La petite boutique des horreurs

Une plante si étrange et intéressante…
De
Howard Ashman et Alan Menken
Mise en scène
Christian Hecq et Valerie Lesort
Avec
Sami Adjali, David Alexis, Guillaume Andrieux, Annissa Brahmi, Arnaud Denissel, Judith Fa, Sofia Mountassir, Laura Nanou, Daniel Njo Lobé.
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre de la Porte Saint-Martin
18, Bd Saint Martin
75010
Paris
01 42 08 00 32
Jusqu’au 23 novembre 2025. Du mercredi au samedi à 20h30 et le dimanche à 16h30.

Thème

  • Dans le ghetto new yorkais, au milieu de la misère et du désoeuvrement, la boutique d’un fleuriste vivote. Son vieux patron, l’acariâtre Mushnick emploie le timide Seymour, son souffre-douleur, ainsi qu’Audrey, une jeune vendeuse assez cruche, mais il songe à mettre la clef sous la porte.

  • Mais voilà que par le plus grand des hasards, Seymour, passionné de botanique, a déniché chez un obscur marchand de plantes chinois lors d’une brève éclipse de soleil, une plante assez singulière, qui attire bientôt de plus en plus de monde, et donc de clientèle, venue pour l’admirer.

  • Seulement la plante en question ne se contente pas d’eau et d’engrais pour croître et embellir…

Points forts

  • Cette comédie musicale est servie par des interprètes très convaincants chacun dans leur rôle (du baryton Guillaume Andrieux en Seymour, à  la soprano Judith Fa qui campe Andrey, en passant par David Alexis en grinçant Mushnick), avec une mention spéciale à Arnaud Denissel, qui réussit à incarner avec un comique consommé une poignée de personnages, dont un désopilant dentiste-rocker sado (mais aussi un brin)- maso.

  • On ne peut citer tous les morceaux de bravoure qui jalonnent la comédie, et qui mettent bien en valeur la qualité de la mise en scène : l’adoption de Seymour par Mushnick (un tango qui vire aux danses juives traditionnelles, rappelant au passage une célèbre scène de Rabbi Jacob), la séance chez le dentiste sadique, le final bien sûr, d’un gore consommé et jubilatoire…

  • Les éclairages et les décors sont épatants, les costumes sont kitsch à souhait (illustrant un rêve américain assez mièvre). Enfin, la Plante est conçue à la mesure du rôle central qu’elle occupe : trônant en majesté, Audrey II - animée par pas moins de trois comédiens - compose un personnage à part entière qui parle, bouge, chante et bien sûr, dévore !

  • Le trio vocal féminin (Anissa Brahmi, Sofia Mountassir et Laura Nanou) est réjouissant, et la manière dont, à intervalles réguliers, il se paye la tête des chanteuses r’n’b à tics vocaux insupportables est hilarante. Chanteurs et chanteuses sont soutenus par l’orchestre Le Balcon, au sein duquel pianiste et batteur, pareillement talentueux, donnent une énergie et une pulsation remarquables aux morceaux. 

Quelques réserves

  • Le livret original, et notamment les textes des chansons, a fait l’objet d’une adaptation en français assez soignée. Or – problème d’acoustique de la salle ou de balance dans les réglages – on peine souvent à discerner les paroles, pourtant fort convenablement chantées par les comédien-ne-s, ce qui est vraiment bien dommage…

Encore un mot...

  • Un musical très bien troussé, dont l’adaptation n’hésite pas à lorgner vers d’autres comédies musicales - on pense bien sûr au Rocky Horror Picture Show (RHPS pour les initiés) de 1975 - voire vers des classiques du cinéma des années 1980 : ainsi l’inquiétant Blue Velvet (1986) du regretté David Lynch. Ces références se combinent dans la composition du personnage du “rocker à roulette“ (puisqu’il est dentiste), lequel emprunte aussi bien à Vince Taylor (idole oubliée, mais pas par Chr. Hecq et V. Lesort), qu’au rôle tenu par Meatloaf dans le RHPS, mais aussi au terrifiant personnage campé par Dennis Hopper, aussi dépendant de son inhalateur que le sadique médecin-rocker de cette Petite Boutique des Horreurs

  • C’est à la manière subtile dont sont amenés ces emprunts, clins d’œil, hybridations et autres recyclages que l’on reconnaît un excellent spectacle, et celui-là n’y fait pas exception.

Une phrase

  • Audrey [évoquant le ghetto] : « Un saut en bas, où y a pas d’fric / Un saut en bas, y a même plus d’flics. »

  • Seymour : « Non, non, il y a des limites au cauchemar / Non, non, c’est vraiment trop barbare ! »

  • Audrey II [a les crocs] : 
    - « J’m’en bats l’pistil ! / Balance la graille ! »
    - « C’est l’heure de vérité / Suivie par l’heure du dîner ! »

L'auteur

• Ce spectacle, adapté et mis en scène par Christian Hecq et Valérie Lesort (qu’on ne présente plus), a plusieurs origines : un film d’horreur (comme il y en avait tant au début des années 1960) signé Roger Corman, repris et adapté en comédie musicale par Howard Ashman (pour le livret) et Alan Merken (pour les compositions musicales), deux collaborateurs des studios Disney.

• Montée à Broadway en 1982 sous le titre Little Shop of Horrors, la comédie musicale y rencontra un vif succès, qui déboucha sur un retour au cinéma, avec le film éponyme de Frank Oz, en 1986.

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