House

Une simple maison pour comprendre le conflit israélo-palestinien
De
Amos Gitaï
Spectacle en anglais, arabe, français, hébreu, yiddish surtitré en anglais et en français.
Durée : 2h30
Mise en scène
Amos Gitaï
Avec
Bahira Ablassi, Dima Bawab, Benedict Flinn, Irène Jacob, Alexey Kochetkov, Micha Lescot, Pini Mittelman, Kioomars Musayyebi, Menashe Noy, Laurence Pouderoux, Minas Qarawany, Atallah Tannous, Richard Wilberforce
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Théâtre de la Colline
15 rue Malte Brun
75020
Paris
01 44 62 52 52
Du 14 mars au 13 avril 2023 au Grand Théâtre du mercredi au samedi à 20h30, le mardi à 19h30 et le dimanche à 15h30

Thème

  • House aborde le sujet du conflit israélo-palestinien qui empoisonne la région – et bien au-delà – depuis près de 80 ans. Amos Gitaï a fait le choix de le traiter par le petit bout de la lorgnette, en zoomant sur l’histoire d’une Maison de Jérusalem Ouest pendant un quart de siècle à travers les récits de ses occupants successifs, Arabes et Juifs, Palestiniens et Israéliens.
  • Au fil des années, ces fragments biographiques dessinent une mosaïque plus large, celle d’un territoire et d’un conflit tels qu’ils s’incarnent dans les existences de ce microcosme.

Points forts

  • Comment raconter une histoire extrêmement complexe, puissamment ancrée dans l’actualité politique, religieuse, sociale et diplomatique et qui tue encore quotidiennement ?
  • On comprend tout de suite que le parti pris d’Amos Gitaï de donner la parole à tous les protagonistes de cette guerre larvée – dont on se demande à la fois quand et comment elle se finira – est gagnant et qu’il nous apportera une meilleure compréhension de la situation explosive qui règne à Jérusalem et dans la région.
  • Son attitude est de ne pas prendre parti mais de laisser les paroles éclore et se développer, chacune dans sa propre langue. Il le fait le plus souvent sous la forme de monologues, pour ne pas les interrompre et leur laisse tout le temps nécessaire pour se raconter et développer leur argumentation.
    Les rares fois où les protagonistes qui s’opposent tentent de dialoguer, cela tourne à la cacophonie et la dispute, aucun des deux camps n’étant capable d’écouter, et encore moins de comprendre la version de l’autre.
  • L’auteur, et metteur en scène de la pièce, a choisi de la situer sur un chantier, qui évoque aussi bien des fouilles archéologiques que la construction d’une maison.
    Au Moyen-Orient plus qu’ailleurs, le geste de l’artiste se rapproche de celui de l’archéologue. Il s’agit de prendre en considération les strates, les mémoires et les histoires pour approcher les situations humaines contemporaines.
    Mais les scènes qui réunissent tous les acteurs, plus les 2 musiciens et les 4 chanteurs laissent entrevoir la possibilité d’une vision partagée, une possible cohabitation, un « vivre ensemble » inespéré.
  • Les monologues de chaque habitant de la maison sont accompagnés, voire scandés ou séparés par des intermèdes musicaux, parfois chantés, qui permettent de faire retomber l’intensité des témoignages. Ils apportent de la fluidité à la mise en scène et nimbent le spectacle d’une grâce lumineuse.

Quelques réserves

  • Aucune réserve, le spectacle est à la fois intelligent, pédagogue et romanesque.

Encore un mot...

  • À partir de sa trilogie documentaire – La Maison (1980), Une maison à Jérusalem (1997), News from Home/News from House (2005) – Amos Gitai revient sur les lieux en convoquant ces destins humains dans une création théâtrale qui remonte le cours du temps. Sur le plateau du théâtre, l’histoire de la Maison devient une métaphore et le lieu d’un dialogue artistique entre des comédiens et des musiciens issus de tout le Moyen-Orient, aux langues, aux origines et aux traditions musicales différentes, réunis pour tenter de dire ensemble la mémoire du passé et la possibilité d’une réconciliation. Dans l’épaisseur du temps qui s’écoule, la Maison fabrique alors des places possibles pour tous. L’espace que l’on souhaiterait à chacun sur cette terre.

Une phrase

  • Dr Mahmoud Dajani, premier habitant de la maison
    « Il y avait des tirs entre Arabes et Juifs. Alors ils ont dû partir, voyez-vous. Les gens avaient peur d’être tués par les Juifs, par l’Irgoun ou par le groupe Stern. Et bien sûr, le gouvernement israélien l’a confisquée parce qu’elle appartenait à des «absents». Mon frère est mort et ses enfants se sont dispersés. Ils ne sont jamais venus. Ils savent seulement qu’on avait une maison ici. Ils n’ont jamais posé de questions, ni cherché à savoir. […] J’étais pour la coexistence entre Arabes et Juifs, mais honnêtement, je ne vois aucun moyen de parvenir à cette coexistence ».
  • Marie, une Israélienne
    « Vous voulez que je parle de ce médecin qui était malheureux de revoir la maison de son enfance habitée par d’autres et, qui a passé à un autre État, il faut dire les choses comme elles sont. Moi, j’aurais aimé qu’il sonne à ma porte et qu’il me dise : «Écoutez…» et je lui aurais dit: «Je suis désolée, mais ce n’est pas moi qui ai fait l’histoire». Je ne veux pas la défaire non plus, c’est surtout ça. Je ne l’ai pas faite mais je ne veux pas la défaire. Je voudrais peut-être corriger. Ceci dit, quand je vais en Turquie, je pleure parce que je vais voir la maison où je suis née et je me dis que je ne peux même pas… C’est moins tragique que pour ce médecin, évidemment. Mais l’histoire s’est faite comme ça. Je ne sais pas si elle aurait pu se faire autrement, je ne sais pas. Mais je serais contente si on faisait connaissance.

L'auteur

  • Amos Gitai Amos Gitai est né en 1950 à Haïfa en Israël.
  • Il fait partie de la première génération née après la fondation de l’État d’Israël, une génération également formée par les grands mouvements de la jeunesse contestataire des années soixante.
  • Amos Gitai consacre son premier film, House (1980), à la construction d’une maison à Jérusalem Ouest. Ce documentaire, aussitôt interdit en Israël, marque durablement la relation conflictuelle du cinéaste avec les autorités de son pays
  • Il s’installe alors à Paris et réalise plusieurs films, fictions et documentaires, avant de revenir en Israël en 1993, année de la signature à Washington des accords de paix portés par Yitzhak Rabin.
  • L’œuvre d’Amos Gitai a été récompensée par de nombreux prix.
  • Il est Officier des Arts et Lettres et chevalier de la Légion d’honneur.
  • Des rétrospectives intégrales de son œuvre ont été présentées dans de nombreuses institutions à travers le monde.

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