Et j’en suis là de mes rêveries

Les tribulations d’un cycliste
D’après le roman Rabalaïre d’Alain Guiraudie
Durée : 1h45
Mise en scène
Maurin Ollès
Avec
Pierre Maillet, Maurin Ollès
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre de la Bastille
76, rue la Roquette
75011
Paris
01 43 57 42 14
Du 31 mars au 11 avril 2025 à 19h, le samedi à 16h, Relâche dimanche 6 avril

Thème

  • Jacques, cycliste amateur au chômage, sillonne sa région, monte régulièrement au Col de l’Homme Mort, et rencontre en route plusieurs personnages : une famille d’aubergistes du village de Gogueluz, un curé et un policier qui enquête sur la disparition mystérieuse de l’un des protagonistes, le fils, tous interprétés par le même comédien. 

  • Avec chacun s’instaurent des relations ambigües, où l’attraction homosexuelle s’impose comme une jauge préalable aux relations sociales qui peuvent aller jusqu’au crime. 

Points forts

  • La comédie grinçante est au cœur de l’écriture dans un univers où règne le désir entre hommes.

  • Un seul comédien se transforme tour à tour en curé, en psychopathe, en collègue d’usine ou en policier lorsque la satire sociale tourne au polar.

  • La mise en scène, volontairement dépouillée, joue des clichés habituellement attachés aux décors de théâtre.

  • Un humour noir omniprésent donne à la fable une profondeur certaine, tout comme l’accent du Sud-Ouest ajoute au candide des déclarations et aparté de Jacques, dont la voix off accompagne tous les faits et gestes comme s’il s’agissait d’un troisième personnage.

Quelques réserves

  • Une (trop) longue séquence vidéo vient interrompre la narration des tribulations de Jacques pour les transporter en d’autres lieux et d’autres intrigues.

  • La nudité obligatoire tourne à l’exhibition lassante sans être nécessaire à la crudité du propos déjà évidente.

Encore un mot...

  • Sous un air léger et drôle se cachent des questions sociales et existentielles liées à la rencontre, aux jeux amoureux, au travail et aux rapports de force familiaux ou plus largement sociaux. 

  • Lorsque la satire vire au crime, Jacques ne se départit jamais de son caractère débonnaire comme si, fondamentalement, il aspirait à disparaître faute d’avoir trouvé une place satisfaisante dans une société violente et absurde. Son double - sa voix off - le tient à distance des gestes irréparables qu’il commet malgré lui, comme par inadvertance, et avec la conscience de sortir d’une route qu’il serait incapable de retrouver. 

Une phrase

  • « C’était assez simple dans le sens où dans le texte, je trouve qu’il n’y a rien de choquant. Les situations que vit Jacques sont même assez drôles. Quand il dit après le meurtre, « Oh là là, c’est quand même beaucoup de soucis de toujours penser à tout, le moindre détail, ça pourrait me conduire à un surmenage, ça doit bien exister le burn out du criminel. », j’avais l’impression qu’il y avait de la matière à jeu. Il a tué deux personnes, et il continue de se poser des questions en profondeur. Qu’est ce que ça me fait ? C’était un accident, c’était pas un accident ? Je suis un meurtrier ? Dans cette partie, la frontière entre rêve et réalité devient de plus en plus poreuse. Pierre est torse nu, on sent qu’il y a quelque chose qui a vrillé. Il s’adresse beaucoup moins au public à ce moment-là. J’avais envie qu’on entre dans le tourbillon de ce qui se passe pour lui... » (entretien avec Maurin Ollès, extrait).

L'auteur

  • Né à Villefranche-de-Rouergue en 1964, Alain Guiraudie est un réalisateur et scénariste français passionné pour la culture populaire des terroirs.  Son premier court métrage, Les héros sont immortels, est réalisé en 1990.

  • Dans le style du conte picaresque, Guiraudie s'attache à représenter la classe ouvrière comme dans le moyen métrage Ce vieux rêve qui bouge, lauréat du prix Jean-Vigo, et présenté en 2001 à la Quinzaine des réalisateurs que Jean-Luc Godard qualifia de « meilleur film du Festival de Cannes ». 

  • Filmant toujours dans le Sud-Ouest, Alain Guiraudie passe ensuite au long métrage avec Pas de repos pour les braves, Voici venu le tempsLe Roi de l'évasion, et L'Inconnu du lac, sélectionné dans la section « Un certain regard du Festival de Cannes » en 2013.

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