La collection

Vertige des silences et de non-dits
De
Harold Pinter
Traduction : Olivier Cadiot
Durée : 1h20
Mise en scène
Ludovic Lagarde
Avec
Mathieu Amalric, Valérie Dashwood, Micha Lescot, Laurent Poitrenaux
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dulin
75018
Paris
01 46 06 49 24
Du 30 mai au 25 juin, du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 17h

Thème

  • Bill est créateur de mode et vit chez Harry dans une villa de Belgravia, une banlieue huppée de Londres.
  • Stella, créatrice de mode habite avec James dans un appartement de Chelsea, le quartier des artistes.
  • Un soir, dans un hôtel à Leeds, Bill croise Stella. Ils ont une aventure.
  • La collection raconte ce que chacun des personnages croit savoir de ce qui s’est passé et raconte.
  • Entre désir, fantasme, jalousie, envie, mépris, la pièce collecte toutes les interprétations pour créer de multiples pistes.

Points forts

  • La collection, à l’origine un scénario écrit pour le cinéma au début des années 1960, est donc une pièce à l’écriture cinématographique. Elle est peuplée de silences pesants qui sertissent les dialogues jusqu’à les envelopper. Le traitement des espaces où se situe l’action, ainsi que la gestion du temps réel ou des ellipses, évoquent l’art du montage.
  • La pièce est fascinante et sombre. Le texte distille le poison du mensonge d’autant plus que le dramaturge nous ouvre de multiples pistes qui sont autant de vérités, vraies ou alternatives, une collection d’interprétations possibles.
  • Les quatre comédiens sont à l’unisson du texte de Pinter, chacun dans leur rôle, avec une mention spéciale pour Mathieu Amalric, qui se joue des silences avec brio.
  • Chaque version est un fragment qui, mis bout à bout, compose un ensemble à l’intérieur duquel le spectateur est invité à construire l’histoire des quatre protagonistes.
  • La pièce, écrite il y a plus de 60 ans, résonne donc de manière très actuelle à notre époque où les fake news tentent de s’imposer à leurs cibles. Chaque personnage tente, avec plus ou moins de talent et de succès, d’imposer sa version des faits, chacune cohabitant et tentant de se légitimer. Manipulations, révisionnismes, théories du complot se développent dans un monde virtuel et dématérialisé. La vérité nous échappe de plus en plus.

Quelques réserves

  • Ces silences, évoqués ci-dessus et notés par l’auteur dans ses indications, pèsent et rendent parfois le texte un peu décousu et difficile. La collection est une pièce “exigeante”.
  •  On a parfois l’impression que manquent ces mouvements de caméra destinés à souligner un gros plan, à renforcer une phrase ou à questionner le spectateur en donnant du rythme à l’ensemble.

Encore un mot...

  • La collection fait partie avec L’Amant d’un cycle que l’auteur a intitulé Comédies de la menace. Les deux pièces sont données simultanément au théâtre de l’Atelier, à 19 heures et 21 heures. L’occasion de faire d’une pièce deux coups en immersion dans l’œuvre de Pinter.
  • Ces deux pièces, aujourd’hui réunies, se présentent dans le même dispositif porté par le même geste esthétique, les mêmes comédiens magnifiques, la même équipe de création, comme elles l’avaient été en 1965 pour leur création en France.
  • Un tarif préférentiel est proposé pour les deux pièces.

Une phrase

Quelques répliques :

  • James : « Dans la 165 il y avait ma femme et c’est là où vous avez couché avec elle.
  • Bill : On peut supposer qu’elle aussi savait qu’elle était mariée.
  • Harry : C’est vraiment une histoire fantastique.
  • Bill : Tu sais comment sont les hommes. Toutes les femmes sont destinées à avoir un jour ou l’autre une explosion de très grande sensualité.

Harry : Si j’étais vous je rentrerais à la maison et je lui filerai un bon coup de casserole sur la tête, en lui interdisant de recommencer à inventer ce type d’histoire. »

L'auteur

  • Harold Pinter, auteur anglais né en 1930, débute dans les années 50 une carrière de comédien avant de se tourner vers l’écriture. Il publie des poèmes, puis sa première pièce, The Room (La Pièce), est donnée en 1957. 
  • Il connaît le succès au début des années 60, notamment en France, avec la création, dans la mise en scène de Roger Blin,  de « Le Gardien ». 
  • C’est « La Collection » et « l’Amant » au Théâtre Hébertot en 1965, avec une distribution éblouissante, Delphine Seyrig, Jean Rochefort, Michel Bouquet, Bernard Fresson, mis en scène par Claude Régy, qui lancera définitivement Pinter. Ce théâtre du « non-dit » est une véritable révélation et interloque même les dramaturges français d’alors. Il est vrai que Pinter a travaillé pour la radio et la télévision, dans l’économie du dialogue. Il collabore également au cinéma, notamment avec Joseph Losey. 
  • À partir des années 70, Pinter militera sans relâche contre les violations des droits de l’homme. En 2005, il reçoit le Prix Nobel de Littérature et annonce qu’il n’écrira plus de pièces pour se consacrer à la politique. 
  • Harold Pinter meurt en 2008 des suites d’un cancer.

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