
La Séparation
Infos & réservation
Thème
Un juin clos, deux vastes cabinets de toilette séparés par une mince cloison. Dans chacun, un couple en crise. D’un côté, la jeune Louise songe à quitter son mari, Georges ; de l’autre sa belle-mère, Sabine, reproche ses frasques passées à son vieux mari, Pierre.
Dans la pièce voisine, la seule qu’on ne voit pas, mais dont la présence innerve toute la pièce : une vieille tante à l’agonie. Mais ces deux couples qui se déchirent au vu et au su de tous et du public, depuis quand ont-ils cessé de vivre?
Points forts
Une tragi comédie de haute tenue, une sorte de boulevard, avec les envolées et moments comiques attachés… mais écrit par un Prix Nobel. La langue est belle et enlevée, portée à son point culminant par une Catherine Hiegel prodigieuse, qui nous embarque entre des accents lyriques assumés et d’autres parfaitement roturier et vulgaires, tout aussi assumés.
On adhère à cette extravagante Sabine, dont le couple avec le massif Pierre/Alain Libolt (excellent) est tout à fait crédible. Une mention spéciale également à Pierre-François Garrel, qui surjoue comme il faut et magnifiquement le mari floué.
Quelques réserves
Comment dire ? Voilà une bonne pièce, bien écrite, on l’a dit plus haut. Mais… peut-être trop bien écrite! La critique peut paraître étonnante, mais on se prend à penser que c’est là davantage l’œuvre d’un écrivain que d’un dramaturge. De fait, c’est le cas : La Séparation est l’unique pièce écrite par Claude Simon.
Le travail d’Alain Françon est certes remarquable, mais on se dit que la mise en scène a fait “ce qu’elle pouvait“ pour déplacer ce texte, au fond très littéraire, sur le registre du théâtre. La Séparation est d’ailleurs la transposition théâtrale d’une œuvre initialement romanesque.
On se prend aussi à regretter le jeu assez terne de Léa Drucker, qui semble plus à sa place derrière une caméra que sur un plateau de théâtre. Peut-être la pièce aurait-elle eu davantage de relief avec une comédienne plus pétillante. Et à cet égard, on ne peut que saluer à nouveau la performance de Catherine Hiegel qui, somme toute, fait de ce spectacle quelque chose de plus qu’honnête.
Encore un mot...
- Claude Simon notait dans son synopsis : « Tout se passe sous les mots qu’on prononce, comme le tracé d’un ruisseau souterrain est révélé dans les champs par une herbe plus verte. » Cette jolie remarque est sans doute à avoir en tête quand vous irez voir le spectacle. C’est dit sans malice !
Une phrase
- « Bon Dieu, ce qu'une femme peut devenir… Épouser une porcelaine de Saxe et se retrouver quarante ans plus tard avec une pièce jacassante peinturlurée de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel... »
L'auteur
Né à Tananarive en 1913, Claude Simon commence sa carrière comme peintre et photographe, avant de rejoindre comme écrivain le groupe du Nouveau Roman en 1958. La Route des Flandres obtient le Prix de L’Express en 1960. Viendront ensuite Histoire (Prix Médicis 1967), Les Géorgiques (1981).
Le prix Nobel vient en 1985 récompenser un auteur « qui, dans ses romans, combine la créativité du poète et du peintre avec une conscience profonde du temps dans la représentation de la condition humaine. ». Par la suite, il publie encore L’Acacia (1989) et Le Jardin des Plantes (1997). Claude Simon meurt à Paris en 2005.
Commentaires
Tout à fait d'accord avec cette critique. Comme vous, je pense que Léa Drucker est terne ici alors que j'aime beaucoup cette actrice au cinéma. Dommage pour son personnage (mais sans rancune). Catherine Hiegel, par contre, est prodigieuse et m'a procuré un grand moment de plaisir théâtral.
Catherine Hiegel formidable actrice comme toujours. Théâtre avec des sièges pas confortables, mauvaise acoustique. Au début incompréhension du texte , on ne voit pas l’acteur car nous sommes sur le côté au balcon. Même problème avec la pièce Un tramway nommé Désir.Places trop chères .
Ajouter un commentaire