à Céline (il a récemment signé la mise en scène de« Faire danser les alligators sur la flûte de pan » avec Denis Lavant au théâtre de l’Œuvre), Ivan Morane est plus convaincant dans son interprétation de l’auteur de « Mort à crédit » que dans celle de Proust. 

• L’alternance des textes est ponctuée musicalement par la délicate Silvia Lenzi, à la viole de gambe et au violoncelle. Elle interprète aussi des chansons réalistes des années 30. 

Quelques réserves

Est-ce pour venger Louis-Ferdinand de la fadeur de ses macaronis ? Le metteur en scène a eu l’idée de faire cuire la côtelette de Proust dans le petit espace du théâtre, certes charmant et de très grande qualité, des Déchargeurs, mais j’aurais pour ma part préféré les effluves sucrés de la madeleine !

Encore un mot...

De l’excellent théâtre, servi par un adaptateur-interprète, Ivan Morane, qui émeut, fait rire, bouleverse.  Et donne envie de retourner aux textes.

Une phrase

Plutôt deux:

« Ma mère ne vint pas. Et pour la première fois je sentais qu’il était possible qu’elle vécût sans moi, autrement que pour moi, d’une autre vie… » (Marcel Proust)

« Ma pauvre mère ! Elle me hante… Je me repends effroyablement de mes duretés envers elle... elle est morte de chagrin de moi… des palpitations… d’inquiétudes… » (Louis-Ferdinand Céline)

L'auteur

Marcel Proust (1871-1922), issu d'une famille aisée et cultivée, est un enfant chétif et fragile, extrêmement attaché à sa mère. 

Louis-Ferdinand Céline (1894-1961), est né à Courbevoie, d’un père employé aux écritures dans une compagnie d’assurances, et d’une mère commerçante en dentelles, passage Choiseul à Paris.

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