La nuit transfigurée

Des danseurs magnifiques sur une musique transcendante
De
Anne Teresa de Keersmaeker
Avec
Samantha Van Wissen et Nordine Benchorf

Durée: 45 minutes

Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de la Ville
1, place du Chatelet
75001
Paris
0140282828
ATTENTION: dernière représentation, le 15 juin

Thème

« La nuit transfigurée » est une ré-adaptation. La création originale était constituée de 6 tableaux successifs, jouant et rejouant l’histoire de cette femme qui annonce à son amant qu’elle est enceinte d’un autre. Cette confidence est en fait un pacte de confiance et d’amour renouvelé, qui se joue sur la musique de Schoenberg, elle-même composée à partir d’un poème de Richard Dehmel. Aujourd’hui, Keersmaeker a resserré l’action sur le duo et concentré la durée sur 45 minutes, suscitant une amplification du drame romantique.

Points forts

- Pas de décor, une lumière unique, la pièce commence dans le silence, un homme et une femme se rejoignent. Au bout de quelques minutes de danse, le mouvement -donc le temps- se suspend. Le danseur (le 2e homme qui disparaît ensuite) porte sa partenaire à bout de bras, il la retient alors que toute raide, elle manque de tomber. Le vocabulaire du drame qui va se jouer devant nous s‘établit. Anne Teresa de Keersmaeker créée une première rupture qui permet au spectateur de porter toute son attention à ce qui se déroule devant ses yeux. Pourtant on est toujours dans le silence, et la salle vient d’éteindre son téléphone, et dans ses oreilles bourdonne encore l’écho des rumeurs de la rue…  Keersmaeker nous offre ce silence avant de lancer la musique orchestrée par Boulez. Comme pour nous faire apprécier totalement l’envergure émotionnelle de l’œuvre de Schoenberg.

- Sans musique, pas de compréhension; sans musique, peut-être pas d’émotion; sans musique, pas de danse. La chorégraphe travaille la matière musicale comme absolument constitutive de la danse. Et le romantisme jaillit avec toute sa force, profitant de l’épure.

- Et l’on doit parler de l’engagement des danseurs. Les enchaînements sont extrêmement physiques et ponctués de rares pauses. Pendant 45 minutes, Samantha Van Wissen et Nordine Benchorf se heurtent, se portent, courent, sautent, s’interrompent ou se tiennent la main, créant entre eux un dialogue corporel très expressif. Ainsi la tension monte, comparable à la peur que l’on peut ressentir au cirque contemporain, « attention, ils vont tomber, se faire mal… j’ai peur de l’issue ». En 45 minutes seulement, Anne Teresa de Keersmaeker décline une très large palette d’émotions afin de déployer le drame.

Mention spéciale donc à ces deux très grands interprètes. Nordine Benchorf possède une présence et un corps atypiques. Son solo bouleverse par sa maîtrise, son rythme et la générosité de son incarnation scénique.

Quelques réserves

Le rythme de cette pièce oblige à se concentrer immédiatement. Et même si Anne Teresa de Keersmaeker nous donne des portes pour rentrer dans son œuvre, cela nécessite une attention particulière. 

Pour les néophytes de la danse contemporaine, l’histoire, évidemment, peut sembler cryptée… Peu importe, l’émotion devrait empiéter sur le sens (sinon lisez le programme) …

Encore un mot...

La passion, le tragique et le romantisme portés par des danseurs magnifiques et une musique qui transcende.

Une phrase

« (…) Mais une propre chaleur rayonne

De toi en moi, de moi en toi.

Elle va transfigurer l’enfant étranger

Tu vas l’enfanter pour moi, de moi,

Tu as apporté un éclat de lumière en moi,

Tu m’as moi-même refait enfant. »

L'auteur

Anne Teresa de Keersmaeker étudie la danse à Mudra, l’école dirigée par Maurice Béjart où l’entraînement de danse intensif est complété par des cours de théâtre. Dans les années 80, elle part à N-Y  étudier à la Tisch School. Elle commence un travail qui tend vers l’épure et le minimalisme avec Fase sur une musique de Steve Reich. En 83, elle acquiert une renommée internationale avec Rosas danst Rosas pour lequel elle reçoit le Bessie Award, le prix le plus important aux USA. Dix ans plus tard, elle reçoit le "London Dance and Performances award 1991" pour Stella. Puis elle rentre en Belgique, son pays natal; « Rosas » devient la compagnie en résidence de La Monnaie, l’Opéra national de Bruxelles. Anne Teresa De Keersmaeker se fixe trois objectifs : intensifier la relation danse/musique, construire un répertoire Rosas et établir une nouvelle école de danse. Depuis elle a crée de nombreuses pièces, opéras, films etc.

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