Chroniques festivalières d'Avignon - 24 juillet

Notre recommandation
4/5

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ALICE GUY, MADEMOISELLE CINEMA – de Caroline Rainette

Mise en scène de Lennie Coindeaux et Caroline Rainette

Avec : Caroline Rainette, Lennie Coindeaux, Jérémie Hamon

Théâtre Baretta - 18H30

Pionnière du cinématographe, Alice Guy est la première réalisatrice au monde à réaliser des films de fiction. Effacée injustement de la mémoire du cinéma, on découvre son itinéraire passionnant, courageux, vertigineux. Un destin hors du commun.

Découvrir que le cinéma doit tout à une femme, pionnière dans le domaine, rétablit l’histoire de cet art dans ce qu’il doit à la parité. Alice Guy, phénomène de curiosité, d’inventivité, de courage lutte farouchement pour son indépendance et sa reconnaissance dans un monde machiste. Sa production cinématographique et sa contribution essentielle au développement du film scénarisé sont colossales. Effacée par le temps, on la sort à nouveau de l’ombre depuis quelques années, juste récompense d’un travail étonnant. Caroline Rainette et ses deux partenaires, Lennie Coindeaux et Jérémie Hamon nous font revivre cette épopée fougueuse des studios Gaumont, jusqu’au monde naissant d’Hollywood. Lennie Coindeaux et Caroline Rainette ont conçu ce spectacle comme un livre d’images animées sans jamais être didactiques (le montage vidéo est étonnant). On apprend l’évolution des techniques cinématographiques, on croise les frères Lumière, Georges Méliès, Gustave Eiffel. On palpite aux efforts, aux triomphes et aux revers de la jeune « fiancée » du cinéma. Un spectacle rythmé, riche, enlevé, joué par deux acteurs caméléons  et une comédienne aux multiples facettes. Laissez-vous « embobiner » !

Recommandation : 4 coeurs

 

COURGETTE – de Gilles Paris, Pamela Ravassard et Garlan Le Martelot

Mise en scène: Paméla Ravassard

Avec: Vanessa Cailhol, Lola Roskis Gingembre, Florian Choquart, Garlan Le Martelot, Vincent Viotti

Théâtre du Girasole - 10H

Trouver un chemin de vie, tracer sa route vers le bonheur quand tout s’est ligué contre vous dès votre prime enfance ; c’est ce que va vivre « Courgette », surnom donné au petit Icare. Il entre dans un foyer de réadaptation pour jeunes mineurs et va croiser la route de camarades aussi cabossés que lui. Il va nouer des amitiés et se fabriquer une nouvelle famille.

Une pièce optimiste, enthousiaste, fraternelle qui traite d’un sujet sensible avec toute la délicatesse que lui insuffle Pamela Ravassard, sa metteure en scène. Un regard humain sur ceux qui ont la lourde tâche de redonner goût à la vie à ces enfants perdus et faire naître l’espoir chez des enfants et des ados en mal de rêve. 10 ans, c’est l’âge des premiers émois et les émerveillements de Courgette sur toutes ses découvertes nous caressent le cœur.

Un spectacle tout public qui enchante le public dès 6 ans. Un spectacle nécessaire, un spectacle comme une caresse. Un spectacle où chaque interprète joue aussi bien d’un instrument de musique que de son propre instrument. Toutes les cordes sensibles vont vibrer sur ce joli oratorio mélodieusement harmonieux. Allez vous enchanter aux aventures de Courgette.

Recommandation : 5 coeurs

 

COSCOLETTO – de Jacques Offenbach - adaptation : Guillaume Nozach, Vinh Giang Vovan

Mise en scène : Guillaume Nozach

Avec : Alexis Meriaux, Laetitia Ayres, Nicolas Bercet, Dorothée Thivet, Hervé Roibin, Alexandre Martin-Varroy, Guillaume Nozach

Theâtre des Gémeaux - 18H25

Frangipani, le célèbre marchand de macaronis, soupçonne tous les hommes de son quartier de faire la cour à son épouse, Marianna : Arsenico, l’apothicaire, qui voudrait bien lui faire boire un philtre d’amour ; Polycarpe, le marchand de pots de chambre, qui fait chanter des sérénades sous ses fenêtres ; il y a même ce jeune Coscoletto qui traîne un peu trop près de sa boutique. Convaincu que son épouse le trompe, Frangipani prépare sa terrible vengeance ... alors qu’au lointain, le Vésuve se réveille ...

C’est virevoltant, étourdissant, une tempête de bonne humeur musicale qui nous est offerte par la compagnie des ZOLIBRIUS qui ont exhumé cette œuvre d’Offenbach, jamais jouée en France. Les comédiens-chanteurs sont brillants et leur plaisir d’être en scène fait plaisir à voir. Une joie communicative qui se double d’un sens du rythme parfaitement maîtrisé.

Je ne saurais que trop vous encourager à vous plonger dans cette fantaisie napolitaine revue et corrigée à la sauce du grand Jacques !

 

TOM A LA FERME - Michel-Marc Bouchard

Mise en scène Vincent Marbeau

Avec : Antoine Boizeau, Vincent Marbeau, Lydie Rigaud, Mathilde Péron

Factory -Salle Tomasi - 19H15

Tom, jeune publicitaire, se rend aux funérailles de son amant dans la ferme familiale. Dès l’arrivée il est confronté à une famille étrange, toxique, violente. Tous ignorent tout de la vie du défunt et Tom se retrouve coincé dans cet espace clos à réinventer une vie, cacher une vérité. Il se retrouve privé d’un deuil qu’il est venu faire et se retrouve prisonnier d’un frère qui lui impose un jeu de rôle malsain pour préserver l’honneur de la famille.  Au fur et à mesure Tom perd ses repères avec cette relation toxique dont la fin paraît inéluctable.

La pièce est incroyablement forte et vous emporte dès le début dans un tourbillon de violence sourde. Cependant l’écriture est ciselée. Il y a dans cette atmosphère sordide une poésie violente de l’écriture, comme celle que Visconti ou Pasolini insufflaient à leurs films. Et c’est cela qui fait qu’on s’accroche aux protagonistes tout à la fois inquiétants et perdus. Toutes les clés ne nous sont pas données par choix par le metteur en scène, nous plongeant dans une attention permanente pour déchiffrer, décoder les ressorts de ces rapports de domination-soumission qui s’établissent entre les deux hommes. Un théâtre de la cruauté dans lequel on retrouve les influences de Jean-Luc Lagarce dans une parole oscillant entre le monologue intérieur et le dialogue. Une réflexion sur l’homophobie qui demeure telle une épée de Damoclès permanente dans une société en mal de tolérance.

Recommandation : 4 coeurs

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