Chroniques festivalières d'Avignon - 8 juillet

Notre recommandation
4/5

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JEAN HARLOW – de et mis en scène de Terry Misseraoui

THEATRE DE L’ALBATROS - 10H30, les jours impairs

Avec : Laura Charpentier

Une destinée fascinante que le parcours de cette femme à la sensualité exacerbée qui tourna avec Chaplin, Laurel et Hardy et Clark Gable avec qui elle forma un couple mythique du cinéma. Une étoile filante au destin tragique promise à une carrière exceptionnelle fauchée dans sa 26ème année. Mais femme de courage et d’audace, forçant l’indépendance pour tenir tête au système hollywoodien de l’époque. Flanquée d’une mère envahissante et excentrique qui la marie à 16 ans, elle sera la compagne d’Howard Hugues, William Powell, Paul Bern. C’est elle qui créera le mythe de « la blonde platine », véritable bombe sexuelle du moment qui constituera une rupture radicale avec les brunes jusque-là dévolues à cet emploi. Avec elle le « sex appeal » est né.

Laura Charpentier incarne à merveille cette femme libre et fantasmée, emportée par le tourbillon du cinéma, en contraste total avec la Hearlean Harlow plus mystérieuse et réservée, pétrie d’espoirs et de désillusions.

Terry Misseraoui propose ce portrait délicat dans un dispositif scénique aussi simple qu’efficace. Il insuffle à sa pièce construite comme une longue interview toute sa passion du cinéma dans une direction d’actrice précise et efficace.

Une tragédie flamboyante pour cette étoile filante dont la queue de comète essaime encore aujourd’hui une poussière d’étoiles sur la toile.

Recommandation : 3 cœurs

 

BOXING SHADOWS - de Timothy Daly
Mise en scène Isabelle Starkier

THEATRE DES VENTS -12H50

Avec : Clara Starkier, Nicolas Zaaboub-Charrier, Lila Maski

Une jeune migrante vole pour survivre. Un homme se fait dérober son portefeuille. Rencontre entre une jeunesse désorientée et un ancien boxeur devenu bibliothécaire. Il va transforme la rage de la jeune fille par l’apprentissage des règles - de la boxe, de la société. Pour la 3ème année en salle, une comédie de rire, de suspense et d’émotion accompagnée d’une Voix (en) chantée.

Il y a dans cette histoire tristement quotidienne, une volonté de dédramatiser un misérabilisme trop souvent accolé à ces situations. C’est un bel hommage à la solidarité simple qui se développe et une exhortation au regard bienveillant sur autrui. Point n’est besoin d’être bien riche pour donner le peu qu’on a quand il suffit de la richesse du cœur pour transmettre la force de vie. Isabelle Starkier a imaginé une mise en scène brute, nature avec sa propre touche de poésie urbaine, en y insérant la présence d’une voix chantée mystérieuse comme une voix subliminale qui couvre le destin de cette jeune fille d’un voile protecteur et mystique. C’est un beau spectacle qui questionne, apaise et ouvre les yeux sur notre propre capacité à donner pour rien, juste pour l’autre parce que la vie vaut la peine d’être vécue. Un spectacle du cœur tout simplement avec sa part d’émotion et de rire, sa part de vie en somme.

Recommandation : 4 cœurs

 

LA BREVE LIAISON DE MAMAN - de Richard Greenberg
Mise en scène : Isabelle Starkier

THEATRE PETIT LOUVRE - 15H50

Avec : Frederic Andrau, Francine Bergé, Anne Le Guernec, Jean-Jacques Vanier

Une famille dysfonctionnelle : un papa, une maman, des jumeaux et peut-être...un amant ! Tous sont des juifs new-yorkais, névrosés et attachants, insupportables et hilarants. C’est une enquête dans le temps et l’espace, dans le rêve et l’humour.

Une comédie familiale et déjantée où la petite histoire vaudevillesque de la liaison de Maman rejoint la grande Histoire, celle des Rosenberg. Un succès off Broadway TERRIBLEMENT drôle avec de magnifiques comédiens !

Quand l’automne new-yorkais s’invite dans l’automne de la vie de Maman, le vent souffle sur les souvenirs et la mémoire. Au grand désespoir de ses jumeaux qui s’arrachent les cheveux à ordonner une vie qu’elle a pulvérisée sans vergogne, Maman évoque un mystère qui bouleverse les enfants. Rêve ou mythomanie, névrose ou véritable amour, ce vaudeville new-yorkais recèle un humour corrosif. Une distribution éblouissante menée tambour battant par Francine Bergé, illuminée d’un Jean-Jacques Vanier plus lunaire que jamais. Anne Le Guernec et Fréderic Andrau complètent cette famille d’un jeu tendre, décalé et brillant. Isabelle Starkier navigue comme un poisson dans l’eau dans cet univers déjanté dont elle a le secret. Dialogues ciselés, situations folles, une temporalité éclatée, tout est là pour nous maintenir en haleine. Une mélodie d’automne sur une portée d’humour enlevée.

Ah la famille ! Mieux vaut en rire plutôt que d’en pleurer et si pleurer de rire vous titille ne vous privez pas de cette comédie.

Recommandation : 5 cœurs

 

CA IRA - de Francesco Colaleo, Maxime Freixas

Chorégraphie : Francesco Colaleo, Maxime Freixas
Interprètes : Pieradolfo Ciulli, Francesco Colaleo, Maxime Freixas

THEATRE GOLOVINE – à 18H15

« Ça ira »: où? quand? comment ? Peut-être vers ce champ de coquelicots...
De la théorie de l’éternel retour de Friedrich Nietzsche à l’univers pop de Whitney Houston, “Ça ira” questionne le chemin présumé par cette expression. Dans une pièce chorégraphique hybride, trois interprètes entreprennent un voyage surréaliste et onirique, mêlant danse contemporaine, chant et théâtre physique, sur un fond d’humour décalé.

3 hommes-oiseaux évoluent sur un espace dans lequel est dessiné un grand triangle-rectangle lumineux. Toute la chorégraphie réside dans une marche ininterrompue émaillée de sauts, de chutes sur une diagonale mouvante. Tous s’en vont vers un but incertain, parfois ils volent, toujours explorant le déséquilibre en formant des images sculpturales. C’est un corps-à-corps permanent où la désarticulation se fait harmonieuse ou chaotique, compétitive ou sensuelle. Une très belle écoute corporelle leur permet d’improviser des mouvements étonnants. C’est athlétique, géométrique, on est surpris souvent par les sentiments imprimés dans les mouvements qui traduisent plaisir et douleur dans une esthétique toute originale.

Un moment de folie, un moment très ludique, un moment de poésie foisonnante.

Poussez la porte du théâtre Golovine et laissez-vous emporter par ces hommes-oiseaux.

Recommandation : 3 cœurs

 

ULde Taylor Mac,  traduction-adaptation et mise en scène d’Isabelle de Botton

THEATRE DU BALCON  à 12H

Avec : Hervé Dubourjal, Isabelle de Botton, Nathanaël Rutter, Marlon Motteau

Démobilisé de l’armée, Elvis rentre chez lui, espérant retrouver la douceur du cocon familial. Mais il arrive en plein chaos et ne reconnaît plus sa famille. Pendant qu’il était à la guerre, son père a eu un AVC qui rend cet ancien tyran domestique inoffensif.
Sa mère, autrefois soumise, a pris le pouvoir : elle ne range plus, ne lave plus et maltraite le père. Quant à sa petite sœur, elle est devenue son frère...

Une pièce audacieuse qui ne laisse pas indifférent. Une comédie acide et sulfureuse que met joyeusement en scène Isabelle de Botton – qui en est aussi l’interprète aux côtés dHervé Dubourjal, Nathanaël Rutter et Marlon Motteau.

La thématique de la révolte et de l’anti-conformisme, la liberté de choix et de conscience sont pêle-mêle jetées dans un tourbillon de farce contemporaine bouffonne. Elle souligne une société troublée en proie à des idéaux d’émancipation de toutes sortes, en butte à l’irruption invasive des réseaux sociaux - à la fois remède miracle et leurre - pour une population crédule et fragile. Cette galerie de personnages décalés qui composent cette famille en pleine implosion provoque le rire mais distille un regard particulier sur la société américaine. Notre société est en pleine mutation : défi climatique, revendications de genre, conséquences économiques de conflits mondiaux, les repères et les paradigmes changent… sommes-nous prêts ? Portée par une équipe de comédiens formidables, cette famille atypique prend de l’avance et sonne le signal d’alarme dans une bouffée délirante, jouée avec brio par l’ensemble de la distribution.

La curiosité du festival est titillée par cette tragi-comédie explosive !

Recommandation : 4 cœurs

 

CONTRE-TEMPS d’après la vie de François Courdot – d Eric Chantelauze
Mise en scène de Samuel Sené et Raphaël Bancou

THEATRE DES CORPS SAINTS à 15H30

Avec : Marion Préïté, Marion Rybaka, Raphaël Bancou

Le sensationnel parcours de François Courdot, chef d’orchestre français d’opérette parti de France jusqu’à son arrivée à New-York dans le domaine de la comédie musicale. La découverte d’une œuvre singulière, originale d’un grand compositeur méconnu qui fut à l’origine d’un des plus gros succès du musical à Broadway. Une vie riche en rebondissements et contre-temps.

Quelle belle surprise que ce spectacle musical ! Quelle destinée musicale que celle de François Courdot qui composa, créa et croisa les plus grands et dont on se souvient à peine du nom. De l’opérette à la comédie musicale actuelle, de la musique contemporaine au jazz, les deux magnifiques interprètes et leur talentueux pianiste nous font remonter le cours de la vie riche et passionnante de cet artiste méconnu, mais dont la destinée vous surprendra … tout comme le spectacle dont la clé est surprenante. Car dans cette boîte à musique se cache un secret étonnant tout comme nous quand nous sortons de la salle.

On fredonne avec ces deux rossignols les plus grands airs de ces répertoires qui chatouillent notre mémoire, on prend au passage une petite leçon de musique avec facétie et on balance délicatement (dans une scénographie originale). Un spectacle à consommer sans modération.

Recommandation : 4 cœurs

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