Chroniques festivalières d'Avignon - 16 juillet

Notre recommandation
4/5

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Yoko, la méduse amoureuse d’un sac plastique - de Thomas Cannariato

Mise en scène : Madlyn Farjot

Avec : Léa Bridarolli, François Auger, Julie Manautines, Thomas Cannariato

Théâtre de la Luna - 10H

Alors qu’elle s’était perdue dans une forêt d’algues, un OCNI - objet coulant non identifié - délivre accidentellement YOKO des griffes de deux anémones. Il s’agit de TCHIP, un sac en plastique échappé d’un supermarché. Ils tombent amoureux. Débute alors
pour la jeune méduse une aventure extraordinaire qui l’emmènera par-delà le continent noir, vers le monde inconnu des abysses, à la recherche de la source de vie.

Un charmant conte écologique qui éveille les spectateurs à partir de 6 ans aux enjeux de la pollution plastique dans les océans. C’est également une adaptation subtile du mythe de « Roméo et Juliette » qui se présente sous une forme théâtrale et dansée. Cette romance entre un sac plastique et une méduse est agrémentée d’une très belle scénographie et d’un jeu de lumière ingénieux qui captent toute l’attention du jeune public très réactif. Humour, intelligence et esthétisme, trois belles qualités qui vous entraîneront à plonger au fond des océans pour y découvrir ses mystères et ses urgences.

Recommandation : 3 coeurs

 

Après coup - de Tadrina Hocking, Sandra Colombo

Mise en scène : Christophe Luthringer

Avec : Tadrina Hocking, Aude Roman, Gwenda Guthwasser, Valérie Moinet, Marie Le Cam
Théâtre des Carmes - 19H25

Une comédie dramatique qui raconte comment quatre amies découvrent trop tard que l’une d’entre elles a vécu un drame. Comment ont-elles pu passer à côté d’un tel bouleversement ? N’ont- elles pas voulu voir ? Et nous qu’aurions-nous fait ?

Saurons-nous jamais être assez attentifs et vigilants auprès de ceux qu’on aime. Pour témoigner d’un fait brûlant de l’actualité, Tadrina Hocking et Sandra Colombo ont opté pour une fiction sur l’amitié. Un choix fort qui placent nos protagonistes face à elles-mêmes et à leurs égoïsmes et à leur cécité sur le sort de leur amie tomber au « champ d’horreur ». Un texte d’une grande intelligence et d’une remarquable pudeur et dont la mise en scène de Christophe Luthringer tout en nuance frappe à la porte du cœur. Sans aucun pathos, ni faux-semblant la remarquable délicatesse de ce spectacle réside dans un traitement qui brosse avec humour et une sensibilité à fleur de peau le portrait de ces trois amies qui au cours d’une réunion annuelle vont laisser tomber un à un les voiles de leurs vérités. On se déchire, on se caresse, on se console mais on ne rompt jamais la chaîne. Une parole qui se livre et  délivre.Panser les blessures de l’âme pour garder le goût de la vie malgré les vicissitudes d’un drame aveugle hélas trop quotidien. Elles sont formidables, ces quatre comédiennes qui vibrent, s’égratignent et nous écorchent l’âme. S’il est un spectacle fort, urgent tout en tendresse qui témoigne que le théâtre est plus que jamais nécessaire pour réveiller les consciences et exalter plus que jamais la solidarité, l’entraide et le regard porté sur « l’autre ». Merci à toute cette équipe formidable.

Recommandation : 4 coeurs

 

Colorature Mrs Jenkins et son pianiste de Stephen Temperley

Mise en scène : Agnes Boury

Avec : Agnes Bove, Gregori Baquet, Ou Cyril Romoli

Théâtre du Chien qui fume - 21H15

New York 1930. Florence Foster Jenkins, riche héritière américaine, s’improvise soprano colorature et massacre les plus fameux airs d’opéra autant par la fausseté de sa voix que par ses fantaisies rythmiques. Des années plus tard, au piano d’un club de jazz en vogue, Cosme McMoon, son accompagnateur, nous fait revivre les souvenirs à la fois hilarants et bouleversants des douze années de leur étonnante collaboration et de cette incroyable ascension vers une célébrité dérisoire qui les mènera ensemble jusqu’au prestigieux Carnegie Hall.

Dieu que ce duo est drôle mais touchant à la fois. On connait tous la légende de cette femme excentrique au cœur généreux et à la démesure musicale. Cyril Romoli et Agnès Bove forme ce couple parfait qui du bout des doigts au piano et à la pointe de la glotte nous entraîne dans la folie de Mrs Jenkins. C’est une gourmandise délicieuse que l’on savoure dès les premiers instants et qu’on prend plaisir à déguster au fil des notes qui s’égrènent plus fausses que jamais dans la gorge de ce rossignol blessé qu’incarne à merveille Agnès Bove. La maestria de cet artiste qui subtilement manie le quart de ton en dessous est inénarrable et nous remplit de tendresse. Quel régal que le désespoir effaré qui agite Cyril Romoli quand derrière son clavier (dont il brille par son toucher), il tente d’insuffler la justesse d’un « presque » d’une note perdue à jamais dans le gosier de sa diva. Le talent d’Agnès Boury dans sa mise en scène et sa direction est de tisser avec une douce ironie mais une tendresse infinie le rapport de ces deux êtres – véritable mariage de la carpe et du lapin – Si finir votre soirée avec brio vous tente alors n’hésitez pas … vos oreilles dussent-elles en souffrir quelque peu, Mozart, Schuman, Delibes, Verdi aussi… c’est pour une très bonne cause et pour un spectacle de très belle facture et une comédie de grande tenue. Bravi a Tutti !

Recommandation : 5 coeurs

 

MERTEUIL - de et mise en scène par Marjorie Frantz

Avec : Chloé Berthier et Marjorie Frantz

La Condition des Soies pour deux représentations exceptionnelles, le mardi 18 juillet à midi et 16 h.

A quelques lieues de Paris, la marquise de Merteuil est mystérieusement convoquée par une missive lui enjoignant de se rendre dans un pavillon de chasse où elle retrouvera une connaissance. Piquée de curiosité, elle s’y rend malgré la retraite du monde qu’elle s’est imposée depuis son départ pour les Pays-Bas. Là, sa mystérieuse hôtesse se dévoile à sa grande surprise. S’ensuit un règlement de comptes à fleurets mouchetés dont chaque parole laisse comme une cicatrice nouvelle sur la peau de l’ancienne prédatrice.

Supposer une suite aux « Liaisons dangereuses » relève d’une certaine audace et d’un culot dont Marjorie Frantz relève avec brio le défi. On se délecte d’un phrasé qui jongle avec adresse avec un 18ème siècle qui vibre aux accents d’un 21ème siècle où tout est loin d’être réglé sur le sort des femmes. La question de leur place dans la société affleure tout au long du spectacle. Emprise, viol conjugal, consentement, abus mais aussi liberté d’aimer, droit de disposer de son corps, tels sont les thèmes et les enjeux qui déchirent les tentures immaculées qui enveloppent le décor. Le traitement du personnage de Chloé Berthier (dont je vous laisse le secret de l’identité) est particulièrement intéressant et en fait une préfiguration d’une femme libre aux dépends d’un siècle encore bien machiste – bien qu’il soit celui des Lumières. Il y a un parfum de romantisme violent qui se conjugue au tempérament tout empreint de l’esprit de Sade entre ces deux femmes que tout oppose mais au dénominateur commun : Valmont.

Plus de plume assassine ici mais une parole mordante, incisive pour un dénouement pour le moins surprenant. Un boudoir comme chambre des supplices, voilà ce que vous réserve cette soirée chez Madame de

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