Chroniques festivalières d'Avignon - 11 juillet

Notre recommandation
4/5

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LE RENARD ET LA TERRE de et mise en scène Anthony Magnier

Avec : Agathe Boudrières, Solveig Maupu

THEATRE DES LUCIOLES - 9H25

Oby, petite fille élevée par une renarde, vit heureuse dans la forêt. Un jour, un papillon l’entraîne loin de chez elle. Oby découvre une nature menacée par la pollution. Commence alors une quête merveilleuse peuplée de rencontres étonnantes où elle devra sauver la nature et se confronter à ses propres peurs.

Un joli conte délicat sans un mot, accessible à tous dans lequel la question de l’écologie est traitée avec intelligence. Servi par de magnifiques images projetées et une manipulation de marionnettes. Un spectacle de l’éveil pour les plus jeunes et un rappel à la vigilance pour les plus grands.

Recommandation : 3 coeurs

 

NJIM - de Njagui Hagbe, Eric Bouvron, Pauline Durand
Mise en scène : Éric Bouvron

Avec : Pauline Durand, Martin Thai, Carlos Da Silva, Franck Chenal

THEATRE DES LUCIOLES - 10H10

C’est l’histoire d’un champion du monde de Hip Hop le jour, voyou la nuit. Inspiré de faits réels, ce spectacle raconte l’énigme d’un homme tiraillé entre sa passion pour la danse et son besoin d’adrénaline. Ici, la danse est plus qu’une simple chorégraphie, elle est l’expression à part entière de l’histoire de Njim : les corps deviennent les conteurs et la comédienne se fond dans la danse. La vie intense de Njim se raconte en même temps que l’histoire de la danse Hip Hop dans un déluge de figures acrobatiques. La musique live embarque définitivement le spectateur dans ce récit haletant.

C’est une décharge d’adrénaline dès les premières minutes qui va déferler sur le public durant tout le spectacle. Une fable moderne qui témoigne des débordements et des errances de notre temps. Le parcours électrisant d’un jeune génie de la danse déchiré entre son besoin de sensations fortes et l’exultation d’un corps qui ne demande qu’à s’exprimer. Les quatre artistes sont dirigés au plateau sous la houlette d’Eric Bouvron, qui, une fois de plus, a su mettre en valeur tous les déchirements du cœur et les aspirations d’une jeunesse bousculée avec une économie de moyens qui nous laisse tout loisir de créer nos propres images. Il faut rendre un bel hommage aux chorégraphies envoûtantes de Njagui Hagbe qui magnifient le spectacle et aux trois danseurs qui nous donnent le meilleur de leur performance avec intensité et générosité. Un bon coup de fouet, tôt le matin, vous voilà boosté pour la journée !

Recommandation : 5 coeurs

 

CIGALON de Marcel Pagnol, Fred Muhl Valentin, Isa Fleur
Mise en scène : Frederic Muhl

Avec : Gregory Amsis, Amandine Flé, Yann Prevot, Livane Revel, Fred Muhl Valentin, Mari Laurila Lili

THEATRE DU ROUGE-GORGE - 13H10

À la Treille, une famille se promène ; alors qu’ils ont très faim, ils s’installent à la terrasse du Cigalon. La vue est imprenable ! À l’intérieur, une femme avertit Cigalon, le propriétaire-cuisinier du restaurant ; elle semble surprise que des personnes viennent manger...” C’est une farce, presque du marivaudage... Ce sont des moments de tendresse dans un océan burlesque...Les chansons de Vincent Scotto et les compositions d’Isa Fleur apportent une touche poétique et notre Cigalon devient un véritable spectacle musical.

Un charmant divertissement marseillais en chansons. La douceur et la tendresse de Pagnol sur des couplets chantés qui fleurent bon la Provence.

Recommandation : 2 coeurs

 

RENTREE 42 : Bienvenue les enfants ! de Pierre-Olivier Scotto, Xavier Lemaire
Mise en scène : Xavier Lemaire

Avec : Anne Richard, Isabelle Andréani, Emilie Chevrillon, Fanny Lucet, Dominique Thomas, Michel Laliberté

THEATRE LA LUNA - 16H50

Une rentrée des classes dans une école du 11ème arrondissement de Paris le 1er octobre 1942. Nous sommes le jeudi 1er octobre 1942, c’est la veille de la rentrée des classes
à l’école élémentaire de filles “Victor Hugo” du 11ème arrondissement de Paris...

Les maîtresses se retrouvent après les grandes vacances pour préparer la rentrée...

Le lendemain, à 8h25, il n’y a que 14 élèves sur 123 ! Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Que fait-on ?

 

L’AEROPORT – de et mise en scène par Philippe Beheydt

Avec : Laura Favier, Philippe Beheydt

THEATRE PRESENCE PASTEUR - 19H35

Un aéroport bloqué par la neige. Une salle d’attente. Un homme qui a très envie de parler, une femme qui veut juste être tranquille. Et au bout de cette nuit, la plus belle, la plus courte et la plus intense des histoires d’amour.

Voilà une jolie pièce qui n’aurait pas déplu à Alfred de Musset par sa légèreté de ton et par son parti pris romantique contemporain. Les lieux et les temps changent, mais l’humeur est la même. Parce que c’était lui, parce que c’était elle, l’espace d’une nuit « rêvée » peut-être, mais qui a la force et le charme du « sans lendemain » avec tous ses possibles et ses rimes avec « toujours » qui ne durent que l’espace d’un jour. Une étincelle qui enflamme deux cœurs à la dérive. Philippe Beheydt et Laura Favier forment un joli couple à la faveur d’une improbable liaison dans cet espace où tout n’est que passage propice aux illusions. Passion, pulsion, déraison, prenez la direction que vous voudrez vers la destination qui vous siéra le mieux. Bon voyage !

 

UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DE SEXE DEGUEULASSE  de Pierre Notte
Mise en scène Benoît Giros

Avec : Pierre Notte et Benoît Giros

AVIGNON-REINE BLANCHE - 21H50

Deux hommes de plus de 50 ans ne veulent plus d’amour, un idéal auquel ils ne croient plus. Ils tombent pourtant systématiquement l’un sur l’autre sur les applications spécialisées. Clowns tragiques et grotesques, ils tentent de s’adapter aux outils contemporains du sexe. Ils croient savoir ce qu’ils veulent et se trompent. Ils essaient tout, ensemble, mais surtout contre l’autre.

Sans complexe aucun, Pierre Notte ouvre la boîte de Pandore des désirs parfois excessifs d’un monde interlope homosexuel à la recherche de son plaisir. Il est question d’amour, de désir, de tolérance, mais aussi de tendresse, de pudeur. La forme tragique et clownesque adoptée par Benoît Giros convient à merveille à cet univers dont Copi trouve ses héritiers.

Il y a de la jouissance, une mécanique de la langue parfaitement maîtrisée qui nous gifle et nous maltraite avec gourmandise et férocité. Plongée aux cœurs des démons qui nous habitent ou quête infiniment désespérée du bonheur pour ces deux personnages au destin intimement lié, malgré eux.

Portrait d’une société qui met à mal notre rapport à l’intime, mais fougueuse envie de crier haut et fort l’envie d’aimer. Une salutaire et salvatrice provocation. Un cri déchirant d’amour sous le fard du clown désespéré. Une soirée réjouissante comme un magnifique doigt d’honneur aux conventions et aux mœurs étriquées.

Recommandation : 4 coeurs

 

NOTRE PETIT CABARETde et avec Béatrice Agenin et Emilie Bouchereau

THEATRE DES GEMEAUX - 21H30

Au cabaret on a tous les droits. Le droit d’être magicien, musicien, rappeur, le droit de se déhancher sur Cole Porter, d’être insolent, d’envoyer le prince charmant sur les roses, d’invoquer Rimbaud, Proust et Verlaine. Mère et fille se jouent des conventions, s’amusent à se transmettre dans une infinie tendresse, leur joie de vivre, avec les merveilleuses chansons de Marie Dubas, Trenet, Barbara et des compositions contemporaines. Un spectacle d’humour et d’amour.

Fantaisie musicale et poétique où Rimbaud côtoie Cole Porter, Proust et Racine sont en voisins de Madame Colette agrémentés des compositions musicales d’Emilie Bouchereau. Mère et fille évoluent en totale complicité et tendresse pour un voyage commun au cœur des sentiments. Béatrice Agenin, merveilleuse comédienne, nous enchante par la musicalité des textes qu’elle nous offre et en profite pour s’amuser aux dépens de Racine dont elle fut une inoubliable interprète. Emilie Bouchereau, chanteuse et musicienne, complète le tableau de ses compositions délicates et de ses interprétations personnelles de grands standards. La complicité est au cœur de ce spectacle qui est une très jolie déclaration d’amour filial. Voyagez un moment sur le fil de l’émotion grâce à vos deux hôtesses. Ici tout est calme et beauté, luxe, calme et volupté.

Recommandation : 3 coeurs

 

DISSIDENT IL VA SANS DIRE - Michel Vinaver
Mise en scène Hugo Givort

Avec : Judith d’Aleazzo et Pablo-Cherrey-Iturralde

THEATRE DU PETIT CHIEN - 17H40

La mère et le fils habitent tous les deux ensemble depuis le départ du père. Une complicité tendre les unit.

Mais la vie au dehors ne fait pas de cadeau et n’offre pas de perspectives extraordinaires.

Philippe, lui, les refuse. Cette société de la fin des années 80 ne le fait pas vibrer, pas rêver, il s’en exclut peu à peu, sans bruit, sans révolte particulière. Il attend un temps qui ne vient pas. Hélène, elle, pourvoit aux soins du quotidien. Elle aimerait qu’il soit heureux, elle aimerait être amoureuse. Elle se laisse bercer, indolente par une vie sans remous.

Ces deux solitudes ballottent au gré de la vie, du monde, de la société. Alors Philippe se sépare peu à peu de tout, il fait dissidence, Hélène est là, comme une bouée pour l’empêcher de se noyer.

Il y a dans ce couple de comédiens formidables – Judith d’Aleazzo et Pablo-Cherrey-Iturralde - , un jeu d’écoute et de regard qui provoque immédiatement une tendresse empathique de la part d’un public attentif. Les situations sont simples et quotidiennes – comme toujours chez Vinaver – mais avec cette violence sourde, discrète d’une société qui exclut les êtres velléitaires. La tendresse et l’amour peuvent-ils résister au rouleau compresseur d’une société qui se cherche. Dans sa première mise en scène Hugo Givort immerge ses deux interprètes dans un univers chargé d’images qui étouffent un peu plus les personnages dans leur intimité. Avec un brin d’humour, dans tous les extraits projetés, des figurines remplacent les visages et la présence des journalistes. La « mère Courage » délicieusement fanée qu’incarne Judith d’Aleazzo distille dans les douze tableaux de cette tragi-comédie du quotidien tout son charme et son talent. Fragile et tendre, perdue et résignée, elle imprime aux couleurs de cette femme une teinte tout particulière de fragilité singulière. Pablo-Cherrey-Iturralde, jolie révélation de ce spectacle, développe sans artifice des qualités d’indolence et de révolte vaine qui lui donnent une image quasi-rimbaldienne. Un duo qui fonctionne à merveille, redécouvrir l’écriture de Michel Vinaver. Un spectacle social, un spectacle de cœur, un spectacle à ne pas manquer, … il va sans dire.

Recommandation : 4 coeurs

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