La Maladie de la Mort

De
Marguerite Duras
Mise en scène
Muriel Mayette-Holz

Collaboration artistique Matthias Langhoff

Recommandation

Si vous avez le courage de faire le premier pas, dès que l'homme commence à parler.

Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Comédie-Française, Théâtre du Vieux-Colombier
01 44 39 87 00/01
ATTENTION: jusqu'au 29 janvier uniquement.

Thème

Le thème de cette sorte de long poème en prose: à partir de la rencontre répétée dans une chambre d'hôtel, d'un homme et d'une femme que l'homme a payée pour qu'elle accepte en silence de le laisser faire et dire ce qu'il veut, tout le mystère des relations entre deux êtres, désir d'amour, absence de désir sexuel, solitude parfois abyssale y compris dans le contact physique etc...

Points forts

  • Ce texte est un hymne formidable à la femme et à son corps, dans toute sa puissance et sa fragilité. Duras va jusqu'à parler de "magnificence" à propos de ce corps, de "cette coulée souple et longue de la forme sur le lit". Les premières minutes, lorsque la femme vient s'installer dans le lit, sont d'une sensualité fascinante. Le jeu de Suliane Brahim et la mise en scène de Muriel Mayette-Holz n'y sont pas pour rien non plus...

    - C'est également un texte très fort sur la difficulté qu'ont certains à aimer, au-delà de la recherche d'une satisfaction physique.

    - En un temps où la théorie du genre est à la mode, ce texte affirme haut et fort tout ce qu'il peut y avoir de particulier dans les univers masculin et féminin. Entre autres, cette difficulté, en l'occurrence castratrice, que peuvent avoir les hommes à s'abandonner. Ici, incapable d'aller vraiment vers l'autre, de sortir de soi, l'homme reste là avec sa générosité inhibée et inutile. Et la vie passe, sans qu'il soit capable d'en profiter. Alexandre Pavloff exprime admirablement cette souffrance.

     On en vient à souhaiter qu'un autre homme, en harmonie avec lui-même, rejoigne sur le lit cette femme au silence souverain...

 

  • Jusqu'à présent c'est en tant que comédienne que Muriel Mayette-Holz avait eu l'occasion de collaborer avec Matthias Langhoff, l'un des grands metteurs en scène européens d'aujourd'hui. Cette fois, c'est à la mise en scène elle-même qu'ils sont associés, Matthias Langhoff ayant apporté sa collaboration artistique. 

    Manifestement le tandem fonctionne. Et on voit bien ce tout ce que Langhoff a pu offrir, entre autres sur le plan des lumières, du décor et à travers la reprise des images d'un film magnifiant la mer et sa force impitoyable. La mer, dont Duras parlait si bien.
  • Comme souvent chez Duras, le texte nous transporte bien au-delà des mots.Les sensations et les émotions qu'il génère transcendent leur banalité quotidienne. 

    Il y a dans ce spectacle un curieux mélange d'aridité et de sensualité, une accumulation de contrastes qui, mine de rien, nous ramène à l'essentiel.

Quelques réserves

  • Duras a beau être Duras, surévaluée ou non, le titre de ce spectacle est à faire fuir le public le mieux disposé...
  • En quelques rares moments, le propos devient abscons et gratuit. Il ne reste plus alors qu'à s'intéresser aux images impressionnantes du film qui passe en fond de décor.

Encore un mot...

 Qui seront trois :

  • Pas la peine de tricher, ce spectacle a sa part d'intello. Il faut accepter de s'accrocher pour participer vraiment à cette initiation exigente et sévère.
  • On sort de là en se demandant ce que signifie vraiment l'amour pour Duras: est-il vraiment possible entre deux êtres? Elle parle ici, avec une élégance extrême, de "l'admirable impossibilité de vous rejoindre à travers la différence qui vous sépare".
  • Ce texte est d'autant plus impressionnant que Duras l'a imaginé et dicté, en 1982, alors qu'elle était très malade. Et que çà l'a aidé non seulement à tenir le coup mais à rebondir physiquement et littérairement.

Vous serez probablement ému en découvrant, en de courts moments du film, qui se déroule donc en fond de décor, une Marguerite Duras vieille, fragile et digne.
 

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