La Cerisaie

Une vision moderne et renouvelée d’un grand classique
De
Anton Tchékhov
Traduction d’André Markowicz et Françoise Morvan
Durée : 2h10
Mise en scène
Tiago Rodrigues
Avec
Isabelle Huppert, Isabel Abreu, Tom Adjibi, Nadim Ahmed, Suzanne Aubert, Marcel Bozonnet, Océane Caïraty, Alex Descas, Adama Diop, David Geselson, Grégoire Monsaingean, Alison Valence et les musiciens Manuela Azevedo et Élder Gonçalves.
Notre recommandation
5/5

Infos & réservation

Odéon - Théâtre de l’Europe
Place de l'Odéon
75006
Paris
01 44 85 40 73
Du 7 janvier eu 20 février, du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 15h

Thème

La Cerisaie, c’est la propriété de famille de Lioubov qui, ruinée, est contrainte de la mettre en vente. Autour d’elle évolue une galerie de personnages, chacun emmuré dans son propre monde, alors que divers acquéreurs rôdent. Bref, la fin d’une époque et, peut-être, la perspective d’un nouveau monde.

Points forts

  • La mise en scène est brillantissime. Tiago Rodrigues a monté la pièce pour la première fois l’été dernier en Avignon dans la cour d’honneur du Palais des Papes, juste avant d’apprendre qu’il prendrait la tête du Festival à partir de septembre 2022. Dans un décor très dépouillé mais onirique, il laisse l’initiative aux comédiens, qui composent une sorte de ballet hypnotique et symbolique dans lequel chacun trouve sa place, existe pleinement et recueille toute l’attention du public.
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  • La mise en scène est à la fois épurée et limpide, réglée comme une mécanique de précision. Les éléments du décor apparaissent et disparaissent dans une sorte de ballet accompagné par une bande originale jouée live par deux musiciens inspirés et virtuoses.
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  • Le metteur en scène a refusé de voir la pièce comme la fin d’un monde mais plutôt comme un changement, une période de transition « pour parler de la confusion des esprits face à l’incertitude de l’avenir face à ce mélange de cruauté et de violence, d’espoir et de beauté, qui sont au cœur des grands changements historiques que vivent les personnages ».
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  • Le texte dépasse l’idée d’un monde courant à sa perte pour lui conférer l’espérance d’une ère nouvelle qui serait à construire avec des hommes neufs et des règles à inventer.
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  • On perçoit ainsi très clairement ce monde en décomposition et cet autre monde en construction. La mise en scène fait émerger le texte dans le flux des dialogues et des sentiments qui dressent une carte fluctuante entre les différents personnages. L’espace semble refluer et se reconstruire durant toute la pièce.
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  • La pièce gagne en complexité et oscille en permanence dans un mouvement incessant initié par tous les personnages, une ronde dans laquelle chacun tente d’exister en occupant le devant de la scène.

Quelques réserves

Aucune réserve.

Encore un mot...

La Cerisaie, écrite en 1903, rencontre un succès immédiat. Elle illustre à merveille la fin du monde aristocratique et l'entrée triomphante d'une classe d'entrepreneurs, phénomène perceptible dans la Russie de Nicolas II. Tchékhov lui-même n’y survit pas, qui meurt l’année suivante.

Une phrase

« Songez que je suis née ici, que mon père, ma mère, mon grand-père vivaient ici : j'aime cette maison. Sans la Cerisaie je ne comprends pas ma propre vie et, s'il faut vraiment vendre, qu'on me vende avec le jardin... » (Lioubov)

L'auteur

• Anton Pavlovitch Tchékhov naît en janvier 1860, un avant l’abolition du servage par le tsar Alexandre II. Son père est un modeste marchand qui descend d’une famille des serfs. Il entreprend parallèlement des études de médecine et la publication de contes dans des revues et se concentre rapidement sur sa carrière littéraire. Politiquement, il semble se rapprocher de la gauche

• Il écrit sa première pièce de théâtre, La Steppe en 1888 puis suivent une succession de chefs d’œuvre : La Mouette, Oncle Vania, les Trois Sœurs … Le dramaturge décède quelques mois après avoir assisté à la première triomphale de La Cerisaie, en 1904.

Commentaires

Yvonne COLIN
lun 07/03/2022 - 20:26

Révélation ou tous les personnages savent mettre leurs talents au service d'une dramaturgie universelle.. Bravo à I. Huppert qui fait le lien avec chacun.

Julien
ven 09/09/2022 - 05:26

Par et pour les Bobo.
Tchékhov est massacré. Isabelle Huppert en pilote automatique, aucune émotion dans son jeu. Les autres acteurs font comme il peuvent....

MARIO DRAGUNSKY
dim 16/07/2023 - 20:39

Incroyable critique! Aucune réserve? Je ne trouve aucune profondeur dans cette mise en scène. Bien au contraire. L'essence de la pièce n'existe pas. Le jeu d'Isabelle Huppert est quelque chose de totalement ridicule, sans âme. Froid et absent. On dirait une folle débile (il y a des fous intelligents) et rien ne justifie de la voir s'agiter avec ces gestes qui n'ont pas de sens. L'opposition entre les moujiks enrichis et l'aristocratie décadente n'existe plus. Le problème de l'économie et de l'esthétique n'existe plus. La fameuse Cerisaie ne signifie rien. Si le metteur en scène voulait parler du problème des Noirs dans une société il fallait choisir une autre pièce. Pourquoi mettre en scène une pièce de laquelle on vide tout? Les choix de mise en scène snt vides. Utiliser des chaises? Pas original. Et surtout aucun sens. Une direction d'acteurs d'une nullité accablante. Voix artificielles où chacun joue dans son coin sans communiquer avec personne. Cette mise en scène respire le théâtre riche dans sa plus terrible et pathétique version. Tout ce que l'on voir ce sont les centaines milliers d'euros que cela a coûté. Cette mise en scène m'a dégoûté comme une autre que j'avais vu aussi à la cour d'Honneur du Palais de Papes, celle de La Mouette. Y-a-t-il un bon critique qui connaisse quelque chose à Tchékhov qui a un peu d'honnêteté intellectuelle et de sensibilité pour parler de cette nullité? Apparemment non.

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