Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée

Un texte d'une modernité folle, et superbement interprété
De
Alfred de Musset
Mise en scène
Laurent Delvert
Avec
Jennifer Decker, Christian Gonin
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Comédie-Française
99 rue de Rivoli Galerie du Carrousel du Louvre
75001
Paris
0144589858
Jusqu'au 7 mai 2017

Thème

Comme chaque semaine, le Comte se rend chez la Marquise qui tient salon. D’habitude, il y a foule et les tête-à-tête sont rarement possibles mais ce jour-là, il est, (hasard? manigance?)  seul face à la maîtresse de maison. L’occasion pour ce séducteur,  à qui l’on prête de nombreuses maitresses, de badiner puis d’échanger plus intimement avec son hôtesse -veuve   de son état- sur les choses de l’amour.  

Leurs joutes oratoires, tour à tour ironiques ou amères, se feront progressivement  plus sincères et les deux amants finiront par s’accorder. 

Après quelques concessions de part et d’autre, la porte alors se refermera sur le couple nouvellement formé.

Points forts

L’excellence des comédiens. Le tandem formée par l‘acteur confirmé qu’est Christian Gonin, entré à la Comédie française il y a presque vingt ans, et la toute fraîche Jennifer Decker, que l’on a pu voir récemment dans le rôle d’Olga dans "Les Damnés de Luchino Visconti », fait des étincelles, des merveilles.

Entre l’homme d’âge mûr rompu aux jeux de la conquête et la jeune femme  qui refuse les faux-semblants, se noue le cœur de la relation amoureuse. L’un et l’autre finiront par lâcher prise et se donner entièrement. 

Quelques réserves

Une mise en scène volontairement dépouillée: quelques coussins, un éclairage sommaire, une caisse en bois, une statue en cours de modelage, des costumes modernes (la Marquise est en tee-shirt en en jean, le Comte en costume foncé et manteau). Une volonté d’épure qui contraint  le regard et l’attention du spectateur à se porter sur le seul texte. Mais quel texte! Un petit bijou d’une modernité folle! Chaque mot -ou presque- pourrait avoir été écrit aujourd’hui et résonne intensément. 

Encore un mot...

Quelle part intime de nous mêmes devons-nous  abandonner pour laisser place à l’amour? Lorsqu’on a aimé une fois ( la Marquise a été mariée, le comte a connu bien des femmes…) peut-on à nouveau faire confiance, surmonter  doutes et  appréhensions pour se réengager sans réserve?    

Loin des conventions et des usages de l’époque, Alfred de Musset invoque non pas le mariage  de raison mais l’amour total qui conduira la Marquise à s’unir sans réticence au Comte, d’un rang pourtant inférieur au sien. A cet égard,  l’expression «  ouvrir la porte » prend tout son sens. Y compris sexuel. 

Une phrase

 « Je commence à avoir trente ans, et je perds le talent de vivre »

L'auteur

Poète, romancier et auteur dramatique du 19e siècle (1810-1857), Alfred de Musset  publie ses pièces dans "La revue des deux mondes » puis les regroupe dans un recueil intitulé «  Spectacle dans un fauteuil ». Ses amours tumultueuses avec George Sand,  rencontrée alors qu’il n’est âgé que de 23 ans,  lui inspirent  des œuvres  aussi célèbres que « Lorenzaccio", « Fantasio »  ou "On en badine pas avec l’amour » suivies quelques années plus tard des «  Proverbes », oeuvre  à laquelle appartient cette  délicieuse pièce en un acte, d’une durée de 50 minutes, écrite en 1834, et qui n’avait plus été jouée depuis 1980. 

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