La Paix dans le monde

Heurts et splendeurs de l’amour ?
De
Diastème
Durée : 1h20
Mise en scène
Diastème
Avec
Frédéric Andrau et la participation d’Emma de Caunes
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre des Déchargeurs
3 rue des Déchargeurs
75001
Paris
01 42 36 00 02
Du 1er au 30 octobre 2021, du mercredi au samedi, 19h

Thème

La Paix dans le monde est un titre étrange pour une pièce qui donne vie à Simon, un homme fou amoureux d’une femme nommée Lucie, qu’il a rencontré très jeune et qu’un drame a précipité dans la folie. Résilient, il a retrouvé un équilibre dans la solitude et gardé intact le souvenir de cette femme et de leur amour, toujours vivant en lui.

Nourri d’une émotion touchante et poétique, le texte traduit avec sensibilité et justesse cet homme abimé, survivant dans un équilibre fragile entre sa fidélité à un amour unique et les tourments d’un sentiment exclusif et obsessionnel. Il ouvre également sur la rencontre ancrée dans le réel de ces deux êtres, séparés depuis quinze ans.

Points forts

 La subtile et magnifique interprétation de Frédéric Andrau, solaire et sensible, dans ce seul en scène ; l’acteur porte véritablement la pièce et son jeu donne un supplément d’âme à un texte pétri d’aspérités.

 Conçue par Alban Ho Van, la scénographie simple et dépouillée est structurée autour d’un module géométrique, métaphore de l’enfermement de Simon et de son déploiement ultérieur grâce à l’amour. Incarnée par Emma de Caunes, Lucie prend vie grâce aux belles et troublantes photographies de Vanessa Filhou, projetées sur un écran ; l’éclairage réalisé par Stéphane Baquet donne une densité à la pièce en jouant sur des effets de contre-jour, une lumière vibrante et parfois coloriste, qui confère plus de chair et de mystère au personnage de Simon. Mentionnons enfin l’univers sonore et musical de la pièce assuré par Cali et sa chanson Je ne vivrai pas sans toi, inspirée par le personnage de Simon.

Quelques réserves

Le texte aurait pu être plus concis et il ne tient pas ses promesses jusqu’au bout : sa dernière partie peut paraître étrange tant elle contraste avec la poésie tourmentée qui emporte le spectateur au début de la pièce. Autant le texte traduit avec subtilité l’amour fou, obsessionnel, douloureux et inébranlable de Simon pour Lucie dans sa première partie, autant il s’affadit lorsque ce dernier se construit un toit et fortifie son équilibre psychique. Aussi la fin de la pièce peut-elle apparaître comme une sorte de conte assez plat, dénué de toute aspérité et quelque peu déconnecté de la profondeur émotionnelle du personnage de Simon.

Encore un mot...

Sujet séculaire de la littérature, l’amour demeure un thème inépuisable et peut-être n’est-il pas inintéressant de découvrir ce qu’il a suggéré à un auteur contemporain comme Diastème qui se montre éloquemment croyant dans la puissance de ce sentiment et dans son potentiel de résilience. Au regard de ce constat, La Paix dans le monde apparait comme le récit d’un chemin initiatique.

Une phrase

« Cinq ans avaient passé. Puis dix, puis quinze. Le juge peut interdire au coupable d’approcher la victime pour une durée d’au plus cinq ans. Simon n’a pas revu Lucie. Il vit en Suisse, à quelques kilomètres de la maison de Charlie Chaplin. Il lit des livres, il fait du feu. Il ne voit pas le temps passer. Simon se prépare. Au jour où Simon et Lucie seront enfin réunis. Il doit être prêt. Tout doit être prêt. Le monde n’oubliera jamais ce jour. »

L'auteur

Avec La Paix dans le monde, Patrick Asté, dit Diastème, achève une trilogie nourrie par les personnages de Simon et de Lucie. Ayant débuté avec La Nuit du thermomètre (avec Frédéric Andrau et Emma de Caunes ; pour cette pièce, les deux comédiens ont été nommés dans la catégorie « révélation théâtrale » aux Molières 2003), elle s’est poursuivie avec 107 Ans, adapté de son troisième roman, et créé en 2004 à Avignon. Journaliste et critique, scénariste, Diastème est également le réalisateur de plusieurs films (notamment Le Bruit des gens autour, écrit avec Christophe Honoré, 2008).

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