Chroniques festivalières d'Avignon - 25 juillet

Notre recommandation
4/5

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Poissons Rouges - de Damien Sobieraff

Mise en scène : Ronan Bacikova

Chapelle des Italiens - 10H

Avec : Alice Kudlak, Camille Legrand, Paul Luneau, Damien Sobieraff, Clément Van Calster

Un écrivain est perdu,seul dans sa maison. Obsessionnel et dépressif, il survit. Devenu un monstre de travail rongé par la productivité et le café, il tente en vain de faire le deuil de son passé. Pour le sauver, son frère le conduit dans un monde mystérieux et fantastique, où ils se perdront à la dérive du temps et du souvenir. Par-delà les forêts, les montagnes et les mers, ils tenteront de retrouver leur chemin.

Comment échapper à ses propres démons quand ceux-ci ont pris toute la place dans la vie professionnelle, amicale, familiale, affective ? Le seul espace qui reste libre est celui du rêve, c’est le pari impossible que tente un jeune garçon pour réconcilier son frère avec la vie. Dans un habile jeu de situations qui s’appuie sur un verbe soutenu et un rythme des dialogues bien équilibré, Damien Sobieraff trousse une comédie haletante pleine d’optimisme qui fait la chasse au « grand dévoreur » de rêves et qui nous redonne la foi de l’enfance dans le merveilleux et la puissance des rêves et de notre inconscient. Il y aura toujours un espoir tant qu’on saura donner à nos petits bambins le moteur du « il était une fois » qui, même au plus profond du puits de nos détresses, saura nous donner la force de rêver nos vies et de nous rendre le chevalier flamboyant et héroïque de notre destin.

Recommandation : 3 coeurs

 

OVNI de Ivan Viripaev

Mise en scène : Éléonore Joncquez
Régie : S Kuffer, Q Pallier

Avec : S Ayache ou C Russier, E Joncquez, B Blairet ou, P Pineau, G Didelot, V Joncquez

11 Avignon - 19H45

Neuf personnes témoignent de leur contact avec une force transcendante dont la rencontre a d’un coup modifié absolument et irrévocablement leur rapport au monde et à eux-mêmes. Aux 4 coins de la planète, une étudiante, un chef d’entreprise, un livreur... chacun avec ses mots raconte son “avant” et son “après”, cette faille émotionnelle dans le quotidien, cette lumineuse déflagration, cette expérience d’une communion totale.

Quelle formidable illusionniste qu’Eléonore de Joncquez qui, avec brio, et, dans une mise en scène ludique et un décor puzzle, nous manipule avec délectation ! On touche tout à la fois à la détresse humaine et à la solitude dans cette tragi-comédie où chaque portrait qui nous est proposé nous arrache un rire franc, mais parfois amer. Les comédiens s’amusent à nous brosser les portraits de ces êtres à part qui, par une sémantique toute particulière, les rendent tous aussi touchants que crédules. C’est également une très belle performance des comédiens qui peuplent cette « maison de poupée » qui nous donne envie de les manipuler comme des figurines. Illusion, vérité, supercherie, mystification … ? On y perd son latin de spectateur avec bonheur et c’est très réjouissant.

Recommandation : 3 coeurs

 

La maladie de la famille M - de Fausto Paravidino

Mise en scène : Théo Askolovitch

Avec :  Pascal Elso, Marilou Aussilloux, Théo Askolovitch, Tigran Mekhitarian, Délia Espinat Dief, Thomas Rio, Simon Roth

Théâtre des Béliers - 22H30

La famille M, composée de Luigi le père, Marta et Maria les deux filles, et Gianni le fils cadet, vit a la périphérie d’une petite ville. Luigi a perdu sa femme et sa mémoire s’altère. Maria se demande si son Fulvio l’aime vraiment. De quiproquos amoureux en mésaventures tragicomiques, ce petit monde perd ses repères et ses valeurs. Face à eux, leur médecin de famille peint un tableau tendre et drôle de ce qu’il nomme la “Maladie de la famille M”.

Voilà une comédie atypique et réjouissante qui nous brosse le portrait d’une famille aussi déstructurée qu’unie. Tout en paradoxes, les personnages se crient leur amour avec une maladresse délectable et la mise en scène de Théo Askolovitch instille un humour aussi tranchant qu’une lame de rasoir et aussi tendre que les comédies italiennes des années 60. Chaque personnage est incarné sans caricature, chargé chacun d’une blessure qui ne se suture jamais et qui fait notre bonheur de spectateur-voyeur. Drôle de comédie d’amour, drôle de maladie d’humour… à moins que ce ne soit le contraire… Poussez la porte, vous ne serez pas déçu !

Recommandation : 4 coeurs

 

COUPURESde et mis en scène par Paul-Eloi Forget et Samuel Valensi

Avec : June Assal, Michel Derville, Paul-Eloi Forget, Valérie Moinet, Samuel Valensi, Lison Favard, en alternance avec Emelyne Chirol

Théâtre des Béliers - 10H

Comment Frédéric, maire écologiste, agriculteur, jeune père de famille, engagé recyclage, circuit-court, pistes cyclables ... bref, comment Frédéric a-t-il pu décider seul, dans le secret, du déploiement de la dernière génération d’antennes-relais partout dans la commune ?
Frédéric est maire d’une petite commune rurale dans laquelle l’état veut installer des antennes-relais. Il est écologiste, agriculteur, jeune papa et très engagé dans les circuits-courts, le bio, etc… Comment remettre au centre de la vie démocratique chacun des citoyens à la place qu’on lui refuse ou alors qu’on le berce d’illusions de décisions ?
Un spectacle plus que nécessaire qui souligne avec ironie les faiblesses et les abus de notre système de décision politique. En maniant le sarcasme et l’humour, Samuel Valensi rend hommage aux élus de territoire bien impuissants face aux volontés d’un état qu’ils servent et qui ne les écoute pas. Une ode au monde agricole et ses combats pour la survie et ses engagements. Un cri d’alarme supplémentaire sur l’absurdité d’un système qui écrase plus qu’il n’écoute et concerte. Oui, c’est un théâtre engagé mais le tour de force, c’est l’intelligence de le replacer dans des situations où l’absurde le dispute au drame, le rire à la tragédie du réel. Un petit bijou à surtout ne pas manquer. Une mention spéciale à tous les interprètes criants de vérité dans une sincérité et une économie de jeu qui ravit le spectateur.

Recommandation : 5 coeurs

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