Chroniques festivalières d'Avignon - 19 juillet 2025

• Moby dick – d’après Herman Melville

Condition des soies du 4 au 26 juillet à 17h05 - relâche les 9, 16, 23 juillet

Mise en scène : Benjamin Bouzy 

Avec : Vincent Marguet, Benjamin Bouzy, Fabien Floris, Pascal Loison, Vincent Marguet et Kevin Poli 

Moby Dick, formidable roman d'aventure, raconte l'histoire d'une obsession : depuis qu'un féroce cachalot a emporté la jambe du capitaine Achab, celui-ci le poursuit sans relâche de sa haine et de sa fureur.

C’est un spectacle magnifiquement éclairé qui se déroule sous nos yeux dans lequel la mise en scène et la scénographie nous donne des sensations fortes. De la cale à l’entrepont, la testostérone des cinq interprètes nous prend à bras le corps et nous embarque dans cette quête effrénée à la recherche du Léviathan blanc, obsession d’un homme qui entraîne ses hommes dans un cauchemar de tempêtes et de combats. Un spectacle captivant et envoûtant dont on sort « rincé » par les embruns et par la fougue.

Recommandation :  4 cœurs

• Après tout – Manon Mafrici et  Pasquale Fortunato

Théâtre Golovine du 5 au 25 juillet - relâche les 7, 14, 21 juillet 25

Mise en scène et chorégraphies : Pasquale Fortunato  et Manon Mafrici 

Avec : Pasquale Fortunato et Manon Mafrici 

Un spectacle espiègle sur le Temps au croisement de la danse urbaine-contemporaine et de la contorsion !

Nous sommes tous prisonniers du temps et les mouvements de rotation des aiguilles imprègnent les chorégraphies qui voient se dérouler ce temps de l’enfance à la maturité.

Entre contorsion impressionnante pour elle et break-dance pour lui, ces deux artistes à la technique parfaite insufflent à leur thématique de la poésie avec le sablier qui fait la jonction entre leurs univers singuliers. Il y a de l’enfance et du rêve, de la recherche d’un temps qui nous échappe dans nos rêves et de celui après lequel nous courons symbolisé par une petite lumière rouge, feu follet insaisissable. Et si l’amour était le lien indissoluble du temps ? Un lien qui nous permet de traverser ce temps d’exaltation en chagrins, d’extase en douceur partagée. Chacun trouvera son compte dans ce duo singulier terriblement vivant.

Recommandation :   4 cœurs

• Des fleurs pour Algernoon – de Daniel KEYES

Théâtre du roi René du 5 au 26 juillet à 09h45 - relâche les 9, 16, 23 juillet

Mise en scène et interprétation : William Mesguich

Musique : Amélie Stillitano et Raphaël Simon

Algernon est une souris dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l’intelligence. Enhardis par cette réussite, les savants tentent, avec l’assistance de la psychologue Alice Kinnian, d’appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d’esprit. C’est bientôt l’extraordinaire éveil de l’intelligence pour le jeune homme. Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu. Mais jusqu’où cette ascension va-t-elle le mener ?

Une œuvre au noir magistralement incarnée par William Mesguich dans un monologue poignant soutenu par une création musicale qui réagit comme un second partenaire.

Un artiste aux registres vocaux variés qui vous marquent et impriment tous les états du personnage. On est happé par la force et la vulnérabilité de ce Charlie Gordon et de sa tragédie. Impossible de rester insensible à cet hymne à l’humanité.

Recommandation :   4 cœurs

• Les rossignols du carnage – de Mathieu Laviolette et Dimitri Lepage

Théâtre Episcène du 4 au 26 juillet à 14h28 - relâche les 7, 14, 21 juillet

Mise en scène : Jérôme Jacob-Paquay 

Avec : Mathieu Laviolette et Dimitri Lepage

Dans un monde post-apocalyptique, deux hommes à la dérive se rencontrent au bord du gouffre. Tous deux savent que la fin est proche. Alors, pour célébrer ce qu’il reste d’humain en eux, ils décident de se raconter « la dernière histoire de l’humanité ». Une fresque intime et poignante où les échecs du monde résonnent avec leurs propres failles, entre confrontation et tendresse. 

C’est le cri d’une jeunesse qui veut vivre et qui dresse le portrait au noir d’une société décadente en mal d’humanité, de partage, de rêves avortés. Un hymne au récit toujours nouveau à inventer, réinventer, encore et toujours pour bâtir un lendemain plus clair, plus solidaire. Deux rossignols au milieu du chaos qui chantent désespérément l’espoir. Un texte singulier, une mise en scène apocalyptique sur fond de poésie. Les deux comédiens incarnent avec puissance deux fracassés de la vie et nous fracassent à l’aune de leurs rêves et de leurs espoirs. 

Recommandation :  3 cœurs

• Gagnant-Gagnant ! – de Gilles Dyrek

Condition des Soies du 4 au 26 juillet à 18h50 - relâche les 9, 16, 23 juillet

Mise en scène : Gilles Dyrek 

Avec : Benjamin Alazraki, Jean-Gilles Barbier, Séverine Debels, Gilles Dyrek et Xavier Martel 

Bienvenue à la pire convention d’entreprise !

Après « le retour de Richard III… » Gilles Dyrek signe à nouveau une comédie désopilante sur le monde de l’entreprise. Lui c’est un clown à la Buster Keaton qui de bévues en bonnes intentions catastrophiques va transformer une convention d’entreprise en champ de bataille. Chacun des protagonistes qui l’accompagne, compose une galerie de personnages hauts en couleur dont on rit avec délectation tant pour leur bêtise que pour leur méchanceté ou leur médiocrité. Dure gymnastique pour nos zygomatiques mais bonne soirée en perspective !

Recommandation :  4 cœurs

• Contre-temps – d’après la vie de François Courdot – de Eric Chantelauze,  Samuel Sené et  Raphaël Bancou

Théâtre des Corps Saints - du 5 au 26 juillet à 11h45 - relâche les 8, 15, 22 juillet

Mise en scène : Samuel Sené 

Avec : Julien Mouchel, Marion Préïté et Marion Rybaka 

Le sensationnel parcours de François Courdot, chef d’orchestre français d’opérette parti de France jusqu’à son arrivée à New-York dans le domaine de la comédie musicale. La découverte d’une œuvre singulière, originale d’un grand compositeur méconnu qui fut à l’origine d’un des plus gros succès du musical à Broadway. Une vie riche en rebondissements et contre-temps.

Quelle belle surprise que ce spectacle musical ! Quelle destinée musicale que celle de François Courdot qui composa, créa et croisa les plus grands et dont on se souvient à peine du nom. De l’opérette à la comédie musicale actuelle, de la musique contemporaine au jazz, les deux magnifiques interprètes et leur talentueux pianiste nous font remonter le cours de cette vie riche et passionnante de cet artiste méconnu mais dont la destinée vous surprendra … tout comme le spectacle dont la clé est surprenante. Car dans cette boîte à musique se cache un secret étonnant tout comme nous comme nous sortons de la salle. On fredonne avec ces deux rossignols les plus grands airs de ces répertoires qui chatouillent notre mémoire, on prend au passage une petite leçon de musique avec facétie et on balance délicatement (dans une scénographie originale) dans une fin de soirée à recommander.

Recommandation :   5 cœurs