La Révolution française

Epique !
D’après Hugo, Michelet, Dumas, Lamartine
Durée : 1 heure
Mise en scène
Damien Bricoteaux
Avec
Maxime d’Aboville
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Théâtre de Poche - Montparnasse
75, Boulevard du Montparnasse
75006
Paris
01 45 44 50 51
Jusqu’au 3 janvier 2026. Chaque lundi à 19 heures

Thème

  • Tout commence au pied de la Bastille, « grand moment » qui voit se répandre le premier sang. Puis, en une chronologie choisie, Maxime d’Aboville fait le récit des événements de la Révolution française : la nuit du 4 août, les journées d’octobre et le retour de la famille royale à Paris, la fuite de Louis XVI en juin 1791 et son arrestation à Varennes, l’entrée en guerre, le manifeste de Brunswick, la prise des Tuileries, Valmy et son fameux moulin, l’abolition de la Monarchie, le procès et l’exécution de Louis XVI, les guerres de Vendée, l’arrestation des Girondins, l’assassinat de Marat, la Terreur, le procès et exécution de Danton, la fête de l’Être suprême.

  • Le récit s’achève le 9 thermidor, avec l’arrestation de Robespierre et Saint-Just, suivie de leur exécution. 

Points forts

  • La construction de ce récit donne un ensemble d’une belle harmonie. Les coutures du montage entre les textes sont invisibles et, hormis quelques ruptures de style, on ne perçoit pas le passage de l’un à l’autre. 

  • L’interprétation de cet homme seul sur une vaste scène sombre où jouent de savants éclairages, avec sa modeste blouse grise, n’est pas moins impressionnante : concentrée, grave et pleine de force sans criailleries, d’impétuosité sans hystérie.

Quelques réserves

  • C’est une lecture de la Révolution française un brin didactique, dont l’auteur-interprète ne dissimule pas qu’elle lui est propre. En saisissant l’événement dans sa dimension dramatique, comme un mythe dit-il, une épopée, il donne à voir ses aspérités et son relief. 

  • Mais pour ce faire, il opère des choix, insistant sur la peur qui règne et le massacre. L’auteur nous dit « la transe continuelle » dans laquelle vit le couple royal après son installation aux Tuileries, les 116 prêtres du couvent des Carmes exécutés pendant les massacres de septembre, le supplice de la princesse de Lamballe amie de Marie-Antoinette, la dernière lettre évidemment poignante de la reine, dressant ainsi une fresque de la Révolution partiale. La Révolution ne prête certes pas à rire mais doit-elle réellement nous affliger ?

  • Mais il y a plus grave : certes d’Aboville évoque la grandeur de Danton et l’humanité de Dumouriez, mais Valmy à l’en croire est une victoire qui ne serait due qu’au recul de Brunswick, Marat est présenté comme un monstre au sourire batracien, la Terreur comme une « épidémie ». Enfin le peuple, sauf au début et sous la plume de Dumas, a les traits d’une foule menaçante, au point qu’on se demande où est Michelet, lui qui voulait donner une voix à  ceux qui ne laissent pas de traces dans l’histoire, tel ce peuple de la Bastille et des faubourgs…

  • Que les massacres perpétrés en Vendée à la suite du décret d’extermination se soient accompagnés d’horreurs symétriques, les atrocités des uns répondant aux atrocités des autres, n’est pas rappelé non plus. 

Encore un mot...

  • Quitte à recevoir une leçon d’histoire - et le théâtre ne s’y prête pas si mal, qui pratique souvent le genre - souhaitons-là si ce n’est complète, au moins équilibrée. Celle-ci compte des quantités d’exécutions, d’horreurs, de sang versé, au risque faire croire que la révolution ne fut que cela… un épisode plein de bruit et de fureur, sans rien dire de la transformation radicale et profonde qu’il a provoquées, de l’immense travail accompli par les assemblées successives et du capital institutionnel, administratif et philosophique ainsi légué à la France, sonnant son entrée dans une modernité émancipatrice. 

  • Un spectacle qui occulte à ce point l’importance de cette République qu’enfanta la Révolution est pour le moins politiquement et historiquement problématique. 

Une phrase

  • « 100 000 hommes jettent une immense clameur, cette clameur s’élève sur Paris et s’élance sur la France comme un aigle aux ailes rapides. La Bastille est prise ! » (Alexandre Dumas, Ange Pitou, 1850)

  • Le général Westermann en Vendée : « J’ai écrasé les enfants sous les pieds de nos chevaux, massacré les femmes qui au moins celles-là n’enfanteront plus de brigands. J’ai tout exterminé. Nous ne faisons pas de prisonniers, car il faudrait leur donner le pain de la liberté, et la pitié n’est pas révolutionnaire. » 

  • A propos de Charlotte Corday : « Le sublime en elle pourrait être de nature. » (Jules Michelet, Les femmes de la Révolution, 1854)

L'auteur

  • On ne présente plus Alexandre Dumas, Jules Michelet, Alphonse de Lamartine et Victor Hugo qui, convertis plus ou moins précocement à la République, se firent historiens plutôt acquis à la Révolution française. Les pages qu’ils ont laissées à ce sujet sont à la fois superbes et inoubliables, au point qu’elles servent encore de références aux historiens. 

  • Deux fois couronné par des Molière du comédien, Maxime d’Aboville montre ici qu’il sait lire les textes et composer un ensemble fascinant d’une grande cohérence. Parallèlement se donne dans le même théâtre, chaque samedi à 17h et jusqu’au 3 janvier 2026 sa deuxième Leçon d’histoire de France : de 1515 au Roi Soleil (durée : 1 h). 

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